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VALERY HACHE / AFP

Ado de 14 ans mariée à un djihadiste: les parents témoignent

“Ma fille n’est pas mariée religieusement. Elle s’est retrouvée au mauvais endroit, au mauvais moment.” Pour la première fois, les parents de l’adolescente de 14 ans interpellée à Vaulx-en-Velin le 16 septembre dernier, en compagnie de présumés recruteurs pour le djihad, ont décidé de parler. Ils ont livré une version qui diffère sensiblement de celle relatée jusque-là par les autorités judiciaires et policières.

Voilà une semaine que cette famille de six enfants est prise dans une tourmente médiatique et judiciaire. Les 16 et 17 septembre derniers, un coup de filet antiterroriste en région lyonnaise aboutit à l'interpellation de six personnes, dont deux mineures, arrêtées dans le cadre d'une enquête préliminaire ouverte par la section antiterroriste du parquet de Paris pour "association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste". La Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI) travaillait sur une filière de recrutement djihadiste vers la Syrie.

Lors de cette série d'arrestations, les enquêteurs seront surpris de découvrir une adolescente de 14 ans sans aucun lien de parenté avec le reste des personnes interpellées. On apprendra plus tard que cette jeune fille se trouvait là car elle était mariée religieusement avec un homme d'une vingtaine d'années, arrêté lui aussi dans le cadre de l'opération antidjihadiste conduite à Meyzieu et Vaux-en-Velin. Mais une autre version est aujourd'hui apportée par les parents de l'adolescente.

Au mauvais endroit, au mauvais moment

Selon eux, leur fille de 14 ans n'a jamais été mariée religieusement. "Elle s'est retrouvée au mauvais endroit, au mauvais moment", explique sa mère. Depuis quelques mois en effet, la jeune fille correspondait via Facebook avec une femme de 34 ans soupçonnée de participer au recrutement de jeunes filles candidates au djihad. Elle fait partie des personnes arrêtées les 16 et 17 septembre.

"Ma fille avait l'habitude de passer des week-ends à Lyon pour la voir. Ce lundi soir, elle devait revenir à la maison, mais ma fille, qui portait le niqab, a été arrêtée en gare de la Part-Dieu. Les policiers, après nous avoir avertis, l'ont laissée partir vers 21h. C'était trop tard pour prendre le train du retour, j'ai préféré qu'elle reste chez son amie."

L'information selon laquelle cette adolescente était mariée religieusement semble provenir de l'interrogatoire, consigné dans une déposition, d'une des personnes interpellées près de Lyon.

Une enquête préliminaire a été ordonnée par le parquet de Valence, qui cherche à déterminer une éventuelle défaillance parentale. L'enfant a fait l'objet d'un placement dans une famille d'accueil.

Est-elle tombée dans les abîmes d'un islam radical ? "Pas du tout", réfutent les deux parents. "Elle ne pouvait pas partir en Syrie, elle avait son passeport chez nous. Et puis elle nous en aurait parlé", assure la mère de l'adolescente, âgée de 43 ans, catholique convertie à l'islam il y a maintenant onze ans, tout comme son mari. Depuis l'annonce de l'arrestation puis du placement de leur fille, la famille s'inquiète des jugements émis à leur encontre et explique vivre avec "une boule au ventre".

“Je ne veux pas de problèmes”

"On est montrés du doigt comme des islamistes intégristes, nous ne sommes pas du tout comme cela, nous aimons simplement notre religion." Un choix de vie que le couple assume totalement. La mère porte un large voile, qui lui tombe jusqu'aux pieds. Ses deux filles âgées de 15 et 14 ans ont même décidé de porter le niqab.
"Mais je leur ai dit que je ne voulais pas de problèmes et qu'il fallait l'enlever, en rappelant à mes filles que la loi en France interdisait le port du voile intégral", précise le père de la famille. "C'est vrai que je les ai élevées dans la religion musulmane, mais après elles font leur choix", souligne la mère, qui rappelle que deux de ses filles nées d'un premier mariage, qui sont aujourd'hui âgées de 24 et 21 ans, ne sont absolument pas pratiquantes.

Signalement

Originaire de la région lyonnaise, le couple s'est installé dans cette petite commune du nord de la Drôme en février dernier, "simplement car nous y avons trouvé un appartement", raconte le père. Avec leurs enfants, ils vivent au dernier étage d'un petit immeuble au sein d'une minuscule cité sans histoires, en bordure d'un parc. Selon nos informations, cette famille avait fait l'objet de signalements au renseignement intérieur (RI) après leur installation dans ce petit village drômois.

Aujourd'hui, les parents aspirent à retrouver la garde de leur fille. Une audience d'appel est prévue à Grenoble le 28 novembre, pour décider du sort de l'adolescente.

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