La préfecture du Rhône a saisi le tribunal administratif de Lyon pour faire retirer le drapeau palestinien installé lundi sur le fronton de l'Hôtel de Ville. Elle considère qu'il s'agit d'un geste politique.
Lundi 22 septembre, le maire écologiste de Lyon, Grégory Doucet a fait hisser le drapeau palestinien sur le fronton de l'Hôtel de Ville, quelques heures avant que le Président de la République ne reconnaisse officiellement l'État palestinien devant les Nations unies. "Un geste de paix et de justice" selon l'édile, "en soutien à la décision du président de la République de reconnaître un État palestinien".
Un geste motivé par des "opinions politiques"
Dans la foulée, et conformément aux directives du ministre de l'Intérieur démissionnaire, Bruno Retailleau, la préfecture du Rhône a annoncé son intention de saisir le tribunal administratif de Lyon, au motif que le pavoisement de la mairie constituerait une "atteinte au principe de neutralité du service public". Dans sa saisine, que nous avons pu consulter, la préfète du Rhône considère en effet que le geste de Grégory Doucet est motivé par des "opinions politiques".
C'est en effet sur ce point précis que porte le débat, puisque de nombreuses jurisprudences ont déjà autorisé les maires à hisser des drapeaux d'États étrangers, notamment le drapeau ukrainien lors de l'invasion russe, ou encore le drapeau israélien au lendemain des attaques du 7 octobre. Dans le premier cas, saisit par un citoyen, le tribunal administratif de Versailles avait indiqué que "mettre un drapeau ukrainien sur la façade d’un bâtiment public n’est pas une revendication politique ; c’est un symbole de solidarité envers une nation victime d’une agression".
Une illégalité sur la forme ?
Mais pour les services de l'État, l'argument ne tient pas dans le cas lyonnais. Ils s'appuient pour cela sur les écrits du maire de Lyon qui, selon eux, caractérisent la nature politique du geste. La préfecture cite ainsi la phrase suivante : "Ce geste accompagne la décision historique annoncée par le Président de la République à l’Assemblée générale des Nations unies : la France reconnaît, enfin, l’État de Palestine." Difficile de voir, dans cet extrait précis, une revendication politique (si ce n'est dans le mot "enfin") puisque Grégory Doucet ne fait que s'appuyer sur l'initiative du président de la République.
Sur la forme, la préfecture du Rhône estime par ailleurs que "la décision de pavoiser le fronton de la mairie n'est pas un acte d'administration, et relève dès lors de la compétence du conseil municipal". Or, le conseil n'a pas délibéré sur le sujet, "la décision du maire de Lyon est donc entachée d'incompétence", jugent les services de l'État. Interrogé ce lundi sur ce recours attendu, Grégory Doucet avait estimé que "lorsque le Président de la République prend l'initiative de reconnaître l'État de Palestine, il est évident pour l'élu de la République que je suis de s'associer à cette démarche".
Lire aussi : "Un geste de paix et de justice" : le maire de Lyon fait hisser le drapeau palestinien sur l'Hôtel de Ville
Le drapeau doit rester en place pour toute la durée de l'Assemblée générale des Nations unies, soir jusqu'au 29 septembre. Le tribunal administratif devrait rendre sa décision dans les prochains jours. "Cette reconnaissance de l’Etat palestinien n’est pas une offense faite à Israël. La sécurité d’Israël n’est pas négociable", a tenu à rappeler le maire écologiste qui considère que "reconnaître la Palestine, c’est donner une voix politique légitime à un peuple, et ainsi isoler ceux qui prospèrent sur le chaos et la désespérance".
🇵🇸 Il est « évident » pour @Gregorydoucet de s’associer à la reconnaissance de la Palestine en hissant le drapeau palestinien sur l’Hotel de Ville de Lyon. pic.twitter.com/t1vAgBuiL6
— Lyon Capitale (@lyoncap) September 22, 2025