Henno : ''Le volley ? Un sport amateur en France''

L'équipe de France de Volley affronte la Serbie, ce jeudi à 20h30 à Lyon, dans le cadre de la Ligue Mondiale. Entretien avec Hubert Henno, joueur le plus capé de cette sélection tricolore.

Lyon Capitale : Quelles sont les ambitions de l'équipe de France pour ce match contre la Serbie au Palais des Sports de Gerland ?

Hubert Henno : L'équipe de Serbie sera normalement privée de ses deux meilleurs joueurs, le passeur et le pointu, donc c'est n'est pas la même chose. Cela reste évidemment une équipe très compétitive qui possède de très bons éléments. Pour nous, ce sera notre deuxième rencontre de Ligue Mondiale, après celle en l'Italie (le 4 juin, NDLR), qui nous permettra de retrouver la France. Ce match sera très intéressant. La Serbie est un adversaire un peu hostile et cette confrontation est très importante pour nous.

Ce match est le premier en France depuis les Championnats d'Europe 2009. Pas favoris au départ, vous aviez décrocher l'argent au terme d'un beau tournoi ponctué par cette demi-finale mémorable contre la Russie...

Si au départ de la compétition on nous aurait dis qu'on allait jouer la finale, on aurait signé tout de suite. Quand on arrive en finale, c'est pour la gagner. Je pense sincèrement qu'on a fait tout ce qu'on pouvait pour la gagner mais l'adversaire était plus fort. D'autres paramètres sont aussi à prendre en compte comme la fatigue accumulée par les même joueurs durant la compétition. Il y a eu de gros points positifs comme arriver en finale de l'Euro, ce qui n'était pas forcément prévu, et aussi montrer que l'on pouvait battre tout le monde. On a donc vraiment hâte de partager tout cela avec le public français.

Les Championnats d'Europe ont permis au volley-ball d'exister médiatiquement. Quelle est la situation de ce sport ''confidentiel'' dans l'Hexagone ?

C'est le sport collectif français de haut niveau qui est le moins mis en avant par les médias. Face au football, au rugby, au basket voire au handball, le volley arrive vraiment en bas de classement. Notre parcours à l'Euro a fait qu'on a pu reparler du volley comme en 2002 (troisième aux Championnats du Monde, NDLR) ou en 2003 (vice-champion d'Europe, NDLR) donc c'est de la bonne publicité. Mais il faut surtout confirmer nos performances pour faire décoller le volley en France. Quoiqu'il arrive, l'équipe de France doit jouer avec ses valeurs pour promouvoir ce sport dans notre pays.

Mais sur votre blog avez déclaré que le volley était ''un sport amateur en France''…

Au niveau légal, le volley-ball est professionnel en France concernant les salaires ou les taxes par exemple. Mais ce que j'ai voulu dire, c'est que quand on le compare aux grands championnats étrangers comme ceux de l'Italie, la Russie voire la Pologne ou la Grèce, le volley français est clairement en-dessous. Il y a une grosse différence sur la qualité des joueurs, des clubs et de leurs structures et tout ceci fait que le volleyeur devient beaucoup plus performant à l'étranger. En France, on a un frein qui nous empêche de progresser à la même vitesse que certains joueurs européens. Les volleyeurs français ne pourront s'apercevoir de la différence qu'à partir du moment où ils iront jouer dans d'autres championnats. L'Italie par exemple est très structurée au niveau des clubs et l'environnement est propice à la performance pour les joueurs.

Pour votre part, vous occupez le poste le plus méconnu dans ce sport, celui de libéro. Parlez-nous de cette fonction particulière...

C'est un poste de l'ombre. En général, ce joueur ne fait aucun point ce qui le différencie grandement de ses partenaires. Mais il a quand même de grands avantages comme se sacrifier pour l'équipe et aider ses partenaires au maximum. Ce rôle s'est donc considérablement développé au cours de ces dernières années, pour passer d'un joueur peu méritant à celui d'élément primordial pour l'équipe. Le libéro est maintenant un joueur à part entière et du coup il peut aider grandement à la victoire d'une équipe.

Concernant la suite de votre carrière, on parle de vous pour un retour en France. Qu'en est-il ?

Pour l'instant, je suis encore sous contrat avec mon club italien donc un retour n'est pas à l'ordre du jour , au moins jusqu'aux Jeux Olympiques de Londres en 2012. Mais après cette compétition, je pense sincèrement revenir en France avec ma famille pour y terminer ma carrière et poursuivre ma reconversion. En tout cas, la retraite n'est pas d'actualité tant que mon esprit et mon corps me permettront d'assouvir ma passion. J'ai comme objectif ces J.O. de 2012 avec l'apport de jeunes joueurs très talentueux en équipe de France. Il faut maintenant réussir l'amalgame avec les anciens comme cela a été le cas en 2009. Même s'il faut confirmer ce bon résultat, c'est de bon augure pour la suite.

Enfin, vous êtes revenu il y a un peu moins d'un an en équipe de France après un conflit avec le sélectionneur Philippe Blain, qui vous a écarté pour rajeunir l'effectif en 2006. Qu'est-ce qui a motivé votre retour en sélection nationale ?

Il y a eu des choix qui ont été fait à l'époque. Je l'avais mal pris à ce moment-là. Ensuite, le sélectionneur m'a rappelé et j'ai eu le choix de revenir ou non. De mon côté, j'ai toujours voulu répondre positivement à l'appel du maillot bleu. Avec le temps, il faut savoir mettre son égo de côté et c'est ce qui s'est passé pour moi. Ensuite, une fois le maillot tricolore revêtu, il faut jouer à fond sans se poser de questions.

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