Etienne Daho couleur
© Richard Dumas

Concert : Daho au Transbo

PORTRAIT – À 57 ans, Étienne Daho donne furieusement l’impression que le temps n’a aucune prise sur lui. On le vérifiera ce vendredi soir sur la scène du Transbordeur, où fait étape son Diskönoir Tour.

Etienne Daho © Richard Dumas

© Richard Dumas

“Et avec rien, en plus, quoi.” On se souvient, ou pas, de cette pub pour une grande marque de Cola vouée aux gémonies des mamans et des diététiciens, où un post-ado artiste geignard et un peu benêt s’extasie devant le petit tour de passe-passe rythmique d’un vieux papy qui ne paie pas de mine. Eh bien, Étienne Daho, c’est à peu près ça.

Un timide pas cramé

Depuis trente ans, Daho donne l’impression de dérouler sans en avoir l’air sa silhouette dégingandée. Tout le monde s’accorde à dire qu’il n’a pas de voix (ce qui est en grande partie faux) mais, bien caché derrière cette partition de grand timide qui prend soin de ne pas avoir l’air d’y toucher (alors même qu’on pourrait être à peu près sûr de l’imposture, qu’on a affaire là à une sorte de Carla Bruni au masculin), il ne rate quasiment rien.

Or, rares – il faut en plus ajouter cela à son crédit – sont les chanteurs de 57 ans qui parviennent à se renouveler sans se trahir. Bref, à n’être pas complètement cramés depuis au minimum quinze ans, vivant d’expédients compilés, d’albums de duos avec des actrices ou de reprises libres de droits. Si, physiquement, Étienne Daho a l’air d’en avoir 42, c’est parce que c’est son âge artistique – et sans doute l’inverse est-il vrai aussi.

Tout ce qu’il y a à savoir sur Daho

Alors, même si bien sûr, en concert ou dans le secret de l’alcôve de son lecteur mp3 (pour ceux qui ont la chance de disposer d’un lecteur mp3 avec alcôve), le fan réécoutera volontiers Tombé pour la France ou Week-end à Rome en se rappelant ses 20 ans, même si les albums qui avaient précédé Les Chansons de l’innocence retrouvée manquaient de tubes identifiables, ils méritent absolument d’être réécoutés, notamment L’Invitation : tout ce qu’il y a à savoir sur Daho et qu’il n’a jamais dit (de toute façon il n’a à peu près jamais rien dit de lui, jusqu’à très récemment) se trouve dans cet album.

La peau dure

Etienne Daho © Richard Dumas

© Richard Dumas

Les Chansons de l’innocence retrouvée, que le Rennais est allé pêcher du côté de ses souvenirs de lecture (William Blake), constituent une quasi parfaite synthèse de tous les styles qui ont traversé sa carrière. Une sorte de best-of donc, mais uniquement constitué de morceaux inédits, alternant le dansant (le Diskönoir qui donne son titre à la tournée), le rock (En surface, en duo avec Dominique A) et le mélancolique (Le Malentendu, La Peau dure).

Un album de souvenir noir et blanc aux contrastes forts, qui prend une dimension tout autre (tout comme d’ailleurs la dimension testamentaire de L’Invitation qui l’avait précédé) quand on sait qu’Étienne Daho est passé à deux doigts de la Faucheuse juste avant sa sortie – la retardant, d’ailleurs.

On oserait même dire qu’Étienne Daho, ce revenant donc, ce type qui ne meurt pas, n’y a jamais aussi bien chanté. Et quand il croone “Je ne parviens pas à te dégoûter de moi”, il faut bien se rendre à l’évidence : il a raison.

Étienne Daho – Vendredi 5 décembre à 19h, au Transbordeur, Villeurbanne/la Doua.
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