L’espace-test agricole de Vaulx-en-Velin. (@NB)

À Vaulx-en-Velin, ces trois maraîchers bio expérimentent leur futur modèle d'agriculture

Trois maraîchers sont installés depuis près de 6 mois à Vaulx-en-Velin sur un terrain agricole de la Métropole de Lyon. Ils ont jusqu'à trois ans pour se tester.

De cordiste à maraîcher, il n'y avait qu'un petit pas pour Sébastien Cailliau. C'est en tout cas le pari fou que ce producteur en herbe s'est lancé. Avant de buter sur la dure réalité de la profession : terrains trop chers, mal situés, risques économiques... Jusqu'à cette annonce : celle de l'espace-test agricole de la Métropole de Lyon, à Vaulx-en-Velin.

Un appel à candidatures ouvert à trois futurs maraîchers, dont l'installation pendant trois années maximum sur ces terres permettra de tester une activité en maraîchage biologique. Quelques mois plus tard, Sébastien Cailliau fait partie des trois heureux retenus, aux côtés d'Emmanuelle Gharbi et Marius Muzat.

Après s'être lancés il y a six mois, les voilà bien installés sur les Terres du Velin, dans l'est lyonnais, où une habitation, du matériel agricole et bien entendu des terres (avec une redevance progressive) sont à leur disposition.

L'entrée de l'espace de stockage de la ferme et de lavage des légumes. (@NB)

Lire aussi : Comment la Métropole de Lyon veut encourager l'installation de nouveaux maraichers sur son territoire

Des systèmes de vente propres à chacun

Le premier défi pour ces trois nouveaux maraîchers est avant tout collectif. 15 % de leur production respective doit être à destination de la restauration collective : la cuisine centrale de Villeurbanne, la société API qui approvisionne des écoles de Vaulx-en-Velin et le traiteur Prestal. "Avec ce que nous portons, je pense, nous remplissions cette ambition d'alimentation de qualité", salue la maire PS de Vaulx-en-Velin, Hélène Geoffroy.

Choux, poireaux, potimarrons... "Ce sont des gros chantiers pour la restauration collective, donc généralement ça va très vite", apprécie Sébastien Cailliau, qui à l'avenir ambitionne toujours de produire pour de la restauration collective. "Améliorer les repas à la cantine, c'est nécessaire. Tout est une question de relation entre le cuisinier et le maraîcher", ajoute-il. Mais au-delà de cette commande de la restauration collective, tous ont comme objectif de développer leur propre système de vente. Ils ont chacun un circuit de commerce différent.

La production pour la restauration collective est minutieusement suivie.

Ce jeudi 22 mai, justement, Marius prend le temps de présenter ses variétés de légumes, de détailler son projet avec passion. "Devenir maraîcher, c'est son rêve de gosse", observe sans surprise son nouveau collègue Sébastien Cailliau, qui propose des paniers personnalisés. Quelques instants plus tard, le pas rapide, Marius s'en va. Dans une trentaine de minutes, les Vaudais doivent venir récupérer leurs légumes dans son point de collecte. Emmanuelle Gharbi, elle aussi, propose des paniers de fruits et légumes sur un point de collecte à Vaulx. Autrefois graphiste et communicante, elle en a fait sa force pour développer l'aspect marketing de son projet.


Marius Muzat, maraîcher sur l'espace-test


Mais comme toutes expérimentations, des couacs sont inévitables. "J'ai fait certains choix techniques au démarrage que je ne ferai pas au lancement de la deuxième année", atteste Marius, qui a vu ses navets ravagés par les limaces et escargots, à son grand dam. Devant sa serre, il reprend : "J'ai planté beaucoup de salades par rapport à la demande. Tout a marché... sauf les salades ! On se rend compte que les ménages n'en mangent pas tant que ça".

De nombreuses salades attendent encore de trouver preneur.

La saison des tomates arrivant bientôt, le jeune maraîcher de 24 ans a cette fois-ci de bons espoirs. "Les gens n'attendent que les tomates", sourit-il. À ses côtés, les deux serres d'Emmanuelle Gharbi, surnommées "Le super terrain", abritent une cinquantaine de variétés de légumes, fruits et fleurs comestibles. Sa reconversion vers l'agriculture a été motivée pour "une raison écologique et pour être plus actrice de la transition". À l'issue de sa deuxième année de maraîchage, elle ambitionne de produire jusqu'à 9,5 tonnes de légumes.

Des ambitions futures, seul ou en collectif

Accompagnés sur chaque aspect de leur projet (production, commercialisation...), les trois apprenants peuvent bénéficier du chômage et donc ne pas se mettre dans le rouge économiquement. À l'issue des trois ans maximum de test, ils devront quitter les lieux et se lancer dans le grand bain. Le plus jeune d'entre eux, Marius, espère s'installer en collectif. Tout comme Emmanuelle. Le plus ancien, Sébastien (44 ans), espère plutôt pérenniser son mode de distribution en se lançant seul sur de nouvelles terres.

Pour la Métropole de Lyon, l'opération prendrait tout son sens si ces trois maraîchers s'installent durablement sur le territoire. "On a besoin de trouver un nouvel arrivant pour chaque départ", abondait ce mercredi Bruno Bernard, président écologiste de la collectivité. Depuis le début de son mandant, 2,5 millions ont été investis dans l'accompagnement de 170 projets agricoles (via le PENAP, dispositif de protection des espaces naturels et agricoles périurbains).

Lire aussi : La Métropole de Lyon accorde une subvention de 100 000 euros à une ferme collective

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