Profusion de cadeaux, abondance de nourriture, décorations et papiers jetables… La période de Noël est bien souvent synonyme de consommation excessive. Et si cette année, on faisait un pas de côté en pensant un peu plus à la planète ? Conseils pour passer un Noël durable avec ses enfants, tout en gardant la magie des fêtes.
Selon l’Agence de la transition écologique (Ademe), les Français émettent 1 % de leurs émissions de gaz à effet de serre annuelles au moment de Noël, ce qui représente 6,3 millions de tonnes équivalent CO2 ! Les principaux coupables ? Les cadeaux – et notamment les produits high-tech – suivis de près par les déplacements – essentiellement en voiture – tandis que l’alimentation ne représente “que” 15 % des émission de CO2 liées à Noël. Contre toute attente, ce sont les décorations et les déchets qui ont le plus faible impact environnemental. Si ces chiffres dévoilent l’ampleur du phénomène, ils ont l’avantage de donner des pistes d’amélioration concrètes.
Inscrire Noël dans une continuité
Durant cette période qui pousse à la surconsommation, les enfants et ados sont soumis à de multiples tentations relayées par les médias, les réseaux sociaux, leurs pairs… C’est une belle occasion de les sensibiliser à la consommation responsable et aux gestes écologiques. “Plutôt que de se focaliser uniquement sur Noël, on peut utiliser tous les événements qui incitent à beaucoup consommer, tels que les soldes ou encore le Black Friday, afin de mener avec ses enfants une réflexion plus large sur la consommation, et comment on peut l’envisager tout en protégeant la planète. C’est ce qui nous permettra d’être cohérent tout au long de l’année”, explique Matthieu Chéreau, consultant, auteur du livre Préparons nos enfants à demain(1), et fondateur de LA FAM IA, qui propose de découvrir et pratiquer l’IA en famille(2). Une cohérence qui permet de rester fidèle à nos convictions, et qui donnera du poids à nos propos. “Essayer d’être écoresponsable à Noël, c’est bien, mais le mieux c’est de le rattacher à nos comportements quotidiens, explique Carlos, père de deux enfants de 9 et 12 ans. J’ai aussi échangé avec mes enfants autour de cette fête en tant que telle, et sur le fait qu’elle ait été récemment rattachée à un événement consumériste. L’idée, ce n’est pas de remettre en question Noël mais d’avoir une réflexion sur l’utilisation qu’on en fait aujourd’hui. Cela invite à revenir à nos priorités, comme le partage, la joie de faire plaisir…”
Donner les clés d’une consommation responsable
Bien évidemment, on adapte son discours à l’âge de l’enfant. Quand il est petit et croit encore au père Noël, le plus important est de montrer l’exemple, sans lui faire la leçon. On peut par exemple lui dire que l’on est aussi tenté par plein de choses, mais que l’on fait attention à ce que l’on choisit. Et on lui fait comprendre ce qui nous tient le plus à cœur. On lui transmet ainsi nos valeurs, tout en remettant les choses à leur juste place : certes, c’est agréable de recevoir des cadeaux, mais rien ne vaut le plaisir d’être ensemble, de sortir certaines personnes de leur solitude, d’avoir des temps de qualité et partagés… Lorsqu’il grandit, l’idéal est de pouvoir échanger avec lui librement, et de lui donner des clés de compréhension du monde dans lequel il vit. On évite les explications anxiogènes et culpabilisantes qui créent de l’angoisse et peuvent à terme déclencher de l’éco-anxiété. On s’attache plutôt à donner des exemples motivants, on met l’accent sur la responsabilité de chacun, l’impact positif de nos actes et la fierté que l’on peut en tirer. “L’idée c’est de faire comprendre à son enfant les enjeux éthiques et environnementaux derrière chaque achat, recommande Matthieu Chéreau. On va se servir de Noël pour donner à nos enfants une vision plus large du monde. On leur explique que commander ou acheter un cadeau, c’est l’occasion de se faire plaisir ou de faire plaisir à quelqu’un, mais aussi de faire du bien à la planète. En effet, pour chaque cadeau, il peut se demander s’il a été produit dans le respect de l’environnement et des personnes qui l’ont fabriqué. Ainsi il deviendra vraiment acteur de sa consommation. On n’impose rien de manière unilatérale, on lui donne juste la possibilité de choisir en toute conscience.”
