Cédric Van Styvendael
Cédric Van Styvendael @williampham

"Les Villeurbannais veulent profiter de leur ville" : Van Styvendael mise sur l'après-chantiers pour 2026

Alors qu'il vient tout juste d'annoncer officiellement sa candidature à sa propre succession, Cédric Van Styvendael, maire de Villeurbanne, évoque pour Lyon Capitale le bilan de ce premier mandat et les projets qu'il veut porter pour mars 2026.

"J'en avais marre de répondre à tous que je n'étais pas candidat. Mais maintenant, ça y est, il faut passer à l'action." C'est dans un local de campagne flambant neuf, en face de l'Hôtel de Ville de Villeurbanne que Cédric Van Styvendael, entouré de ses soutiens et des composantes de gauche qui formeront le mouvement "Engagés pour Villeurbanne", a convié la presse ce vendredi 12 décembre pour présenter ses premières propositions de campagne. L'actuel maire de Villeurbanne, qui briguera un deuxième mandat en mars 2026, a ensuite accordé un entretien à Lyon Capitale dans lequel il dresse le bilan de ses cinq premières années aux responsabilités et évoque son projet pour poursuivre l'aventure à la tête de la municipalité. De la sécurité à la propreté de l'espace public en passant par le réchauffement climatique, CVS veut que les Villeurbannais "profitent de leur ville" après plusieurs années marquées par d'importants travaux dans de nombreux secteurs de la ville.

Lyon Capitale : Pourquoi avez-vous décidé de repartir dans la course pour un second mandat ?

Cédric Van Styvendael : Il y a trois ans, il y a eu un moment, je me suis vraiment posé des questions sur la suite. On était en plein dans la séquence des tirs au Tonkin, il y avait la crise économique qui nous obligeait à augmenter les impôts. A ce moment-là, je me suis vraiment demandé si, véritablement, on pouvait obtenir des résultats. Je me suis demandé si on pouvait être à la hauteur de ce qu'on avait promis aux Villeurbannaises et aux Villeurbannais.

Vous aviez peur de ne pas réussir à mettre en place ce que vous vouliez faire pour la ville ?

J'avais peur de décevoir, oui. Et pour moi, la classe politique est déjà tellement discréditée, je ne voulais pas en rajouter.

Finalement, vous voilà candidat pour mars prochain.

Oui parce qu'après il y a eu la séquence de 2024, année durant laquelle nous avions prévu de rendre des comptes sur ce que nous avions fait à Villeurbanne. On avait fait huit journées complètes, de 7 h à 23 h, durant lesquelles, sous plein de formes différentes, on a rencontré les habitants. Alors certes on continuait à se faire engueuler en réunion publique mais à ce moment-là, il y a eu des gens qui commençaient à nous dire : "On voit ce que vous faites et on commence à voir le résultat".

De voir ces habitants qui adhéraient à ce qu'on faisait, ça a été un vrai tournant pour moi. Donc, avec mon équipe, on s'est dit qu'on avait réussi à faire des choses et qu'on voulait en faire encore d'autres pour les prochaines années.

Quelle est votre plus grande fierté sur ce premier mandat ?

Disons que les résultats obtenus au Tonkin ont été moteurs pour nous. C'est en tout cas l'un des sujets sur lequel je me sens le plus à l'aise pour aller voir les habitants. Quand je suis arrivé aux responsabilités en 2020 je n'ai pas été surpris par le trafic de drogue. Ça avait même été au cœur de ma campagne. Pendant longtemps il y avait une position de dire que la sécurité, ce n'est pas une prérogative de la Ville. C'est vrai, mais si on part de ce principe-là on laisse aux autres la charge de s'occuper de ces problèmes là. Et ils vont le faire comme ils veulent sans forcément prendre en compte nos spécificités.

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Nous, quand on est arrivé on a dit OK, on va prendre notre part sur ces sujets là, notamment en recrutant plus de policiers municipaux. On a aussi amélioré notre couverture des caméras de vidéosurveillance. Aujourd'hui, d'avoir autant amélioré que ça le quartier du Tonkin, c'est déterminant dans ma motivation à poursuivre mon action. Parce que je me dis que si on a réussi à améliorer les choses, ça veut dire qu'on peut en faire autant sur plein d'autres sujets.

