Les gestes des artisans sont les mêmes depuis le Moyen Âge @AntoineMerlet
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Grandes sagas d’entreprises : Vitrail Saint-Georges, passeur de lumière

Depuis 1852, les maîtres verriers transmettent leur savoir-faire unique dans la région. Un héritage qui porte ses fruits avec les vitraux de Notre-Dame de Paris rénovés aujourd’hui dans les ateliers lyonnais.

Heureux soient les fêlés, car ils laisseront passer la lumière”, se plaisait à dire le dialoguiste Michel Audiard. Une référence aux Béatitudes qui semble taillée sur mesure pour les artisans de Vitrail Saint-Georges, basé à Saint-Genis-les-Ollières. La résilience de cet atelier à travers les âges impressionne. Encore en 2022, les gestes perdurent depuis le IXe siècle dans cette noble caste des maîtres verriers. Voilà 170 ans que l’entreprise, alors implantée à Grigny, se transmet de maître à apprenti, et depuis deux générations, de père en fils. Fort d’un savoir-faire multiséculaire, l’atelier de douze artisans a pourtant connu des épisodes de vaches maigres, frappé souvent par les grands mouvements de l’Histoire telle la sécularisation de la société. Mais il y eut aussi des périodes fastes, faisant des ateliers Saint-Georges une pépite rare dans la région, avec plusieurs marchés remportés à l’international dès le début et tout au long du XXe siècle.
Le vitrail religieux constitue la très large majorité de l’activité de l’atelier @AntoineMerlet
Cependant, c’est aujourd’hui que l’entreprise connaît sa véritable consécration : elle a remporté le marché de Notre-Dame de Paris afin de rénover 400 m² de vitraux du chœur bas de la cathédrale, endommagés par l’incendie de 2019. Un véritable morceau d’Histoire à seulement quinze minutes de Lyon. “Cinquante générations nous contemplent”, s’émeut Jean Mône, l’actuel dirigeant de la PME. Une fierté locale qui éclipserait presque les autres prestigieux travaux des artisans, qui rénovent pourtant avec la même ardeur les vitraux d’une chapelle de la Loire que les lettres dorées du fronton de l’Assemblée nationale, ou bien encore la coupole en verre des Galeries Lafayette à Paris.
La technique de la peinture sur verre, pour les détails, s’appelle la grisaille et consiste à bloquer le passage de la lumière @AntoineMerlet

Des débuts faciles, portés par un contexte favorable

Toutefois, cette aventure entrepreneuriale n’était pas écrite par avance lorsque Jean-Baptiste Barrelon lança à Grigny son atelier, en 1851, avec ses amis Bessac et le peintre Joséphus Veyrat. Originaire de Saint-Chamond, ce fils de serrurier croyait en sa bonne étoile : sorti des Beaux-Arts, alors au palais Saint-Pierre sur la place des Terreaux, avec les honneurs, tout semblait lui sourire. Le groupe se sépare onze ans plus tard et chacun lance son atelier respectif. Le gâteau était alors suffisamment important pour que tous y trouvent leur intérêt. De fait, l’époque était prospère en ce milieu du XIXe siècle pour les artisans du vitrail, portés par un fort dynamisme dans l’Église de France et plus particulièrement à Lyon. L’avènement de personnalités religieuses populaires dans tout le pays, voire au-delà, en témoigne. C’est la grande époque des Pauline Jaricot, du Curé d’Ars ou bien encore du père Chevrier à Lyon. L’Église de France envoie des missionnaires dans le monde entier et lance des travaux d’ampleur sur tout le territoire. La décennie est également marquée par les apparitions de la Vierge à La Salette en 1846 et à Lourdes en 1858. Autrement dit, si l’Église va bien, les affaires des maîtres verriers aussi.
@AntoineMerlet

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