Claire Iselin, directrice de Lugdunum, est l’invitée de 6 minutes chrono / Lyon Capitale.
Claire Iselin, directrice de Lugdunum, est l’invitée de 6 minutes chrono / Lyon Capitale.

Nouvelle exposition à Lugdunum : l'art chez les Romains

Claire Iselin, directrice de Lugdunum, est l’invitée de 6 minutes chrono / Lyon Capitale.

Lugdunum, Musée et Théâtre romain, fête ses 50 ans avec une exposition inédite intitulée "C'est canon, l'art chez les Romains", visible du 3 octobre 2025 à juin 2026. Claire Iselin, sa directrice, était l’invitée de 6 minutes chrono pour la présenter. "On a voulu se poser la question de ce que faisaient les Romains, quelle était leur relation avec l’art mais aussi avec la conservation d’un patrimoine il y a 2000 ans", explique-t-elle.

Sculptures, héritage grec et maquette exceptionnelle

L’exposition rassemble des œuvres majeures venues de France et d’Italie, du Louvre au Vatican. La sculpture occupe une place centrale, avec un rappel important : à l’époque antique, elles n’étaient pas blanches comme on les imagine souvent, mais peintes et colorées. "Les Romains étaient fascinés par l’art grec (...). Le copiste avait autant d’importance que l’auteur original", souligne Claire Iselin. Parmi les pièces phares figure aussi une maquette unique du Champ-de-Mars à Rome, réalisée par l’architecte Paul Bigot et récemment restaurée. "Elle est dorée, brillante (...), c’est un document très riche sur l’emplacement des œuvres dans la cité de Rome", précise la directrice.

Plus de détails dans la vidéo :

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Bonjour à tous, bienvenue dans l'émission 6 minutes chrono, le rendez-vous quotidien de la rédaction de Lyon Capitale. Aujourd'hui, on va parler de culture, on va parler de la dernière exposition de Lugdunum. Elle s'appelle « C'est canon, l'art chez les Romains ». Elle se tient du 3 octobre jusqu'à juin 2026 et, pour en parler, nous recevons Claire Iselin, directrice de Lugdunum – Musée et Théâtre Romain. Bonjour Claire Iselin.

Bonjour.

Merci d'être venue sur notre plateau, on va rentrer dans le vif du sujet. Est-ce que vous pourriez tout d'abord nous expliquer pourquoi avoir choisi ce thème de l'art chez les Romains ? Je crois qu'il y a un contexte un peu particulier.

Oui, le contexte particulier ce sont les 50 ans de Lugdunum. Comme les missions principales d'un musée aujourd’hui sont la conservation et la valorisation d'un patrimoine auprès du plus grand nombre, on a voulu se poser la question de ce que faisaient les Romains : quelle était leur relation avec l'art mais aussi avec la conservation d'un patrimoine il y a 2000 ans.

Alors qu'est-ce que vous donnez à voir dans cette exposition ? Est-ce qu'il y a des objets ? Est-ce qu'il y a des interactions ? Qu'est-ce que vous montrez dans votre musée ?

Alors déjà un panel d'œuvres exceptionnelles puisqu'on a pu réunir à la fois des collections locales issues de Lugdunum mais aussi des prêts venus de toute la France : Bibliothèque nationale de France, Musée du Louvre avec qui nous avons un partenariat. Et puis bien sûr les musées romains, notamment le Vatican, les musées nationaux romains mais également le musée d'Herculanum, avec des œuvres exceptionnelles, certaines sorties de fouilles en 2006 et n’ayant pas encore été montrées au public en France.

Donc c'est assez inédit, les Lyonnais pourront avoir la primeur de ces objets. Et qu'est-ce que c'est finalement ? Ce sont des sculptures, des peintures, des mosaïques ? Qu'est-ce qu'on retrouve ?

Alors ce que les Romains plébiscitaient en termes d'art plastique, comme art majeur, c'était surtout la sculpture. Donc on va avoir énormément de sculptures. Sauf qu’elles étaient polychromes à l'époque antique, ce qu’on oublie souvent. On va le rappeler.

Oui, ce n'était pas des statues blanches comme on les connaît aujourd'hui.

Voilà, tout à fait. On va voir également de l’orfèvrerie, puisque tout ce qui relevait du métier de cisèle était très favorisé par les Romains, avec une iconographie en lien avec la culture de l’élite lors des banquets. Et puis bien sûr aussi de la peinture. On n'a pas conservé de tableaux comme de nos jours, mais la peinture est suggérée notamment par une très belle fresque murale d'Herculanum, un tableau portatif, ou encore des pavements en mosaïque.

