Banderole déployée sur la face de l’école provisoire du parc Montel. (Photo AP)

Comment Jamais sans toit a fait de l'école Montel un centre d'hébergement d'urgence

Occupée depuis le 12 janvier par 27 familles, l'école Montel s'est transformée en véritable centre d'hébergement improvisé, encadré par le collectif Jamais sans toit.

Vendredi 26 janvier, aux alentours de 17 h 30, l'école temporaire du parc Montel se remplit peu à peu. Alors que la nuit tombe, des enfants pressés d'être en week-end entrent au compte-goutte dans le bâtiment, suivis de leurs parents. Parmi eux, Amir, élève de sixième au collège Raoul Dufy, y est hébergé avec ses cinq frères et sœurs. "C'est bien ici, on peut jouer au foot et c'est plus facile de travailler", raconte-t-il un ballon de football sous le bras.

Depuis le 12 janvier, 112 personnes sans-abris dont 64 enfants ont posé leurs valises dans cette ancienne école temporaire du 9e arrondissement, ouverte en 2016 pour compenser le manque de places dans les autres écoles du quartier. Sur place, ils sont accompagnés au quotidien par des membres du collectif Jamais sans toit, qui gèrent toute la logistique. "On est une cinquantaine à venir aider. Ça tourne en permanence pour maintenir une présence", indique Juliette Murtin, une porte-parole du collectif.

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Des familles réparties par école et par langue

En l'espace de deux semaines, Jamais sans toit a transformé l'école Montel en un véritable centre d'hébergement d'urgence. Les salles de classe abritent désormais des dortoirs, dans lesquels les familles sont réparties par école et par langue parlée. Les personnes mises à l'abri disposent également de sanitaires, d'un réfectoire et d'un foyer, où sont entassées les réserves de nourriture, couvertures et vêtements. Celles-ci sont en partie alimentées grâce à des dons ou de la récupération. Loubna et sa fille, habitantes du quartier, viennent de temps en temps déposer un sac de courses. "On achète un peu plus que d'habitude pour rapporter ici. C'est important d'aider, on sera peut-être dans la même situation un jour", confie cette mère de famille.

"On achète un peu plus que d'habitude pour rapporter ici. C'est important d'aider, on sera peut-être dans la même situation un jour"

Loubna, habitante du quartier

Afin que la vie en communauté se déroule le mieux possible, les parents hébergés mettent eux aussi la main à la pâte. Un moyen de s'occuper pour nombre d'entre eux qui n'ont pas de travail, du fait de leur situation irrégulière sur le territoire et de leur faible niveau en français. C'est notamment le cas de Pranvera, une jeune albanaise hébergée avec son garçon de six ans. "J'aide comme je peux en faisant la vaisselle", glisse-t-elle avec le sourire. Comme l'explique Juliette Murtin, les bénévoles apportent leur aide "mais les familles se débrouillent pour le ménage, le linge et la plupart des repas".

Des réserves de nourriture sont entreposées dans une pièce de l'ancienne école. (Photo AP)

Une solution de secours à pérenniser

Depuis septembre 2023, à l'instar de Jabir, près de 200 enfants scolarisés à Lyon seraient sans-abris et souvent logés par leur établissement. "Les écoles ont hébergé beaucoup de familles, mais ce n'était pas viable, elles ont dépensé plus de 30 000 euros", confie Juliette Murtin. Ainsi, Jamais sans toit a obtenu de la Ville de Lyon qu'elle les mette à l'abri à l'hôtel le temps des vacances de Noël. À la reprise des cours, les familles ont toutefois dû retourner à la rue, avant d'être mises à l'abri dans l'ancienne école Montel. "Il neigeait et le plan grand froid n'avait pas été mis en place. On n'allait pas les laisser mourir dehors", insiste Mme Murtin.

Les règles de vie en communauté instaurées à l'école par Jamais sans toit. (Photo AP)

Aujourd'hui, le collectif demande aux collectivités et aux institutions que les familles obtiennent une mise à l’abri digne et adaptée à leurs besoins. Jamais sans Toit souhaite ainsi que l'ancienne école soit officiellement transformée en centre d'hébergement d'urgence, afin de pérenniser les opérations mises sur pieds depuis le 12 janvier et que les collectivités prennent le relais du collectif. "On veut que le maire réquisitionne le bâtiment, il en a le pouvoir et il y a peu d'aménagements à faire", insiste la porte-parole. En effet, mise à part une offre sanitaire limitée, les locaux semblent adaptés à une telle activité à entendre le collectif. Pour le moment, la municipalité a fait le choix de laisser le chauffage allumé dans l'ancien établissement.

Afin d'interpeller plus largement les élus sur la situation des familles et d'attirer l'attention des Lyonnais, Jamais sans toit organisera une soirée festive sur place jeudi 1er février. La grille de l'ancienne école sera ouverte à partir de 18 heures et un repas sera servi par l'association Emmaüs.

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