Christian Termoz-Mazan, 1er adjoint Les Républicains du 6e arrondissement de Lyon, est l'invité de 6 minutes chrono - Lyon Capitale.
Premier adjoint Les Républicains du 6ᵉ arrondissement de Lyon, Christian Termoz-Mazan s’élève contre la décision de la majorité écologiste de créer un comité mémoriel et de s’interroger sur le nom de la rue Bugeaud. Pour l’élu, la démarche est avant tout politique. "On est à six mois des élections municipales. Traiter un sujet aussi sensible maintenant, c’est faire de la politique, pas de l’histoire", affirme-t-il sur le plateau de 6 Minutes Chrono. Il estime que la méthode employée par la Ville de Lyon manque de sérénité et de légitimité : le comité, selon lui, s’est réuni avant même son vote officiel au conseil municipal. Derrière la question du maréchal Bugeaud, il dénonce une instrumentalisation du passé à des fins électoralistes. "Tous les historiens ne sont pas d’accord. Il faut en parler sereinement, sans précipitation et sans instrumentalisation", insiste-t-il.
Christian Termoz-Mazan plaide pour une approche pédagogique plutôt que punitive. "La meilleure solution serait une plaque explicative, pas une censure. Il faut contextualiser, pas effacer", propose-t-il. Selon lui, débaptiser une rue entraîne des conséquences techniques et financières, sans véritable bénéfice pour la population. L’élu souligne par ailleurs que "personne ne connaît Bugeaud" et que les Lyonnais ont aujourd’hui "d’autres préoccupations plus urgentes".
La retranscription intégrale de l'entretien avec Christian Termoz-Mazan
Bonjour à tous et bienvenue. Vous regardez 6 minutes chrono, le rendez-vous quotidien de la rédaction de Lyon Capitale. Aujourd’hui, nous sommes avec Christian Termoz-Mazan. Bonjour. Vous êtes premier adjoint Les Républicains du 6ᵉ arrondissement. On vous a invité parce qu’on voulait revenir avec vous sur une décision de la Ville de Lyon : le lancement d’un comité mémoriel. Il y a quelques jours, à votre place, se tenait l’adjoint en charge de ce comité, qui va se pencher d’abord sur une rue lyonnaise, une rue de votre arrondissement : la rue Bugeaud. L’idée est de faire appel à un comité scientifique pour savoir si ce nom de rue reflète bien les valeurs de la Ville de Lyon. Vous partez avec quel a priori sur le travail de ce comité, et notamment sur cette rue Bugeaud ?
Je suis d’abord premier adjoint à la mairie du 6ᵉ arrondissement et je remplace le maire empêché, Pascal Blache. Nous avons beaucoup contesté ce comité, car il a été réuni avant même d’avoir été voté lors du dernier conseil municipal. Ce n’était pas légal selon nous : il s’est réuni les 8 juillet et 17 septembre, alors que la délibération n’a été votée que le 25 septembre. Cela nous a beaucoup déplu. Nous sommes opposés à cette démarche de débaptisation de la rue Bugeaud.
Pourquoi êtes-vous opposé ? Les écologistes expliquent qu’il s’agit d’un maréchal ayant mené une campagne d’Algérie très violente, la fameuse politique de la terre brûlée. Vouloir conserver ce nom, est-ce une manière de cautionner ?
Pas du tout. Je pense que le timing est très mauvais, car on est à six mois des élections municipales et d’arrondissement. Ce n’est pas possible de traiter un sujet aussi sensible dans un tel contexte : cela devient polémique, politique et électoraliste. Nous y sommes opposés, mais nous voulons bien discuter, échanger. Tous les historiens ne sont pas d’accord avec la position écologiste de M. Doucet. Nous souhaitons un vrai débat, sans instrumentalisation de l’histoire. L’histoire n’est pas une science exacte : il faut en parler de façon sereine et paisible, sans se précipiter à la veille d’élections.
Ce qui vous gêne, c’est de relire l’histoire après coup ?
Oui, bien sûr. Comme le disait Paul Valéry, « la mémoire est l’avenir du passé ». Il faut échanger sereinement. Ce n’est pas à M. Doucet de décider seul du sort de la rue Bugeaud. Il faut une concertation avec les habitants, les associations, les commerçants ; c’est une rue très commerçante. Rebaptiser une rue pose des problèmes techniques et financiers. On ne change pas un nom de rue sans accompagnement. Peut-être qu’on la débaptisera un jour, mais la meilleure solution serait de poser une plaque explicative présentant la personnalité du maréchal Bugeaud, pour contextualiser son histoire. Il n’a pas fait que du bien, certes, mais pas que du mal non plus. Expliquer vaut mieux que censurer.
La plaque pédagogique, c’est ce qu’a choisi la ville de Périgueux pour une statue, par exemple.
Tout à fait. Je pense que c’est la bonne solution : cela permettrait de calmer le jeu.
Vous entendez tout de même le problème moral que cela pose ?
Bien sûr que nous l’entendons. Nous souhaitons participer à ce comité, maintenant qu’il est devenu légal. Nous y siégerons avec des associations et des personnes compétentes du 6ᵉ arrondissement, pour échanger avec les historiens. Mais nous avons le temps. Ce comité aurait dû être créé entre 2020 et 2022. Il ne l’a été qu’en septembre 2025, ce qui montre bien son caractère électoraliste.
Et vous avez l’impression que ce sujet travaille vraiment l’opinion publique lyonnaise ?
Pas du tout. Il y a tellement de sujets plus importants. Personne ne connaît Bugeaud. J’ai interrogé beaucoup d’habitants de la rue : ils ne savent pas qui il était. Ils ont d’autres préoccupations, économiques et politiques, que cette rue devenue un pseudo-problème à six mois des élections.
Y a-t-il des rues à Lyon dont le nom, à l’inverse, vous poserait problème ?
Pas forcément. On peut toujours discuter de la rue Stalingrad, par exemple, ou d’autres. Mais à la limite, ce n’est pas très grave : l’histoire est ce qu’elle est. On peut en débattre, mais on ne la refait pas. Et si on demandait aux Corses de débaptiser toutes les rues qui portent le nom de Napoléon ou Bonaparte, il y aurait du travail.