Les Halles accueillaient un boucher, un poissonnier, un fromager, un boulanger, un pâtissier, un chocolatier, un caviste, un primeur et un bistrot.

Après la fermeture des Halles de l’Hôtel-Dieu de Lyon, qui pour prendre la suite ? 

Les Halles du Grand Hôtel Dieu ont mis la clé sous la porte le 31 décembre. Pointé du doigt, le responsable du site se défend de ne pas avoir accompagné les commerçants et enterre le concept dans cet espace.

La fermeture le 31 décembre des Halles du Grand Hôtel-Dieu a fait du bruit la semaine dernière. Réplique miniature des Halles de Lyon-Paul Bocuse, le lieu porté par neuf artisans lyonnais de renom – Pignol le pâtissier, Pozzoli le boulanger, Trollier le boucher, Vianey le poissonnier, La Mère Richard la fromagère, Voisin le chocolatier, Guyot le caviste et Cerise et Potiron et le restaurateur du Théodore – a fait les frais des crises successives des Gilets Jaunes et du Covid, avant d’être miné par des loyers devenus trop importants par rapport au chiffre d’affaires. Aujourd'hui ne subsiste que le restaurant le Théodore.


"Face à nous, il y avait un bailleur fermé au dialogue, à toute négociation pour pouvoir relancer ce bateau après deux années de Covid", Jean-Luc Vianey, l'un des neuf artisans de feu les Halles de l'Hôtel Dieu


De là à faire porter la responsabilité de la fermeture des Halles du Grand Hôtel-Dieu au bailleur ? "Je ne sais pas si on peut tout mettre sur le dos du bailleur", estimait Jean-Luc Vianey, parti après la liquidation de son enseigne en septembre. Cela étant dit, l’artisan de la Croix-Rousse ne ménage pas l'exploitant du site "face à nous, il y avait un bailleur fermé au dialogue, à toute négociation pour pouvoir relancer ce bateau après deux années de Covid. Il aurait fallu que le bailleur revienne au loyer de départ pour nous permettre de relancer la Halle".

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Le bailleur assure avoir "allégé" les loyers

Un point de vue pas tout à fait partagé par l’ensemble des commerçants du GIE des Halles à en croire Françoise Pignol. "Scaprim aurait pu être plus au rendez-vous, mais nous sommes tous responsables de ce que l’on a fait. […] Les loyers étaient chers, mais nous les avions acceptés et si le chiffre d’affaires s’était développé comme nous l’avions espéré le loyer aurait été amorti. Le chiffre d’affaires n’étant pas au rendez-vous, le poids du loyer est devenu assez insupportable", expliquait à Lyon Capitale la porte-parole du GIE quelques jours après la fermeture. 

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Seul le restaurant le Théodore a décidé de poursuivre son activité.

Questionné, Patrick Muller, le responsable du site pour la Scaprim, qui est chargée de l’exploitation des lieux pour le Crédit Agricole, réfute auprès de Lyon Capitale un quelconque abandon des commerçants à leur sort. "L’aide a été importante et nous sommes allé au-delà de ce que propose un bailleur lambda. Il y a ce qui est fait de manière générale et ce que l’on a pu faire qui sort du cadre classique d’une exploitation normale", explique M. Muller. Outre les diverses actions entreprises pour redynamiser le site, avec la création de sanitaires, d’une nouvelle charte graphique ou encore le renforcement de la signalétique et l’organisation d’événements, la Scaprim fait valoir qu’elle a joué sur le montant des loyers de ses locataires.


"L’aide a été importante et nous sommes allé au-delà de ce que propose un bailleur lambda. [...] L’idée c’était d’avoir un loyer un peu plus allégé sur une période définie", Patrick Muller, le responsable du site pour la Scaprim


"Nous avons eu des négociations directes avec chaque commerce en leur proposant un accompagnement financier plus favorable pour eux. Tout le monde n’a pas eu la même proposition, parce qu’ils n’avaient pas tous la même activité. L’idée c’était d’avoir un loyer un peu plus allégé sur une période définie, un loyer plus souple ou alors un calcul de loyer différent sur une période définie", détaille Patrick Muller. Et d’ajouter "malheureusement on ne peut pas porter une activité complète, même partielle, ce n’est pas pérenne et pas dans le cadre de notre activité". Selon nos informations, à l'ouverture du site le loyer pour les neufs artisans aurait été de l'ordre de 530 000 euros. Un chiffre sur lequel Patrick Muller n'a pas souhaité s'exprimer.

Terminée l'offre alimentaire

La messe ayant été dite pour les Halles de l’Hôtel Dieu quatre ans seulement après leur ouverture se pose aujourd’hui la question de l’avenir à donner aux 1 200 m2 d’espaces abrités sur les voûtes pensées par l’architecte Soufflot, dans l’un des plus beaux site de Lyon. Quelques jours seulement après la fermeture des Halles, la Scaprim aurait déjà reçu plusieurs marques d’intérêt, "on a des offres, des concepts et on travaille sur du sur mesure. Aujourd’hui tout est encore possible", assure le responsable du site. "On ne se précipite pas pour signer tout et n’importe quoi dans ce lieu. L’idée est d’avoir une vision à moyen et long terme sur du qualitatif et du cohérent pour que vraiment l’Hôtel Dieu reste attractif", poursuit Patrick Muller. 


"On a des offres, des concepts et on travaille sur du sur mesure. Aujourd’hui tout est encore possible. [...] Pas sûr que l’on continue sur une offre alimentaire sur cet espace-là", Patrick Muller, le responsable du site pour la Scaprim


Pour l’heure rien n’a donc arrêté. En revanche, le futur prospect devra proposer une "offre premium" et selon toute vraisemblance celle-ci ne devrait pas être liée à l’alimentaire. "Fort de l’expérience de nos neuf artisans et meilleurs ouvriers de France qui ont fait un travail remarquable, en faisant du mieux qu’ils ont pu tout en étant inventifs, pas sûr que l’on continue sur une offre alimentaire sur cet espace-là", confie le représentant de la Scaprim. En attendant des pop-up stores pourraient prendre leurs quartiers du côté des quais du Rhône. 

Pas de baisse des loyers en vue

Échaudée par les critiques et la mésaventure des Halles, la Scaprim aurait pu être amenée à revoir le prix de ses loyers sur cet espace, il n’en sera rien. "Nous sommes en cohérence avec ce qui est fait sur la Presqu’île. Ce n’est pas des loyers qui sont sortis du chapeau. Ce loyer largement absorbable par les commerces qui fonctionnent bien", fait valoir Patrick Muller. Autrement dit, le futur occupant du site se devra d’avoir les reins solides, tout en espérant réussir à attirer les Lyonnais dans un espace qui souffrirait de son manque de signalisation au sein de l’Hôtel Dieu, à entendre ses derniers locataires. 

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