Alors j'aimerais qu'on parle aussi d'une filiation de l'art romain que vous expliquez, je crois, dans votre exposition : la filiation entre l'art romain et l'art grec. Est-ce que vous pouvez nous expliquer en quelques mots ? Vous allez nous montrer de l'art grec ou de l'art romain finalement ?

Les deux. Les Romains étaient fascinés par l'art grec. Quand ils ont conquis la Grèce et le sud de l'Italie, ils ont importé énormément d'œuvres issues de Grèce et ils s'en sont inspirés. Ils les copiaient à la hauteur de l’original, on l’oublie souvent, et donc il y avait une forme d'interprétation aussi. Le copiste avait autant d'importance que l'auteur original de l'œuvre chez les Romains. On pouvait aussi varier les formats, les matériaux, de manière à ce que toute la population puisse se l'attribuer. Ces sculptures et ces œuvres étaient exposées dans toute la ville de Rome mais également dans les villes de province. C'est comme ça que les Romains se sont acclimatés à l'art grec.

Alors vous faites une bonne transition. Rome était tout de même l'épicentre. Et Lyon dans tout ça, quelque part ? Est-ce que Lyon était une ville, un pôle artistique aussi ? Est-ce qu'il y avait des artistes lyonnais ? Comment Lyon se situait ? Alors peut-être que je fais un anachronisme avec nos lunettes d'aujourd'hui, mais est-ce que Lyon rayonnait culturellement dans l'Antiquité ?

Lugdunum était une ville de première importance dans l'Empire romain, au carrefour du commerce. Donc nécessairement, quand une ville possède des centres de pouvoir – le palais du gouverneur par exemple – et fait transiter de nombreuses marchandises, c'est aussi une ville qui attire énormément d'artistes, de commerçants et d'artisans. Cela a favorisé les créations artistiques ou les copies d'œuvres d'art grec que l'on retrouvait à la fois dans les monuments publics comme le théâtre. Dans l'exposition, on voit par exemple la reconstitution de l'Odéon, petit théâtre sur la colline de Fourvière tel qu'il était au IIᵉ siècle de notre ère, avec toute sa polychromie, mais aussi de nombreuses œuvres importées de toute la Méditerranée ou créées sur place.

C'est quand même assez passionnant, on vous invite à aller voir cette exposition. J'ai deux dernières questions : est-ce qu'on peut venir avec des enfants ? C'est une demande des Lyonnais.

Alors les enfants sont toujours les bienvenus. On est un musée qui travaille énormément sur l'accessibilité, c'est-à-dire qu'on va utiliser les cinq sens pour appréhender un thème. Il y a des petits quiz, on peut toucher, il y a du numérique et de l'immersion. Il y a de nombreux ateliers et visites guidées pour les enfants, vraiment de la maternelle à tout âge.

Voilà, très bien. Donc les Lyonnais pourront venir en famille. Et puis ma dernière question, elle est traditionnelle dans cette émission sur les sujets culturels : est-ce que vous avez un coup de cœur ? Une œuvre, un endroit, quelque chose de votre exposition qui vous semble vraiment immanquable, mais cette fois en toute subjectivité ?

Alors les œuvres sont toutes exceptionnelles, mais j'ai un coup de cœur en particulier pour une maquette. C'est une maquette de Rome, notamment de la partie du Champ-de-Mars où se déroulaient les défilés militaires mais aussi l'arrivée des œuvres issues de Grèce lors des triomphes des généraux victorieux. Cette maquette est exceptionnelle parce qu'elle était dans les greniers de la Sorbonne à Paris et elle a été restaurée en partie. Ce sont 15 plaques en bronze doré par galvanoplastie, réalisées par la maison d'orfèvre Christofle. C'est une maquette de l'architecte Paul Bigot, peu connu du grand public, mais grand prix de Rome. Il a voulu restituer la maquette de la ville de Rome dans l'Antiquité. C'est un document unique puisqu'il date du IVᵉ siècle de notre ère. Il existe des versions en plâtre ailleurs en France, notamment à l'université de Caen, mais celle que nous allons montrer a été restaurée spécifiquement. Elle est dorée, brillante, davantage que celle que vous voyez à l'écran en ce moment puisqu'on l'a restaurée depuis. C'est un document très riche sur l'emplacement des œuvres dans la cité de Rome.

Très bien, ce sera le mot de la fin : une maquette à retrouver à Lugdunum, sur la colline de Fourvière. Merci beaucoup d'être venue dans notre émission Claire Iselin. Quant à vous, je vous remercie d'avoir suivi cette émission. Vous pouvez retrouver plus de détails sur l'actualité culturelle sur le site lyoncapitale.fr. À très bientôt.

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