Collomb va-t-il sauver le préfet Carenco ?

Le préfet de région serait sur le départ, appelé à d'autres hautes fonctions parisiennes. Typique lors d'une alternance, ce changement pourrait cependant ne pas être une relégation. L'intéressé a, en tout cas, pris soin de ne pas marquer de trop près les positions du président Sarkozy. Au point d'en faire un interlocuteur apprécié du maire de Lyon.

Selon le Bulletin quotidien, publication très lue dans les ministères, Jean-François Carenco est appelé à d'autres fonctions. Une relégation ? A moins que ce ne soit une promotion, comme l’indiquent certaines sources. En tout cas, il quitterait prochainement ses fonctions de préfet du Rhône et de Rhône-Alpes. Son remplacement ne surprendrait pas, tant il est d'usage, en cas d'alternance, de changer les hauts représentants de l'Etat positionnés à des postes stratégiques. Préfet de Lyon et de Rhône-Alpes figure parmi ces postes.

"Il se savait protégé"

Jean-François Carenco a pourtant pris soin de ne pas insulter l'avenir. A la différence de Jacques Gérault, son prédécesseur, il n'est pas sarkozyste. Il devait son poste à sa proximité avec Jean-Louis Borloo, dont il était le directeur de cabinet au ministère de l'Ecologie. "Ces derniers mois, il a même pris des positions contre le président de la République, observe un élu. Il le pouvait car il se savait protégé par Borloo. Ce qui lui permettait de peut-être sauver sa peau en cas d'alternance." Ainsi, on l'a vu enterrer l'A45 (Lyon/St-Etienne) avant que l'Elysée ne lance les appels d'offres européens. Ou asséner, en pleine conférence de presse, que le contournement ouest de Lyon n'était "ni finançable, ni faisable, ni raccordable" avant que le ministre des Transports ne rappelle l'engagement de l'Etat.

A son arrivée entre Rhône et Saône en novembre 2010, Jean-François Carenco a infléchi l'action de son prédécesseur sur plusieurs domaines. A la différence de Jacques Gérault, il a refusé de placer Roms et SDF dans des gymnases pendant l'hiver, préférant autant que possible ouvrir des structures pérennes. Il a aussi offert l'hôtel aux mamans avec enfants en bas âge. Ces dernières semaines, il a aussi régularisé une centaine de Roms. "C'est un humaniste, tiraillé entre son devoir d'appliquer la loi et ses convictions plus sociales", analyse un observateur. Ce profil lui épargnera-t-il les foudres socialistes ?

Collomb à Paris : "Vous me le laissez !"

Plaident en sa faveur les rapports cordiaux qu’il entretient avec Gérard Collomb qui, s'il n'est pas ministre, sera en tout cas choyé par l’Elysée. Celui-ci avait peu de relations avec l'ancien préfet, Jacques Gérault. "Dès son arrivée, Carenco a été demandeur. Collomb et lui s'appellent en direct. Ils s'entendent bien", raconte une collaboratrice du maire de Lyon. C'est ainsi que le représentant de l'Etat a eu la courtoisie de prévenir le socialiste de la venue de Nicolas Sarkozy à Eurexpo, lors de la campagne. L’un et l’autre partagent le même regard critique sur l’A45, ils ont cependant divergé sur l'organisation des transports.

Le président de la communauté urbaine apprécie son sens de l'initiative. "Sur l’Idex, sur le sauvetage d’entreprises en difficulté, il s’est mouillé à fond", souligne Gérard Collomb. "Quand ça coince, comme entre le conseil général et l’agglomération, il recherche le point de convergence, il met du liant", ajoute-t-il. Autant de qualités qui ont fait de Carenco un interlocuteur apprécié du maire de Lyon. "Vous me le laissez", a même demandé Collomb à des huiles parisiennes. Pourrait-il même le maintenir à Lyon contre son gré ?

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