ASVEL : Léo Westermann, à point nommé

Après une période sous le feu des projecteurs, l’Asvel est retombée dans l’anonymat du quotidien. Et doit gérer l’après Tony Parker. Villeurbanne compte sur ses jeunes loups avec en porte-drapeau son capitaine de 19 ans, Léo Westermann. (Portrait paru dans le mensuel Lyon Capitale daté du mois de février 2012).

Parker, Parker, Parker. L’évocation de ce seul nom a hanté tous les esprits autour de l’Asvel pendant deux mois. Encore aujourd’hui, chaque performance est commentée dans ce sens : “Avec Tony, il se serait passé ci”, “Sans Tony, il y aurait eu ça”. “C’est le jeu, souffle Westermann. Tony a tellement apporté au basket français.” Promu capitaine en début de saison par ses pairs, à tout juste 19 ans, Léo Westermann, meneur de jeu comme la star des Spurs de San Antonio, est l’un des grands espoirs de l’Asvel, et du basket français. Relégué sur le banc pendant l’intérim de son “DG”, l’Alsacien de naissance s’est mis en retrait : “J’ai beaucoup regardé, je me suis effacé. Tony, c’était le boss de l’équipe quand il était là. J’ai beaucoup appris sur son leadership, sur sa façon de driver l’équipe”, mais aussi mangé son pain noir : “On ne va pas se mentir, sportivement et à l’instant T, c’était beaucoup moins intéressant qu’il soit là.”

De l’extérieur, le natif de Haguenau est apparu moins à l’aise sur le terrain, dans son réalisme offensif comme dans la manière de gérer ses efforts. “Il a été fragilisé par la venue de Tony. Il a eu un passage à vide. Dans sa carrière, il faudra qu’il soit prêt à gérer ça. Lorsqu’on vous met un joueur dans les pattes, il ne faut pas que ça vous rende moins fort mais que ça vous galvanise”, explique Pierre Vincent, l’entraîneur de la Green Team. Avant d’ajouter : “Il mettait beaucoup plus d’énergie, comme il jouait moins. Mais mettre beaucoup plus d’énergie pour faire plus de fautes, ce n’est pas la peine.” TP reparti outre-Atlantique, Léo semble avoir trouvé un second souffle. Et la confiance, même s’il se défend de l’avoir perdue. Son emprise sur le jeu villeurbannais s’en ressent.

19 ans et leader technique

L’Asvel fonde beaucoup d’espoirs en lui. Fils d’un joueur de basket professionnel, il a débuté sur les parquets à 4 ans, à Haguenau, avant de passer notamment une saison au Sluc Nancy, à 14 ans, puis trois ans dans le cocon de l’Insep. Pépite du basket français (il a disputé quatre championnats d’Europe chez les jeunes bleus), Westermann préfère à 18 ans le défi rhodanien aux convoitises de Chalon ou de Strasbourg. Pas dépaysé, autonome, le jeune homme se sent tout de suite à l’aise dans son nouveau chez-lui : “L’Asvel m’a beaucoup aidé. Je suis arrivé, mon appartement était prêt, les courses étaient faites, c’était nickel. Je n’ai eu aucun problème d’intégration”, relate-t-il. Sportivement, les débuts sont un peu compliqués : “Je revenais d’une grosse blessure aux ligaments croisés.” Mais l’Alsacien fait peu à peu son trou. Les soubresauts de la saison, avec notamment le limogeage de Vincent Collet, n’altèrent pas sa bonne saison. “J’ai beaucoup d’affection pour lui. On est très proches. Il est toujours à l’écoute. Il a énormément de qualités pour son jeune âge”, confie son coéquipier et ami, l’international tricolore Edwin Jackson.

Nommé capitaine en septembre dernier, il prend de plus en plus de responsabilités dans l’équipe. Réservé, il préfère rester mesuré. Et prudent, sans jamais trop se dévoiler. Timide, introverti, il n’aime pas trop parler de lui : “C’est une marque de reconnaissance pour le travail que je fais. Je suis un jeune de 19 ans, j’ai encore et toujours besoin d’apprendre, ce n’est pas parce que je suis capitaine que je ne vais pas écouter les anciens. C’est plutôt un rôle sur la forme que sur le fond.” Avec un temps de jeu plus conséquent, il s’installe comme un des leaders de l’équipe. À l’aise à l’extérieur de la raquette, bon shooteur, bon organisateur de jeu, il doit encore progresser dans l’agressivité vers le cercle.

“La NBA, pas forcément mon style de jeu”

L’épisode Parker passé, il retrouve son rôle de début de saison, celui où il semble le plus à son aise. “Le fait qu’il reprenne sa place comme meneur titulaire lui a donné du baume au cœur. Il se retrouve”, confesse son coach. Libéré, Westermann respire la sérénité, dans une Asvel déchargée de ses conflits passés. Avec les autres jeunes – Paul Lacombe et Edwin Jackson notamment –, il forme une sorte de petite tribu : “Jouer avec des amis, gagner avec eux, c’est beaucoup mieux que de jouer avec des coéquipiers… Je pense que les performances de l’équipe s’en ressentent forcément.” Edwin Jackson abonde dans ce sens : “Nous, les jeunes, on a vécu une situation un peu difficile l’année dernière. On n’était pas forcément très bien encadrés. Cette année, ça fait vraiment plaisir de s’épanouir tous sur le terrain. Avec sa bande de potes.” À tout juste 19 ans, multi-sélectionné en équipe de France de jeunes, capitaine d’un très grand club français, Westermann ne manque pas d’ambitions.

Toujours avec classe, sans fanfaronner : “Je n’ai pas de plan de carrière établi. Mais je sais ce que je veux faire. Pour moi, c’est un gros club européen ou la NBA. La NBA, c’est moins mon style de jeu, mais puisque les meilleurs joueurs au monde y jouent, si on veut en faire partie, c’est là-bas qu’il faut être.” Il n’omet pas d’évoquer l’équipe de France, “qui a toujours été la plus belle chose pour moi”. Les JO 2012 semblent toutefois un peu trop prématurés pour l’Alsacien, mais sait-on jamais. Westermann arrive à point nommé pour l’Asvel, qui, avec des moyens financiers moindres, compte plus que jamais sur ses jeunes, humbles mais talentueux. Et notamment sur son meneur de jeu.

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