faits divers
Police judiciaire © Tim Douet

Chrétien irakien tué à Lyon : des liens avec l'Etat Islamique dans le radar des enquêteurs

Le meurtre d'Ashur Sarnaya, un chrétien d'Irak poignardé le 10 septembre à Lyon, est désormais traité par le parquet antiterroriste de Paris. L'enquête révèle que l'agresseur présumé, Sabri B., interpellé en Italie, pourrait avoir des liens indirects avec l'État islamique.

L'Algérien suspecté d'être l'auteur de l'assassinat d'un chrétien d'Irak en septembre à Lyon pourrait avoir entretenu des liens, au moins indirects, avec l'organisation Etat islamique (EI), selon des éléments de l'enquête dont l'AFP a eu connaissance.

Ashur Sarnaya, un réfugié politique handicapé, a été attaqué au pied de son immeuble dans la soirée du 10 septembre alors qu'il se trouvait dans son fauteuil roulant en train de faire un direct de plus de cinq heures sur Tik Tok. Son assaillant l'a frappé d'un violent et profond coup de couteau au cou, avant de s'enfuir à pied.

Un suspect semblait "roder" avant l'assassinat

L'Assyro-Chaldéen de 45 ans, qui a succombé à ses blessures, était très présent sur les réseaux sociaux où il postait des vidéos évoquant sa foi. L'exploitation de la téléphonie de son agresseur présumé, un Algérien de 27 ans qui a depuis été interpellé en Italie, a révélé que le jour de l'assassinat il avait regardé le direct du chrétien irakien pendant une trentaine de minutes, non loin du domicile de la famille Sarnaya, selon des éléments de l'enquête révélés par Le Figaro, que l'AFP a pu se faire confirmer.

Le téléphone de Sabri B. bornait dans la zone des faits entre 21 h 15 et 22 h 50, avec des déplacements réguliers. Plusieurs témoins ont, dans le même temps, fait état de mouvements d'un homme suspect, semblant "roder" avant l'assassinat et qui a quitté les lieux en courant juste après. Un habitant du quartier a également raconté avoir constaté la présence d'un "homme maghrébin" au comportement suspect, dans les semaines précédentes.

D'après les autres éléments de téléphonie découverts, Sabri B. aurait eu des contacts, au moins indirects, avec l'organisation Etat islamique (EI). Des liens ont aussi été établis avec la Syrie, et de façon plus habituelle avec l'Algérie, son pays d'origine. Ce livreur de repas à domicile était inconnu des services de police spécialisés. A son actif : seulement des verbalisations liées à son scooter, repéré dans la zone des faits le jour et le soir de l'assassinat.

Des menaces en ligne

L'enquête a été confiée le 9 octobre au pôle antiterroriste du tribunal de Paris, après le dessaisissement du parquet de Lyon. L'information judiciaire est désormais ouverte pour "assassinat en relation avec une entreprise terroriste" et "association de malfaiteurs terroriste criminelle". La soeur du défunt a expliqué aux enquêteurs être arrivée en France en 2014 après avoir fui l'Irak avec son frère, à la suite de menaces dont il "était victime par des islamistes lui imposant la conversion ou la mort".

Les investigations ont permis de montrer que Ashur Sarnaya, présenté par ses proches ou voisins comme une personne calme et pacifique, faisait l'objet de menaces en ligne ("si on te trouve, on te tue"...), vraisemblablement par des extrémistes musulmans. A l'été 2025, un homme lui avait aussi lancé en face à face : "Nous t'avons à l'oeil".

"Montée des actes antichrétiens"

L'Etat Islamique réalisait régulièrement des exécutions filmées, pendant le "califat" proclamé sur des territoires irako-syriens sous son contrôle de 2014 à 2019. Réagissant pour la première fois, Me David Andic, avocat de la famille d'Ashur Sarnaya et du Conseil de coordination des Assyro-chaldéens de France (CCACF), a déclaré à l'AFP que "ce n'est pas Ashur seul qui a été frappé, mais ce qu'il représentait : la chrétienté d'Orient, meurtrie depuis des siècles".

"Les massacres que l'on croyait confinés aux minorités d'un Moyen-Orient martyrisé — du génocide (arménien, NDLR) perpétré par les Jeunes-Turcs aux exactions de l'Etat islamique — ressurgissent aujourd'hui, dans un effroi silencieux, sur le sol français", a-t-il affirmé. "On ne peut plus continuer à fermer les yeux sur la montée des actes antichrétiens", a commenté Georges Yaramis, président du CCACF.

Le lendemain soir des faits, Sabri B. avait désactivé son téléphone, puis quitté Lyon en bus. Il a été arrêté le 2 octobre dans le sud de l'Italie, chez un compatriote algérien, en possession de plusieurs couteaux. La France espère une remise rapide.

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