Privilégier les cadeaux écolos
Si l’on veut réduire le désastreux bilan carbone des cadeaux de Noël, on peut tout simplement diminuer leur quantité. On peut aussi aider son enfant à se rendre compte des influences qu’il subit de toutes parts – grandes marques, influenceurs, amis… – et à décrypter les ficelles du marketing. On en profitera pour lui rappeler que le bonheur ne se trouve pas dans la consommation. Elle crée un plaisir immédiat qui donne rapidement envie de consommer à nouveau. Cela n’empêche pas d’avoir des envies, mais cela peut aider à distinguer celles qui comptent vraiment. C’est aussi l’occasion de lui faire prendre conscience de ce qu’il a déjà, cela diminuera son sentiment de frustration. Quant au choix d’un cadeau écoresponsable, il peut s’avérer très ludique : c’est l’occasion de dénicher les produits locaux, de fabrication artisanale et éthique, et souvent de découvrir de belles histoires. On n’hésite pas à privilégier les produits de seconde main, issus du réemploi ou encore fabriqués en matière naturelle ou recyclée… Quant au high-tech, on mise sur le reconditionné. “Pour Noël, j’aime bien que l’on m’offre des produits à manger ou à boire, comme des tartinables de producteurs du coin, des sucreries locales… Je suis très gourmande, et c’est la perspective de bons moments à partager avec mes amis. C’est aussi une bonne alternative qui respecte mes souhaits de peu consommer et de respecter l’environnement”, explique Zoé, 21 ans. Les livres sont un excellent choix, pour toutes les raisons que l’on connaît, mais aussi car ils ont un bilan carbone très faible ! On n’hésitera pas à mettre l’accent sur des cadeaux qui offrent la possibilité de moments privilégiés comme les jeux de société, un spectacle, un atelier… “C’est une belle occasion de s’interroger avec son enfant sur la notion de valeur. Une expérience, même moins chère qu’un objet, aura plus de valeur car elle crée des souvenirs. Alors que le plaisir lié à un cadeau matériel est plus éphémère”, ajoute Matthieu Chéreau. Évidemment, il s’agit de rester souple et de ne pas se braquer, mais bien de redonner du sens à Noël.
Réinventer la fête
Vivre un Noël écoresponsable, cela peut être le prétexte pour inaugurer de nouveaux rituels festifs. On peut par exemple faire un joyeux tri dans ses jouets et vêtements dans l’intention d’en faire don à une œuvre caritative. C’est également l’occasion de s’amuser à varier les emballages cadeaux en privilégiant ceux qui pourront être réutilisés ou qui se recyclent : sacs à cadeaux, morceaux de tissus, jolies boîtes en carton, feuilles de papier journal ou de magazine… Profitez-en pour vous initier, avec votre enfant, à la technique du furoshiki, cette tradition japonaise qui consiste à emballer ses cadeaux dans un beau tissu. Côté décorations, les enfants se feront un plaisir d’en fabriquer eux-mêmes. Invitez-les à choisir des matériaux naturels, recyclés ou recyclables : pommes de pin, branches de sapin, feuilles mortes, cartons, chutes de tissus… N’hésitez pas à inclure vos enfants dans le choix et la préparation du repas de Noël. L’occasion d’aller faire les courses ensemble chez de petits producteurs, de privilégier les produits locaux et de saison, de choisir son menu en faisant la part belle aux options végétariennes…
Par ailleurs, les parents n’oublieront pas de jouer les diplomates en amont afin de ménager certaines susceptibilités et éviter les frictions entre jeunes engagés et grands-parents coincés dans le passé. “Les enfants et adolescents peuvent exprimer une demande pour eux, et c’est bien qu’elle soit respectée. En revanche, ils ne peuvent attendre que leurs grands-parents aient un comportement exemplaire, et doivent accepter que d’autres personnes aient des positions différentes des leurs. Après tout, cela peut être l’objet d’échanges constructifs, du moment que cela se fait dans le respect de chacun”, conclut Matthieu Chéreau.
Céline Rapinat
- Éditions Eyrolles
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