Photo d’illustration © Stéphanie Charles

Dermatose nodulaire bovine : retour sur l'évolution de la situation en Auvergne Rhône-Alpes

Face à l’expansion de la dermatose nodulaire bovine et aux accords du Mercosur, la colère des agriculteurs s’intensifie. Depuis la détection du premier foyer en Savoie, jusqu'au passage de l'Auvergne-Rhône-Alpes en zone vaccinale, décryptage de la situation.

Les manifestations d'agriculteurs s'intensifient en France. Les syndicats protestent contre la politique sanitaire décidée par la ministre de l'Agriculture Annie Genevard pour faire face à l'expansion de la dermatose nodulaire bovine, et les accords européens du Mercosur. En Auvergne Rhône-Alpes, et dans le Rhône, la tendance est similaire, bien que certains syndicats soutiennent le gouvernement. Comment le virus s'est-il propagé ? Quelles conséquences sur le cheptel bovin de la Région ? Quel impact sur les éleveurs ? Lyon Capitale vous explique.

Une manifestation jeudi 18 décembre place Jean Macé à Lyon
La Confédération paysanne organise en ce moment une "grande marche funèbre" au départ de la place Jean Macé. "Nous paysans, paysannes, ne pouvons regarder tomber nos vaches sans réagir. Il est temps de dire STOP !", déplore le syndicat dans un communiqué.

Une expansion rapide à l'échelle régionale, un territoire stabilisé par les vaccinations

C'est en Auvergne-Rhône-Alpes que la maladie s'est déclarée pour la première fois. C'était à Chambéry, en Savoie, le 26 juin dernier. Dès lors, les départements limitrophes,  la Haute Savoie, l'Ain, et l'Isère ont été concernés. En effet, "une zone réglementée (ZR) de 20 km et une zone de surveillance (ZS) de 50 km ont été mises en place autour du foyer" rapporte le groupement de défense sanitaire (GDS). Pour rappel, à l'intérieur de ces ZS s’appliquent des mesures de prévention, comme le renforcement de la surveillance vétérinaire, ou la désinsectisation.

Dès lors, tout s'est accéléré, avec la découverte d'un autre foyer savoyard le 4 juillet, puis en Haute-Savoie. Le 4 août, la France comptait 64 foyers uniquement répartis sur ces deux départements. Quelques semaines plus tard, un foyer s'est déclaré le 24 août dans le département de l'Ain, laissant encore le Rhône indemne… jusqu'au 18 septembre. C'est à Saint-Laurent-de-Chamousset que ce qui reste à l'heure actuelle le seul foyer du département a été détecté. Selon les chiffres du ministère de l'agriculture en date du 14 décembre, 113 foyers ont été détectés depuis l'apparition de la dermatose nodulaire bovine. A elle seule, la région Auvergne-Rhône-Alpes en concentre 80. A noter que les éleveurs auvergnats ont pour l'instant été épargnés. Un chiffre stable, équivalent à celui du 29 octobre dernier. Le territoire semble à présent épargné alors que le virus se propage dans le reste de la France. Et cela s'explique notamment par des vaccinations massives.

La situation se complique dans le sud-ouest, l'Auvergne-Rhône-Alpes se stabilise

Quid de la vaccination ?

D'importantes vagues de vaccinations ont eu lieu dans les secteurs touchés par le virus, dès la découverte du premier foyer. En effet, toujours selon le GDS, les premiers bovins ont été vaccinés le 18 juillet. Bascule importante pour l'Auvergne- Rhône-Alpes le 30 novembre dernier. Tous les épicentres du territoire sont progressivement sortis des zones de surveillance durant le mois de novembre. Cela signifie donc la fin des réglementations et le passage en zone vaccinale.

La situation s'est améliorée en Auvergne-Rhône-Alpes, entièrement en zone vaccinale

Un changement qui témoigne d'un constat : "au moins 75 % du cheptel bovin est vacciné depuis plus de 28 jours". Autre condition remplie, "le dernier foyer a été dépeuplé depuis au moins 45 jours". L'entrée en zone vaccinale offre plus de possibilités commerciales à des éleveurs qui n'attendaient que la réouverture des marchés pour redonner un nouveau souffle à leurs finances. A présent "les mouvements de bovins valablement vaccinés depuis une zone vaccinale vers la zone indemne en France sont désormais possibles sous conditions, notamment sous couvert d’un laissez-passer sanitaire ", affirme le ministère de l'Agriculture.

Quelles conséquences globales sur les éleveurs et les cheptels

L'abattage systématique de tout le troupeau en cas de détection de la maladie sur un bovin, qui fait partie de la stratégie du ministère de l'Agriculture pour contrer son expansion est très critiqué par les agriculteurs. A l'échelle nationale cette mesure drastique concerne plus de 3 300 bovins sur les 16,8 millions qu'il y avait en France métropolitaine selon les chiffres de l'Agreste en 2023. Cela correspond à une perte de 0,02% des effectifs. Le cheptel d'Auvergne-Rhône-Alpes est lui composé de presque 1,1 million de têtes selon les chiffres de la DRAAF (Direction régionale de l'alimentation, de l'agriculture et de la forêt) datant de 2020. La Région Auvergne-Rhône-Alpes avait débloqué des aides aux éleveurs directement impactés. Elles s'élèvent à un barème de 300 € par bête abattue. Une somme portée à 400 € pour les jeunes agriculteurs.

A noter qu'à l'échelle de la région Auvergne-Rhône-Alpes, nous n'avons pu obtenir que les chiffres du Rhône (144 têtes) et de la Savoie (1800 têtes). Pour empêcher la dermatose de se propager, la ministre de l'Agriculture annonce la vaccination immédiate "d'entre 600 000 et 1 million de bêtes" afin de dresser "un mur sanitaire".

Le Rhône : 1 foyer, 144 bovins abattus Le seul foyer du département du Rhône est apparu le 19 septembre dernier dans la commune de Saint-Laurent-de-Chamousset. Le GAEC Poncet, victime du virus, a dû se résoudre au dépeuplement de 144 de ses bêtes. Cette contamination a complètement paralysé le commerce local. En effet, un marché aux veaux se tient toutes les semaines dans la commune des Monts du Lyonnais. L'évènement a fermé ses portes du 22 septembre au 1er décembre. Les éleveurs ont fait face à des surcoûts en nourriture puisqu'ils ont dû garder leurs bêtes plus longtemps. Ils ont également dû s'adapter pour créer les conditions nécessaires à la vaccination de leurs troupeaux.

A noter : La DNC n’est pas transmissible à l’Homme, ni par contact avec des bovins infectés, ni par la consommation de produits issus de bovins contaminés, ni par piqûres d’insectes vecteurs.

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