Philippe Poutou, en meeting à Villeurbanne ce mardi 1er mars. (Photo : Loris Lacroix)

Présidentielle : à Villeurbanne, le "presque candidat" Poutou séduit la jeunesse lyonnaise

Mardi 1er mars, Philippe Poutou était en meeting dans la Métropole de Lyon. Le candidat du Nouveau parti anticapitaliste a réuni un public relativement jeune, étudiant et engagé.


Avant l'élection présidentielle française, prévue le 10 avril 2022, Lyon Capitale souhaite donner la parole aux jeunes lyonnais et grands-lyonnais. Afin de recueillir leurs témoignages, connaître leurs attentes, leurs aspirations, leurs souhaits, leurs craintes. Des jeunes, pourtant les plus concernés par la France et le monde de demain, mais qui ont pour une grande partie boudé les urnes lors des dernières échéances électorales.

La rédaction de Lyon Capitale lance la série "Les Gones et la présidentielle". Des rendez-vous réguliers avec des jeunes lyonnais (de - 35 ans) à retrouver sur notre site internet dédié : www.lyoncapitale.fr


Alors que la nuit tombe, le hall du centre culturel et de la vie associative (CCVA) de Villeurbanne se remplit rapidement. Ce lieu de culture accueille habituellement des concerts, des spectacles, ou encore des pièces de théâtre. Mais mardi 1er mars, c'est Philippe Poutou qui assure le show pour un meeting centré sur la paix, l'emploi et l'économie. Des dizaines de personnes attendent patiemment leur tour pour pouvoir rentrer et forment une longue file devant le bâtiment. À l'intérieur, la salle de spectacle est pleine à craquer et composée en majorité de jeunes de moins de 30 ans.

Encore une cinquantaine de parrainages manquants pour que la candidature de Poutou soit validée. (Photo : Loris Lacroix)

Le sprint final des parrainages

Les caméras de téléphone braquées sur lui, Philippe Poutou aborde d'emblée son "obsession du moment". Ou plutôt "leur" obsession du moment, car le candidat ne s'exprime jamais à la première personne. Il utilise le "nous", manière de mettre en lumière une lutte collective. "On a aujourd'hui 342 parrainages affichés sur le compteur. On sait qu'on en a une centaine de plus donc il nous en reste environ 50 à trouver dans les 3 jours qui restent", amorce celui qui s'est déjà présenté à la présidence deux fois, en 2012 et 2017.

Chemise et manches relevées, jean bleu et baskets noires, le conseiller municipal à la mairie de Bordeaux et représentant du NPA (Nouveau Parti Anticapitaliste) poursuit : " C'est un filtre qui est antidémocratique puisqu'il ne pose problème qu'aux petites organisations politiques comme la nôtre qui n'ont pas d'élus. Ça ne pose aucun problème aux gros partis à qui il suffit de claquer des doigts pour avoir tous leurs parrainages". Il s'est également réjoui de l'annonce faite par Jean-Luc Mélenchon dans la journée. Le candidat France Insoumise, et député, a déjà réuni ses 500 parrainage et compte lui donner le sien.


"Si on arrive à être candidat, ne soyez pas surpris, on appellera à voter pour nous. Alors ok, on ne vise pas le titre, et encore moins la finale. Mais notre score peut compter. Ça peut redonner confiance et rendre crédible ce que l'on dit et défend. On a besoin de crédibilité et pour ça il faut qu'il se passe des choses au niveau des votes", Philippe Poutou


Anticapitalisme

Côté programme, le Girondin tacle le capitalisme. Il propose un contre-modèle de gauche radicale : une meilleure répartition des richesses, la retraite à 60 ans, l'ouverture des frontières, la réduction du temps de travail ou encore la gratuité des transports. Pendant qu'il déroule son programme, il se permet une blague sur Jeff Bezos, l'entrepreneur, propriétaire d'Amazon et multimilliardaire le plus riche du monde. "Il s'est barré dans l'espace et on s'est dit qu'on allait être peinard. Mais le problème c'est qu'il est redescendu quelques minutes après".  Son auditoire apprécie, rigole, et écoute attentivement les mesures proposées par le candidat.

Parmi eux, beaucoup admettent que Philippe Poutou, s'il obtient les parrainages nécessaires, ne pèsera pas lourd face aux autres candidats engagés dans la course à l'Élysée. "Si on arrive à être candidat, ne soyez pas surpris, on appellera à voter pour nous. Alors ok, on ne vise pas le titre, et encore moins la finale. Mais notre score peut compter. Ça peut redonner confiance et rendre crédible ce que l'on dit et défend. On a besoin de crédibilité et pour ça il faut qu'il se passe des choses au niveau des votes", lâche le représentant NPA devant la foule.

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"Loin de la langue de bois"

Pourquoi les jeunes qui ont fait le déplacement, entassés dans une petite salle, s'intéressent-ils à l'ancien salarié de Ford ? La principale raison : "il est loin de la langue bois", explique Clara, étudiante à Lyon. "C'est un peu Monsieur tout-le-monde. Il parle de sorte à ce qu'on le comprenne et ne rentre pas dans des discours qui sentent le faux. Il ne triche pas" confie la jeune femme. Parmi les jeunes présents ce soir là, une grande partie voit dans cette candidature un moyen de faire entendre une "colère qui vient de partout". Au début de l'évènement, Léna, membre des NPA Jeunes, a eu l'occasion de faire passer un message à l'assemblée. " On ne veut pas de l'avenir que ce système nous réserve. Alors renversons le entièrement. Nous sommes une génération révoltée et nous ferons tout pour devenir la génération des révolutions", lance la jeune femme, âgée d'une vingtaine d'année.

Le représentant du NPA a pu compter sur le soutien d'un public composé principalement de jeunes lors de son meeting. (Photo :Loris Lacroix)

Une fois le meeting conclu, un moment d'échange est organisé entre plusieurs intervenants. Parmi lesquels Raphaël Arnault, porte-parole de l'organisation antifasciste " La Jeune Garde". Née à Lyon en 2018, elle lutte contre les idées d'extrême-droite. Pour Loïs, interrogé à la sortie du rassemblement, "c'était une façon de faire la lumière sur les problématiques locales à Lyon", a expliqué l'étudiant en sociologie à Lyon 2. "C'était appréciable de donner la parole aux grévistes de BioMérieux. Ça permet de mettre différentes luttes en avant, et qu'on peut acquérir certaines choses en disant non." Sans surprise, c'est donc une jeunesse radicale, très critique du modèle actuel de société qui s'est réunie ce soir-là.

À Villeurbanne, ils sont beaucoup comme Loïs à souhaiter que la candidature de Philippe Poutou aille au bout. "On espère, dans un souci de démocratie, qu'il pourra exprimer le point de vue de gens qui n'existent pas dans le débat. Concernant la suite de la campagne, on verra comment ça se passera. Tout tourne autour de l'actualité internationale et de l'Ukraine en ce moment", conclut Loïs S'il obtient ses parrainages, il restera à Philippe Poutou un peu plus d'un mois pour se faire entendre, et espérer - au moins - s'imposer dans le débat public

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