Et si l’on payait le prix réel de nos services publics ? Derrière un ticket TCL à 2,1 euros, une heure de garde en crèche à 1,5 euro ou une entrée de piscine à 4 euros, se cachent des coûts bien plus élevés pris en charge par les collectivités alors que, dans le même temps, les budgets locaux se resserrent.
C’est une marotte française : les services publics fonctionneraient mal et, selon certains, iraient même jusqu’à pénaliser la population. Un sondage Ifop de 2024 montre également que la moitié des Français ne seraient pas satisfaits par le service public. Et pourtant. Que se passerait-il si le coût des services publics n’était plus mutualisé ? Si, soudainement, les habitants devaient payer 100 % du service ? Une fiction certes inenvisageable tant notre modèle social repose sur le partage des ressources via l’impôt et la mise en commun des charges via les institutions publiques, mais qui permet de prendre conscience du poids des services publics dans nos vies, et ce qu’elles seraient si nous n’y avions pas accès.
Parmi les exemples, sur le volet des transports en commun, il faudrait compter rien moins que… 7,2 euros pour un trajet sur le réseau lyonnais contre 2,1 euros aujourd’hui. Plus encore : l’abonnement mensuel passerait à 253 euros contre 74,1 euros aujourd’hui, soit une augmentation de +240 %. Un exemple qui s’applique dans bien d’autres domaines : bibliothèque, TER, eau, crèche, cantine, parking… [voir page suivante].
Autant de services qui, s’ils étaient privatisés, seraient inaccessibles non seulement aux ménages les plus modestes mais à une large partie de la population. Pour le contexte : si 60 % des ménages de l’agglomération lyonnaise sont imposés, le revenu médian par habitant est de seulement 24 000 euros (Insee) par an et 70 % de la population est éligible au logement social. Concrètement, le risque serait alors celui d’une société à plusieurs vitesses : ceux, d’un côté, qui pourraient s’offrir l’accès aux soins, à l’éducation supérieure, aux transports, et, de l’autre, ceux qui devraient y renoncer ou alors subir un service dégradé. L’actualité médiatique américaine, où le système de santé est en partie privatisé, donne un exemple des violences concrètes que peut engendrer un tel modèle : le procès de Luigi Mangione, cet homme de 27 ans accusé de l’assassinat du directeur d’une mutuelle, va s’ouvrir en décembre, et l’accusé jouit d’une popularité étonnante, devenu le symbole de la colère contre l’establishment et ses privilèges sociaux.
Les dépenses publiques : 57 % du PIB
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