A titre personnel, qu'avez-vous découvert en endossant en 2020 cette nouvelle casquette de maire ?

J'ai certainement fait l'erreur au début d'imaginer que gérer une ville c'était comme gérer une entreprise. De par mes expériences précédentes en tant que directeur général d'organisme ou cadre dirigeant dans des organismes de conseil, j'ai pensé que c'était la même chose, mais ce n'est pas du tout ce qui est attendu d'un maire.

Je pense que le boulot d'un maire c'est de rendre les choses possibles. Moi j'avais plutôt l'habitude de faire les choses. Être à la tête d'une ville c'est en fait ouvrir des espaces et rendre les choses possibles. D'un côté c'est bien car ça démultiplie la capacité d'intervention sur de très nombreux sujets mais d'un autre il y a un côté un peu frustrant. Mais aujourd'hui, et si ça ne m'a pas empêché d'être leader sur certains dossiers comme la sécurité, j'ai la chance de pouvoir m'appuyer sur une équipe en qui j'ai confiance à 100%. Je sais que les gens qui travaillent avec moi vont bosser dans l'intérêt de la ville et pas l'intérêt d'un parti ou l'intérêt individuel. Aujourd'hui notre vie politique crève de ça. Elle crève du fait que parfois les décisions soient d'abord prises au nom d'un parti. Je ne dis pas qu'on est parfait, je dis juste que j'ai la chance d'avoir une équipe municipale qui a dès 2020 accepté cette règle du jeu et ça se ressent dans notre manière de travailler ensemble.

Recrutement de policiers municipaux et nouvel hôtel de police

Quelles seront les grandes lignes de votre programme pour 2026 ?

Sur la sécurité, on continue ce que nous faisons. Nous allons porter à 100 le nombre de policiers municipaux. Nous sommes aujourd'hui à 75 et il y en avait 31 lorsqu'on est arrivé. Ça va nous permettre de territorialiser les équipages, de les spécialiser, avec notamment la création d'une brigade motorisée à Villeurbanne, et de continuer à faire évoluer les plages horaires des interventions. Nous allons aussi regrouper, dans un nouvel hôtel de police municipal, tous les moyens au même endroit.

Le deuxième axe ce sera "Villeurbanne ville fraicheur". On veut adapter la Ville face au réchauffement climatique. On va mettre en place un grand plan de rénovation des écoles et également un plan eau pour permettre au plus grand nombre l'accès à l'eau. On veut aussi mettre en place une cartographie de salle fraîcheur dans tous les quartiers de Villeurbanne.

On veut aussi accentuer notre action sur la propreté dans la ville. On n'a pas tout bien fait pendant cinq ans. Mais quoi qu'en disent certains, en prenant les chiffres du baromètre de satisfaction de la propreté de la Métropole, on est passé de 50% en 2021 à 65% aujourd'hui. Mais par contre il reste encore du travail car la moyenne métropolitaine est de 78%. Mais je refuse de laisser entendre que nous n'avons rien fait la dessus. Je reconnais que ce n'est pas encore suffisant et je reconnais que les différentes phases de chantier n'ont pas facilité les choses. Maintenant qu'on a livré les espaces et qu'on a fini les très gros chantiers, la propreté est une priorité. Ça passera par des investissements, notamment dans des balayeuses de rue, mais également en se coordonnant mieux avec les équipes de la Métropole qui sont en charge de la propreté de la voirie.

Quand je vois qu'on a réussi à enlever, au moins temporairement, neuf points de deal au Tonkin, on doit pouvoir trouver une solution pour régler le problème de la propreté dans notre ville.

"C'est une vraie stratégie de notre part d'avoir fait beaucoup en peu de temps"

Concernant les grands travaux à Villeurbanne, seront-ils aussi nombreux lors de votre deuxième mandat ?

Pour l'instant il n'y a que le T8 qui est prévu comme grand projet d'infrastructure. Donc il est hors de question d'avoir cette même intensité de bazar dans la ville en matière de chantier.

