Laurent Mauvignier figure dans le dernier carré des candidats sélectionnés pour le prix Goncourt 2025, avec La Maison vide. Verdict le 4 novembre.
C’est une formidable fresque familiale (750 pages quand même !) au cours de laquelle l’écrivain imagine la vie de ses ancêtres paternels, sur trois générations. La quête se fait à partir de quelques éléments qu’il a sous les yeux, quelques lettres, de vieux clichés où le visage de sa grand-mère Ernestine a été soigneusement découpé, une médaille, des traces de sang qui persistent sur le parquet après des décennies, et surtout une maison vide et poussiéreuse au cœur d’une province française.
Par une sorte de miracle littéraire, il parvient à leur donner une voix, une présence, un destin bousculé par les deux guerres mondiales du siècle dernier. L’arrière-grand-mère contrainte à mariage forcé dont l’existence est aussi émouvante que celle d’Emma Bovary…Sa fille qui tente de s’émanciper par des amours illicites, homosexuelles, mais aussi avec un officier allemand, ce qui lui vaudra d’être tondue à la Libération… Leurs époux légitimes qui ne savent quelle attitude adopter.
Au-delà de ces personnages inoubliables, c’est toute l’histoire de France et la psychologie de temps révolus que Mauvignier rend palpables.
Avec une langue dont l’amplitude et la beauté n’ont d’égales que la précision et la justesse. Un roman qui continue de nous hanter après qu’on l’a refermé.
La Maison vide – Laurent Mauvignier, éditions de Minuit, 750 p., 25 €.
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