À Lyon, la rentrée n’apporte pas seulement son lot de cartables et de cahiers mais aussi ses querelles de trottoir.
Cette année, c’est un sécateur qui a déclenché la tempête. Robin Gervais, paysagiste indépendant, s’est filmé, au beau milieu du mois d'août, en train de débroussailler des espaces verts qu’il jugeait "abandonnés". Un geste banal, presque dérisoire : couper de l’herbe haute, ramasser des branchages.
Dans le Lyon de 2025, ce geste a suffi à mettre le feu aux poudres. "À la limite du criminel" a tonné Pierre Athanaze, vice-président écologiste de la Métropole. Le crime ? Avoir sorti un sécateur sans l’autorisation de la collectivité.
Juridiquement, le VP n’a pas tort. Le domaine public appartient à tous mais n’est géré que par quelques-uns. La loi encadre strictement la taille des haies, l’entretien des friches, la préservation de la biodiversité. Débroussailler sans autorisation, c’est illégal.
Mais sérieusement : un paysagiste qui ramasse des ronces serait donc un délinquant en puissance ? Voilà où nous en sommes. Ce procès en criminalité dit tout du malaise politique actuel.
Derrière le sécateur de Gervais, il y a un citoyen qui exprime une colère : l’impression que la Ville ne prend plus soin de ses espaces communs. Et derrière la riposte de la Métropole, il y a des élus qui brandissent la règle comme un bouclier, persuadés que la biodiversité se protège à coups de textes et d’arrêtés.
Cette querelle en dit long sur l’époque. Car Lyon est devenue un terrain d’affrontements symboliques. Les militants écologistes l’ont bien compris : bloquer un pont, repeindre un panneau publicitaire, occuper un bâtiment désaffecté, tout est prétexte à frapper les esprits. L’an dernier, deux militantes ont jeté de la soupe sur un Manet au Musée des Beaux-Arts avant de se coller au mur. Illégal, choquant, mais efficace : on en a parlé partout. Comme on parle aujourd’hui du débroussaillage "criminel" de Robin Gervais.
Au fond, la logique est la même : quand les institutions semblent sourdes, il reste le geste. Un geste qui choque, qui dérange, qui force le débat. La désobéissance civile n’est pas née hier : elle est devenue la grammaire politique d’une époque où la démocratie représentative paraît impuissante à répondre à l’urgence climatique sociale ou simplement urbaine.
Alors que fait-on ? On condamne tous ces gestes — la soupe, le sécateur, le blocage de route — au nom du droit ? Ou on accepte d’y voir un signal : la société grince, la société étouffe, la société réclame qu’on l’écoute autrement ? Ce qui est criminel ce n’est pas un coup de débroussailleuse. C’est de laisser croire que la ville peut se gouverner sans ses habitants, sans leurs colères et sans leurs impatiences.
Ce qui est "criminel", c’est de transformer chaque contestation en affrontement, chaque initiative, en provocation. Lyon n’est pas une carte postale sous cloche. C’est une ville rugueuse, vivante, traversée de conflits. Et c’est précisément cela qui fait sa force. À condition de savoir entendre. À la croisée de la Saône et du Rhône, les idées doivent continuer de couler. Même quand elles débordent.
Haha. Et Monsieur Lamy va appliquer les valeurs qu'il défend dans la réalité ?
Vous parlez d'être "empêché de s'exprimer" mais pourquoi vous avez censuré les 4 candidatures postmonétaires sur Lyon en 2022 et en 2024 ?
Quant au "crime" de couper de l'herbe et des hais qui ne lui appartiennent pas mais à des propriétés parfois même privées qui débordent sur l'espace public, personne ne lui a fait de procès, pas de garde à vue, contrairement aux militants écologistes qui eux en prennent plein la tête. 🙂
L'habituel deux poids deux mesures. Comme pour les "bassines" qui privatisent l'eau souvent illégalement pour certains agriculteurs et laissent sur le carreau les autres.