En 2020 j'ai fait un choix face au rattrapage des investissements que l'on devait faire pour Villeurbanne. Soit on faisait ça en 5 ans soit ça prenait 15 ans. Soit c'était 15 ans de bazar plus ou moins permanent, mais beaucoup moins important. C'est sûr que faire le T6 en même temps que le BHNS route de Genas, y'a un moment, je comprends que les gens se soient énervés. Mais de se dire qu'on a fait ça sur un temps très court pour pouvoir ensuite en bénéficier, je l'assume. Si les gens ne sont pas contents de ça, ils le diront. Mais je leur demande aussi d'être un tout petit peu patient, on arrive au bout. C'est une vraie stratégie de notre part d'avoir fait beaucoup en peu de temps.

Votre deuxième mandat, ce sera l'heure de profiter de Villeurbanne ?

Oui les Villeurbannais ont hâte de pouvoir profiter de leur ville et je les comprends. Moi aussi j'ai hâte de profiter des nouveaux espaces. Mais ce ne sera pas non plus la ville où on appuie sur stop. Il ne faut pas se raconter d'histoire. Mais à part le T8 il n'y a pas d'autres grandes infrastructures de  transports en commun qui sont annoncés sur le prochain mandat. Les Villeurbannais vont pouvoir pleinement profiter de leur ville.

Une alliance avec LFI au second tour ? "Il ne faut pas prendre les électeurs pour des abrutis"
Questionné également sur la possibilité de s'allier au second tour ou en cas de victoire avec la France Insoumise, Cédric Van Styvendael n'a pas mâché ses mots à propos du parti qui a décidé de présenter face à lui Mathieu Garabédian, l'un de ses adjoints. "A la base on avait proposé à tout le monde de repartir dans la même configuration qu'en 2020" rappelle le maire de Villeurbanne. "Là, il y a un parti qui a fait ses choix et qui en assumera les conséquences", poursuit-il, avant de se montrer encore plus acerbe : "Il ne faut pas prendre les électeurs pour des abrutis. On ne participe pas pendant cinq ans à une majorité municipale puis on décide de vouloir se tester face aux électeurs pour ensuite revenir au second tour".

"Je me désole de voir que le candidat LFI n'ait pas trouvé le même courage qu'en 2020 pour aller à l'encontre des consignes nationales. Aujourd'hui, en l'état actuel, il n'y a rien qui permette un accord avec LFI. La confiance est rompue et je ne veux pas qu'on se permette de dire qu'il y aura quoi qu'il arrive un accord de second tour avec LFI. En tout cas, je ne veux pas que ce parti se permette de le laisser entendre" conclut CVS.

"Jean-Paul Bret prend le risque de devenir un candidat du passé" selon CVS
Alors que l'ancien maire de Villeurbanne, Jean-Paul Bret a annoncé sa candidature pour les prochaines municipales de 2026, son successeur se "désole que dans un moment où la droite est de plus en plus forte et que la tentation RN de plus en plus présente, la première chose que certains ont en tête c'est d'aller déstabiliser la gauche localement". "Au départ, le problème c'était mon soutien à LFI. Là j'observe que même sans LFI, ma candidature ne convient pas à Jean-Paul Bret. Je vais finir par croire que c'est moi le problème pour Jean-Paul Bret" ironise Cédric Van Styvendael. "Il a écrit six pages pour dire tout le mal qu'il pensait de moi et du boulot qu'on a fait depuis 2020. Aujourd'hui, il prend le risque de devenir un candidat du passé et du ressentiment" estime l'édile. Avant d'attaquer son prédécesseur un peu plus frontalement sur l'héritage laissé en 2020 à la nouvelle équipe municipale : "S'il veut qu'on rentre dans ce jeu d'attaque, on va y rentrer. On va expliquer pourquoi on a dû faire tous ces investissements, pourquoi on a dû recruter des policiers municipaux en grand nombre…"

Avant de conclure, de manière plus tendre à l'endroit de son ancien mentor : "J'espère juste qu'avec cette candidature, il ne viendra pas abîmer la partie positive de l'engagement qui a été le sien pour cette ville."

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