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Pleynard au café, comme si c'était le Palais des Sports

La surprise de la primaire UMP tenait un meeting mardi soir au café de la Cloche. Nullement démontée par la faible audience, elle a présenté son parcours et ses propositions. Avec une aisance et un aplomb étonnants.

Elle sort de nulle part, mais se sent parfaitement à sa place dans la campagne de la primaire UMP. À la télé, dans les débats, face à la presse, elle ne donne jamais l'impression de douter. Ce mardi soir, Myriam Pleynard se dit fatiguée. Elle est pourtant pimpante, même sous la lumière sale du café où elle tient sa réunion publique. Animée de sincérité, toujours sanglée de son collier de perles et de sa jupe parachute bleu électrique. Myriam Pleynard ne draine pas les foules : seules six personnes répondent présentes à son invitation, dont un ami et son jeune directeur de campagne, lui-même accompagné de son colocataire. Il y a aussi un homme venu se plaindre de l'exiguïté de sa chambre dans un foyer de jeunes travailleurs (7 m2). Et une mamie rigolarde qui sirote un demi.

Cathé et franc-maçonnerie

Nullement démontée par cette faible participation, Myriam Pleynard déroule son intervention, avec bagout, effets oratoires et gestes communicants. Au café de la Cloche (Lyon 2e), près des la porte des toilettes, comme si elle s'exprimait depuis la scène d'un Palais des Sports archi-bondé. Elle invoque De Gaulle et son discours de Bayeux (1946), philosophe sur la "défiance vis-à-vis du politique", sur "la professionnalisation de la vie politique", vecteur "d'impuissance". La candidate parait habitée. À voir sa forme de fin de soirée et ses mails envoyés de nuit, on jurerait même qu'elle a arrêté de dormir.

L'inconnue de la campagne s'est d'abord présentée. Née cours Charlemagne il y a 44 ans, fille d'un père juif et d'une mère catholique, elle a été baptisée à 9 ans. Elle se dit aussi proche de la Franc-Maçonnerie. De son inexpérience politique, elle en fait un atout. Car elle connaît la chose publique : elle a occupé un poste en cabinet à la mairie de St-Fons où elle a vu "défiler trois maires différents". Puis a été directrice des partenariats à l'université Lyon 1er. Son irruption en politique commence en 2009 quand elle fonde un "groupe d'opinion citoyenne", à Lyon 2e. C'est à ce moment aussi qu'elle prend sa carte au PS ; mais refusant de payer tout de go sa cotisation, elle y est éconduite.

Bellecour, un musée à ciel ouvert

Myriam Pleynard n'avance pas un programme ficelé car elle veut - si elle gagne la primaire comme elle le croit - installer des boites aux lettres citoyennes "dans les lieux publics, les cafés" pour élaborer avec les Lyonnais son programme. Elle dévoile cependant trois orientations : la vie quotidienne, l'attractivité et la gouvernance. Sur le premier volet, elle préconise la rénovation de la place Bellecour, qui deviendrait "un pont des Arts" avec des œuvres exposées en plein air et des kiosques à musique.

Sur les transports en commun, elle propose l'arrêt des investissements, pour améliorer le service existant. "Des téléphériques, pourquoi pas ?", concède-t-elle, reprenant une proposition de Georges Fenech. Pas du tout hostile à la voiture, Myriam Pleynard peste contre le "développement à foison, inouï" des terrasses estivales qui prennent la place des stationnements, y voyant un moyen par la municipalité de booster l'activité de Lyon Parc Auto. Elle s'insurge aussi contre les grèves dans les écoles, souhaitant mettre "plus de personnels" dans les établissements scolaires. Pas libérale, Myriam Pleynard préfère réduire les investissements et accroître les dépenses de fonctionnement. Assumant sa fibre sociale, elle propose de construire des villages containers pour les Roms, "plutôt que leur payer des nuits d'hôtel qui coûtent des millions d'euros à l'État".

Un ticket avec Buffet ?

Pourtant, non, Myriam Pleynard n'est plus socialiste. Et pour bien le faire comprendre, elle se paie avec aplomb Gérard Collomb, "un objet politique non identifié (…) un homme qui décide seul, qui s'est isolé". Pour lutter contre "l'autocratie" actuelle, elle veut instituer un Parlement citoyen qui sera consulté "pour avis" avant toute délibération soumise au conseil municipal. Elle ouvrirait ses listes à 60 % de jeunes n'ayant jamais exercé de mandats. Et elle promet de de ne faire qu'un mandat de maire, retournant ensuite à la société civile. D'ailleurs, elle ne briguerait pas la présidence de la communauté urbaine qu'elle laisserait volontiers à François-Noël Buffet qu'elle trouve "très ouvert".

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