Les challenges de Damien Abad

Mercredi 10 mars dans l’Ain, Rachida Dati est venue soutenir Damien Abad, la tête de liste départementale pour l’UMP. En dépit d’un parachutage difficile et mal accepté, le tout jeune député européen est malgré tout parvenu à fédérer la droite locale autour de sa candidature.

Dans une salle des fêtes de Bellegarde (Ain), Rachida Dati est venue “en amie“ soutenir Damien Abad, la tête de liste départementale qui est également son collègue au Parlement européen. Devant un parterre de personnes âgées attentives et silencieuses, la députée européenne, quelques notes sous les yeux, a fait le bilan de son passage au ministère de la justice. Sans que ce soit franchement le sujet, tout y est passé et, qui plus est, en détail.

Le bilan de Dati

La réforme de la carte judiciaire, les droits des victimes, les peines planchers pour les multirécidivistes, la rétention de sûreté. Quelques digressions buissonnières loueront également le train de réforme engagé par le Président de la République. “On n’est pas venu parler de notre bilan, mais pour parler de l’avenir“ s’excusera-t-elle après ce panégyrique. Sa visite s’est déroulée en trois étapes quasi générationnelles : à l’heure du goûter, le troisième âge à Bellegarde, les jeunes populaires de l’UMP en Pays de Gex pour l’apéritif et un public (un peu) plus contrasté pour un meeting en soirée. Et lorsque Dati s’aventure sur le terrain de l’avenir, c’est surtout pour parler de l’avenir proche: “la campagne est difficile ? Toutes les campagnes sont difficiles. Il ne faut pas vous laisser déstabiliser. On ne souhaite pas que vous alliez ailleurs pour éviter un certain 21 avril. On va continuer à faire ce que vous nous demandez. Nous, ce que l’on vous demande, c’est de vous mobiliser“.

Les brebis égarées du vote FN reste un motif d’inquiétude électorale permanent pour l’UMP. Du coup, lorsque Dati rappelle les compétences de la région, elle parle vidéosurveillance dans les lycées et sécurité dans les transports. Devant les Jeunes Pop’, elle se défendra d’avoir des “instincts sécuritaires“ en parlant de la vidéoprotection dans les établissements scolaires. À quelques nuances près, Rachida Dati déversera le même message dans un ordre quasi inchangé lors des trois étapes de sa visite dans l’Ain. La politique, c’est aussi l’art de la répétition.

Tribun

À ce jeu-là, Damien Abad est plus habile, plus tribun aussi. Sans notes et sans discours, le jeune tête de liste du Nouveau Centre improvise ses interventions et possède déjà l’art de la formule politicienne : le slogan répété inlassablement, mais qui sait marquer les esprits. Sur Europe Écologie et l’idéologie verdâtre : “Si on considère que l’industrie pollue, on va délocaliser les émissions de carbone et on va importer le chômage“. Sur les socialistes et leur slogan de campagne, “une région d’avance“ : “Comment on prend une région d’avance quand les trains arrivent en retard“. Mais Abad ne sait pas uniquement manier le sophisme politique. Il est en train de prendre une réelle dimension dans la région. Il est même, d’une certaine manière, une incongruité dans le paysage politique.

Les challenges d’Abad

Malgré un handicap moteur, il a le caractère d’un tribun de scène. Malgré son jeune âge (29 ans), il fait déplacer six ministres, un commissaire européen (Michel Barnier) et une ancienne garde des sceaux pour sa campagne. Malgré un parachutage dans l’Ain et une excommunication en règle par les barons de la droite locale au début de la campagne, il est parvenu à s’imposer et à fédérer une droite locale divisée derrière sa candidature. Alors qu’ils ne se parlaient plus, Abad a fait asseoir le député Michel Voisin et la sénatrice Sylvie Goy-Chavent à la même table.

Il a su également retourner le député Étienne Blanc qui avait mal accepté l’intrusion de ce nouveau venu dans son département. Car au lieu d’accepter la 4e place sur la liste du Rhône, Abad a voulu se mesurer au challenge d’être tête de liste dans l’Ain. “Les habitants du département ont perdu la fierté. Je veux la leur redonner. La droite n’aurait jamais dû perdre le département aux dernières cantonales“. Vu les salles combles et les soutiens dont il bénéficie, ce challenge est pour l’heure réussi.

Il en a un autre qu’il souhaite relever : concilier son (futur) mandat de conseiller régional avec celui de député européen qu’il offre en garantie à ses électeurs. “Comment se fait-il que la France soit le premier contributeur net au budget de l’Union européenne et le dernier bénéficiaire de ces fonds ?“ interroge-t-il. À la région, il souhaite créer un service pour faciliter l’accès à ces fonds pour les agriculteurs ou ceux qui en ont besoin. Comme Françoise Grossetête, Damien Abad souhaite mettre son expérience européenne au service des rhônalpins. Un mandat de député européen comme argument électoral, il fallait oser. À quoi il répond, “Queyranne est bien député ! “.

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