faits divers
Police judiciaire © Tim Douet

Assassinat d'un chrétien irakien à Lyon : le suspect remis à la France et mis en examen

Remis à la France par l'Italie où il avait été interpellé, le ressortissant algérien suspecté d'avoir tué un chrétien d'Irak en septembre à Lyon a été mis en examen mardi pour "assassinat en relation avec une entreprise terroriste", a indiqué le parquet national antiterroriste (Pnat).

Le mis en cause a aussi été mis en examen par un juge d'instruction antiterroriste pour "association de malfaiteurs terroriste criminelle". Il a été placé en détention provisoire conformément aux réquisitions du Pnat. Le suspect a été remis lundi soir par les autorités italiennes en exécution d'un mandat d'arrêt européen, précise encore le parquet antiterroriste.

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Ashur Sarnaya, un réfugié politique handicapé, avait été attaqué au pied de son immeuble dans la soirée du 10 septembre alors qu'il se trouvait dans son fauteuil roulant en train de faire un direct de plus de cinq heures sur TikTok. Son assaillant l'avait frappé d'un profond coup de couteau au cou, avant de s'enfuir à pied.

L'Assyro-Chaldéen de 45 ans, qui a succombé à ses blessures, était très présent sur les réseaux sociaux où il postait des vidéos évoquant sa foi. "Les faits parlent d'eux-mêmes : c'est au moment même où il prêchait qu'Ashur a été frappé. Ce geste, plus qu'un crime, est un message, un acte politique", a commenté mardi auprès de l'AFP David Andic, avocat de la famille d'Ashur Sarnaya et du Conseil de coordination des Assyro-chaldéens de France.

Réfugié chez des compatriotes

L'exploitation de la téléphonie de son agresseur présumé a révélé que le jour de l'assassinat, il avait regardé le direct du chrétien irakien pendant une trentaine de minutes, non loin du domicile de la famille Sarnaya, selon des éléments de l'enquête révélés par Le Figaro, que l'AFP a pu se faire confirmer mardi.

Le téléphone de Sabri B. bornait dans la zone des faits entre 21h15 et 22h50, avec des déplacements réguliers. Plusieurs témoins ont, dans le même temps, fait état de mouvements d'un homme suspect, semblant "rôder" avant l'assassinat et qui a quitté les lieux en courant juste après.

Le suspect avait été interpellé le 2 octobre à Andria, dans le sud de l'Italie, où il s'était réfugié chez des compatriotes, après l'émission d'un mandat européen, selon un communiqué de la police locale. "La coopération entre la France et l'Italie a ensuite été très rapide et efficace", mais son arrestation "ne répond pas à toutes les questions sur son parcours, son mobile, s'il a agi seul, à titre principal ou pas" précisait encore cette source à l'AFP.

Sur son site internet, la police italienne avait alors mis en ligne des photos d'un long couteau saisi sur les lieux de l'interpellation, mais les images n'étaient plus disponibles très peu de temps après. Dans son communiqué, la police italienne précisait que le suspect était arrivé en Italie en bus par Milan dès le 12 septembre, qu'il s'était ensuite rendu à Rome où il est resté jusqu'au 24, avant de se diriger vers le sud du pays.

La victime menacée de mort cet été

La police italienne écrivait aussi que les autorités françaises avaient établi "un lien étroit entre le meurtre et les sujets religieux abordés sur les réseaux sociaux par la victime". L'enquête a été confiée le 9 octobre au pôle antiterroriste du tribunal de Paris, après le dessaisissement du parquet de Lyon.

La sœur du défunt a expliqué aux enquêteurs être arrivée en France en 2014 après avoir fui l'Irak avec son frère, à la suite de menaces dont il "était victime par des islamistes lui imposant la conversion ou la mort".

Les investigations ont permis de montrer que Ashur Sarnaya, présenté par ses proches ou voisins comme une personne calme et pacifique, faisait l'objet de menaces en ligne ("si on te trouve, on te tue"...), vraisemblablement par des extrémistes musulmans. A l'été 2025, un homme lui avait aussi lancé en face à face : "Nous t'avons à l'oeil".

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