Illustration cigarette. (YURI CORTEZ VIA AFP)

Dépistage du cancer du poumon : "Il ne faudrait pas prendre plus de retard"

Sébastien Couraud est membre du collectif Ensemble Nous Poumons et chef du service pneumologie de l'hôpital Lyon Sud des HCL. Il était connecté lors de l'émission "6 Minutes Chrono" de Lyon Capitale pour exposer les enjeux du dépistage du cancer du poumon auprès des fumeurs et ex-fumeurs.

Le Professeur Couraud explique le gain d'un dépistage du cancer du poumon précoce : "On va réduire la mortalité par cancer du poumon d'environ 20% des cas, ce qui est quand même tout à fait considérable pour les patients, ce d'autant que le traitement est quand même beaucoup plus simple, moins coûteux. L'augmentation de l'espérance de vie est importante, ce d'autant qu'on s'adresse à une population générale. Ce qu'il faut bien comprendre, c'est que quand on va faire du dépistage du cancer du poumon, on va le faire en réalité dans une population globale, dans une population du tout venant, pas simplement des gens qui ont une maladie. Et c'est cette population dont on va augmenter l'espérance de vie. Pourquoi ? Parce qu'on va aussi finalement jouer sur d'autres facteurs. Vous le savez, le cancer du poumon survient surtout chez les fumeurs. Avec le dépistage du cancer du poumon, on va proposer des actions de tabacologie qui vont permettre d'accompagner les fumeurs même à l'arrêt. Et cela joue aussi sur l'espérance de vie."

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Sur les retards français quant à la mise en place du dépistage du cancer du poumon : "On n'est pas spécialement les plus en avance. On n'est pas les plus en retard non plus. C'est un peu les deux. Effectivement, on a un petit peu de retard par rapport aux autres pays, notamment nos collègues croates, nos collègues polonais sont bien en avance par rapport à nous. Les Anglais aussi ont vraiment un programme très intéressant, très bien fait, très ambitieux, très efficace, qu'ils ont mis en place en juin 2023. En 18 mois, ils ont recruté, ils ont annoncé il y a quelques jours qu'ils avaient dépisté leur 5000e cancer du poumon. Donc, c'est vraiment très important. Il y a plusieurs millions d'Anglais qui sont d'ores et déjà invités et engagés dans ce programme. Ils fonctionnent vraiment très bien. En France, il ne faudrait pas qu'on prenne plus de retard pour être tout à fait honnête. On est dans le même timing que nos collègues allemands. Et il ne faudrait pas prendre plus de retard. Aujourd'hui, les explications sont complexes, elles sont multifactorielles. C'est plutôt une histoire d'opportunité. Aujourd'hui, tous les voyants sont au vert pour qu'on puisse avancer. Il ne faut pas prendre de retard. Il faut y aller. On envisage le déploiement d'un programme pilote en 2025 qui est le bon timing. Il ne faut surtout pas reculer. Il faut vraiment qu'on s'y lance de la manière la plus enthousiasmante possible."

Plus de détails dans la vidéo :

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Bonjour à tous, bienvenue dans l'émission 6 minutes chrono, le rendez-vous quotidien de la rédaction de Lyon Capitale aujourd'hui. On va parler du dépistage du cancer du poumon avec le professeur Sébastien Couraud qui est membre du collectif Ensemble Nous Poumons et surtout chef du service pneumologie de l'hôpital Lyon Sud. Bonjour professeur Sébastien Couraud. Merci d'être connecté avec nous aujourd'hui. On va rentrer dans le vif du sujet. Quel est l'intérêt du dépistage précoce du cancer du poumon ? Quel est le gain pour un dépistage précoce de ce cancer ? 

L'intérêt est majeur. Le cancer du poumon est la première cause de mortalité par cancer en France et dans le monde. C'est vraiment important à comprendre. C'est une cause de mortalité très importante. Tout simplement, le dépistage va permettre de réduire la mortalité, donc d'augmenter l'espérance de vie des gens qui sont atteints de cancer du poumon. Ça vient de quelque chose de très simple à comprendre. Habituellement, lorsqu'on diagnostique un cancer du poumon, dans plus de trois quarts des cas, on va le diagnostiquer de manière assez tardive, à un moment où il envahit déjà beaucoup d'organes et au moment où le traitement est plus difficile. Le dépistage va simplement permettre de détecter le cancer à un stade beaucoup plus précoce, bien avant, où il est beaucoup plus facile de le traiter. On va tout simplement augmenter l'espérance de vie des gens que l'on va prendre en charge et réduire la mortalité par le cancer du poumon. 

Et le gain, ce que vous disiez sur l'augmentation les chances de survie, c'est ça finalement ? Et significatif, ce n'est pas insignifiant finalement ? 

