© Christophe Raynaud de Lage

Théâtre : retour aux sources, et au TNP, pour Christiane Jatahy

La metteuse en scène brésilienne, Christiane Jatahy, adapte pour la scène un roman d’Itamar Vieira Junior, Depois do silêncio.

À Lyon, la fin de l’année 2021 nous avait permis de découvrir, et d’apprécier, l’un des grands noms de la scène internationale, Christiane Jatahy.

Avec Julia, programmé au théâtre de la Croix-Rousse, elle nous avait proposé une version décapante, hyper-sexualisée, inspirée de la pièce d’August Strindberg, Mademoiselle Julie.

Tandis qu’Entre chien et loup, conçu à partir du film de Lars von Trier et programmé en entrée du festival d’Avignon de cette année-là, mettait en exergue un jeu trouble entre réalité et fiction.

Point commun des deux spectacles et spécificité de la jeune metteuse en scène brésilienne : le mélange entre l’art théâtral et l’art cinématographique. La perpétuelle oscillation entre présence scénique et intimité filmique.

Elle utilise en effet un dispositif où le jeu des comédiens sur scène est relayé par des images filmées au préalable – nous conduisant parfois hors champ – ou en direct, projetées sur un ou plusieurs écrans, ce qui permet des gros plans spectaculaires sur le visage et les expressions des comédiens.

Le destin méconnu des petits agriculteurs, descendants d’esclaves

Une technique qu’elle n’est évidemment pas la seule à utiliser (on peut citer à cet égard le travail du metteur en scène Cyril Teste ou du Lyonnais Thierry Jolivet) mais qu’elle maîtrise de façon impressionnante depuis des années.
Cette caractéristique technique constitue l’un des attraits de son travail. Mais ce n’est pas le seul.

Et sa dernière création, Depois do silêncio, devrait aussi retenir notre attention par son propos. La pièce est inspirée du roman Torto Arado (littéralement : Sillon tordu) écrit par Itamar Vieira Junior en 2019.

L’écrivain, géographe de formation, dépeint le destin méconnu des petits agriculteurs, descendants d’esclaves, victimes de famines et de propriétaires terriens tyranniques, qui tentent de retrouver sens et dignité dans les rituels du culte afro-brésilien du Jarê ou dans le contact avec une nature peuplée d’esprits anciens et de panthères magiques.

Christiane Jatahy retrouve là un de ses principaux thèmes d’inspiration, l’exploitation des plus faibles, l’esclavage et, surtout, les traces qu’il a laissées dans la société brésilienne, de surcroît ravivées par la présidence de Jair Bolsonaro.

C’est la première fois depuis 2015 que l’artiste brésilienne a créé une partie du spectacle dans son pays natal, entre des répétitions à Rio de Janeiro et un tournage dans l’État de Bahia. Un retour aux sources capital : le Brésil, avec ses beautés, ses contradictions et ses injustices, est au cœur du travail de Christiane Jatahy.


Depois do silêncio, du 23 au 26 mai, au TNP

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