Michael Mann sur le tournage de Heat, avec Al Pacino et Robert de Niro

Festival Lumière : super Mann !

Le phare du prochain festival Lumière, qui succédera à Isabelle Huppert, sera Michael Mann. L’occasion de revisiter une filmographie singulière et souvent enthousiasmante à la singularité esthétique manifeste, qui donne tout son sens au concept de cinéma.

L’an prochain, le prix Lumière sera majeur puisqu’il sera décerné pour la 18e fois. En attendant 2026, pour sa 17e édition, c’est un cinéaste majeur lui aussi qui sera, comme de bien entendu (quand ce n’est pas un acteur ou une actrice), récompensé par ce qu’on appelle désormais le prix Nobel de cinéma (oui, bon, c’est vrai qu’on ne se mouche pas du coude, mais après tout pourquoi se gêner ?). Ce cinéaste, c’est, on le sait désormais : Michael Mann.

Son parcours est pourtant assez singulier puisque le Chicagoan fait ses débuts dans la publicité (ce qui est souvent le cas de cinéastes au style affirmé et assez clinquant comme Alan Parker et Ridley Scott). Il est ensuite surtout connu pour être aux manettes de la série Miami Vice, objet culte de la pop culture qui contient l’endroit et l’envers de l’Amérique ramenarde et cocaïnée des années Reagan. Si entre-temps, il a réalisé Le Solitaire avec James Caan (1981), sélectionné à Cannes, le succès de Miami Vice lui permet de réaliser Le Sixième Sens (1986), première manifestation du destin cinématographique du tueur en série amateur de chianti Hannibal Lecter (joué par Brian Cox), sur fond de William Blake. Le film est un chef-d’œuvre, rejeté pour les qualités, esthétiques, qu’on lui trouve aujourd’hui.

Robert De Niro et Al Pacino, deux monstres sacrés

Dans un tout autre genre, son film suivant est mieux accueilli : c’est Le Dernier des Mohicans (1992), adapté d’un classique de James Fenimore Cooper, avec Daniel Day-Lewis et, dans un rôle secondaire, Patrice Chéreau.

Mais c’est sans doute Heat qui propulse l’esthète au sommet de la hype. Fabuleux polar contenant l’une des plus belles scènes de braquage de l’histoire du cinéma, Heat réunit surtout deux monstres sacrés : Robert De Niro et Al Pacino. Les deux figuraient certes à l’affiche du Parrain II, mais sans aucune scène en commun (De Niro jouait Don Corleone jeune dans des scènes de flashback, et Pacino son fils, au présent). Là, ils jouent les deux faces d’une même pièce, un voyou et un flic qu’une joute verbale dans un restaurant régale (et nous avec).

Devenu un poids lourd, Mann enchaîne quelques films importants comme Révélations (1999), Collatéral (2004, Tom Cruise comme vous ne l’avez jamais vu) et Public Enemies (2009), adapte son Miami Vice au cinéma dans un déluge de pastel (2006) et biographie Mohamed Ali et Enzo Ferrari avec plus ou moins de bonheur.

Toujours on loue sa virtuosité technique, son sens de la mise en scène et sa photographie chiadée à la belle gueule d’atmosphère, tout en lui reprochant parfois un manque de chair, de fond, de profondeur. Mais la forme n’est-ce pas le fond qui remonte à la surface ? C’est ce que Michael Mann s’est constamment échiné à démontrer avec un talent comme il en existe peu. Et un style qui n’appartient qu’à lui.

Festival Lumière –Du 11 au 19 octobre

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