Non, ce n'est pas insignifiant. Vous avez tout à fait raison de poser cette question. Encore une fois, ce n'est pas insignifiant. On va réduire la mortalité par cancer du poumon d'environ 20% des cas, ce qui est quand même tout à fait considérable et notamment pour les patients, ce d'autant que le traitement est quand même beaucoup plus simple, moins coûteux. L'augmentation de l'espérance de vie est importante, ce d'autant qu'on s'adresse à une population générale. Ce qu'il faut bien comprendre, c'est que quand on va faire du dépistage du cancer du poumon, on va le faire en réalité dans une population globale, dans une population du tout venant, pas simplement des gens qui ont une maladie. Et c'est cette population dont on va augmenter l'espérance de vie. Pourquoi ? Parce qu'on va aussi finalement jouer sur d'autres facteurs. Vous le savez, le cancer du poumon survient surtout chez les fumeurs. Avec le dépistage du cancer du poumon, on va proposer des actions de tabacologie qui vont permettre d'accompagner les fumeurs même à l'arrêt. Et cela joue aussi sur l'espérance de vie. 

Vous avez parlé un peu du public concerné en parlant des fumeurs. Sont-ce les seuls qui sont concernés par le dépistage et ce sont les seuls qui doivent se déplacer ou d'autres populations peuvent aussi faire ce dépistage ? 

Très bonne question. Pour le moment, le dépistage est réservé plutôt aux fumeurs et aux anciens fumeurs. Pourquoi ? Parce que c'est vers cette population que la science a démontré que c'était efficace. On sait que c'est efficace dans cette population-là. Globalement, les personnes de 50 à 74 ans qui fument ou qui ont fumé plus de 20 paquets-années, au cours de leur vie, soit des fumeurs actifs, soit des gens qui ont arrêté depuis moins de 15 ans. Je vais vous expliquer ce que c'est que le paquet années juste après. Le paquet-années est un indicateur dont on se sert, qui n'est pas génial, mais on n'a pas trouvé mieux pour le moment. Un paquet années, c'est un paquet par jour pendant un an. Si vous fumez, par exemple, deux paquets par jour pendant 10 ans, vous serez à 20 paquets années. Et c'est une façon qu'on a, nous, de calculer l'intensité du tabagisme. Et c'est à ces personnes-là qu'on va proposer le dépistage du cancer du poumon, parce qu'on sait que ce sont ceux qui sont le plus à risque aujourd'hui de développer un cancer du poumon. 

Très bien. J'aimerais aussi qu'on parle des retards français. On dit souvent que notre pays a du retard par rapport à ses voisins européens sur le créneau des dépistages du cancer du poumon. D'abord, est-ce que c'est vrai ? Et puis, quelles sont les principales raisons, finalement ? 

Oui, ce n'est pas faux. On n'est pas spécialement les plus en avance. On n'est pas les plus en retard non plus. C'est un peu les deux. Effectivement, on a un petit peu de retard par rapport aux autres pays, notamment nos collègues croates, nos collègues polonais sont bien en avance par rapport à nous. Les Anglais aussi ont vraiment un programme très intéressant, très bien fait, très ambitieux, très efficace, qu'ils ont mis en place en juin 2023. En 18 mois, ils ont recruté, ils ont annoncé il y a quelques jours qu'ils avaient dépisté leur 5000e cancer du poumon. Donc, c'est vraiment très important. Il y a plusieurs millions d'Anglais qui sont d'ores et déjà invités et engagés dans ce programme. Ils fonctionnent vraiment très bien. En France, il ne faudrait pas qu'on prenne plus de retard pour être tout à fait honnête. On est dans le même timing que nos collègues allemands. Et il ne faudrait pas prendre plus de retard. Aujourd'hui, les explications sont complexes, elles sont multifactorielles. C'est plutôt une histoire d'opportunité. Aujourd'hui, tous les voyants sont au vert pour qu'on puisse avancer. Il ne faut pas prendre de retard. Il faut y aller. On envisage le déploiement d'un programme pilote en 2025 qui est le bon timing. Il ne faut surtout pas reculer. Il faut vraiment qu'on s'y lance de la manière la plus enthousiasmante possible. 

Ce sera le mot de la fin. Merci beaucoup professeur Couraud pour ces explications sur le dépistage du cancer du poumon. Quant à vous, chers téléspectateurs, je vous remercie d'avoir suivi cette émission. Vous pouvez retrouver plus de détails sur l'actualité de la santé à Lyon et dans le Rhône sur le site lyoncapitale.fr ainsi que dans la description de cet article. Je vous remercie. Bonne journée à vous.  

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