Bernard Berthod, conservateur du musée de Fourvière, est l’invité de 6 minutes chrono / Lyon Capitale.
Jusqu’au 1er juin, le musée de Fourvière propose une exposition intéressante intitulée Prière, voyage chez les croyants du monde. À travers le regard sensible du photographe Ferrante Ferranti, le visiteur découvre des croyants du monde entier saisis dans des moments de recueillement. Une invitation à la réflexion sur la spiritualité universelle.
Un photographe du monde
Ferrante Ferranti est un photographe français passionné par la diversité humaine. "Il a une formation d'architecte, mais très jeune, il s'est intéressé à la photographie. Depuis 40 ans, il parcourt le monde à la recherche non pas de la photographie grandiose, mais de visages, de gestes, de la vie des habitants" explique Bernard Berthod
Ferranti s’est notamment illustré par ses clichés d’architecture religieuse et ses collaborations avec l’académicien Dominique Fernandez. Mais cette fois-ci, c’est à travers l’intimité spirituelle qu’il s’exprime, capturant des instants de prière issus des grandes traditions religieuses du monde : christianisme, islam, judaïsme, bouddhisme, animisme et bien d'autres.
Lire aussi : Lyon : plus qu'un mois pour découvrir l'exposition "Un Empire, des peuples" au musée Lugdunum
Un message universel
L’exposition s’inscrit dans le cadre d’une année sainte pour les catholiques. "Nous avons essayé de répondre à cette thématique en montrant des hommes et des femmes en prière à travers le monde", raconte Bernard Berthod. "Dans diverses religions, il y a des gestes qui se ressemblent, qui se rejoignent en quelque sorte. Cela montre que l'homme spirituel a souvent les mêmes élans, parfois les mêmes paroles."
Accessible à tous, croyants comme non-croyants, l’exposition est conçue pour éveiller la curiosité et la réflexion. "Un musée est fait pour instruire. Toutes les photos sont expliquées : le lieu, la pratique religieuse... Cela permet d’aller plus loin dans la connaissance", précise le conservateur.
Lire aussi : Lyon, raves et répression : retour sur les soirées électro des années 90
Un coup de cœur byzantin
Parmi la cinquantaine de photographies exposées, "mon coup de cœur est une photo prise au Mont Athos : un vieux moine médite dans un déambulatoire, entouré d'icônes. Cela me touche énormément."
Les visiteurs, eux, sont unanimes : les clichés captivent par leur beauté et leur profondeur. "Les gens sont frappés par la beauté des images. Il n’y a rien de modifié : c’est de la photographie pure, sans intelligence artificielle", conclut Bernard Berthod.
L’exposition Prière, voyage chez les croyants du monde est visible jusqu’au 1er juin au musée de Fourvière, à Lyon.
Lire aussi : "La peinture de fleurs à Lyon est liée à l'industrie de la soierie" rappelle Jérôme Tomaselli
La retranscription complète de l'émission avec Bernard Berthod :
Bonjour à tous, bienvenue dans l'émission 6 minutes chrono, le rendez-vous quotidien de la rédaction de Lyon Capitale. Aujourd'hui, on va parler de photographie puisqu'on va évoquer l'exposition Prières, voyage chez les croyants du monde. Elle se tient jusqu'au 1er juin au musée de Fourvière, qui se situe sur la colline du même nom. Le musée de Fourvière est un musée privé d'art religieux créé en 1960. Pour en parler, nous recevons Bernard Berthod, conservateur du musée de Fourvière. Bonjour Bernard Berthod.
Bonjour.
Alors on va rentrer un peu dans le vif du sujet. Cette exposition est une exposition de photographies de croyants de diverses religions du monde entier, réalisée par le photographe Ferrante Ferranti. On va peut-être commencer par présenter un peu le photographe : qui est-il ? Pouvez-vous, en quelques mots, nous le décrire ?
Bien sûr. Alors Ferrante, malgré son nom italien, est français ; son père était sicilien. Il a une formation d'architecte, mais très jeune, il s'est intéressé à la photographie. Depuis 40 ans, il parcourt le monde à la recherche non pas de la photographie grandiose, mais ce qu'il aime, c'est voir les gens, photographier les habitants d'une région, croyants ou non, les fermiers aussi. Bref, il veut rendre une image de l'homme et de la femme – de l'homme au sens générique – à travers ses photographies. C'est aussi quelqu'un qui a illustré les œuvres de Dominique Fernandez, de l'Académie française, ce qui l'a introduit dans le monde magnifique de l'architecture, car il est également un grand photographe de l'architecture médiévale, antique et baroque.
Dans cette exposition, il s'est intéressé à montrer l'homme dans sa dimension spirituelle. Comment a-t-il sélectionné les lieux et les moments de prière capturés dans ses photographies ? Pouvez-vous nous décrire un peu ce que l'on pourra voir ?
Oui. Alors, nous avons conçu cette exposition pour coller à l'actualité chrétienne, catholique, puisque cette année est une année sainte : tous les 25 ans, vous le savez, c'est une année sainte, et le pape défunt avait voulu orienter cette année sainte sur l'espérance. Nous avons donc essayé de répondre à cela. En discutant avec Ferrante, que je connais depuis de nombreuses années, nous nous sommes dit : pourquoi ne pas montrer des hommes et des femmes en prière à travers le monde ? Dans diverses religions, il y a des gestes qui se ressemblent, qui se rejoignent en quelque sorte. Petit à petit, nous avons sélectionné des images représentant toutes les religions du monde : de l'Asie extrême avec le bouddhisme, le shintoïsme, puis l'islam évidemment, les religions chrétiennes, la religion juive, et d'autres encore, pour montrer que l'homme en prière est finalement relativement semblable. L'homme spirituel a souvent les mêmes gestes, parfois les mêmes paroles. C'est donc intéressant de donner cela à voir au public français et étranger, car beaucoup d'étrangers passent également par Fourvière.
Une question peut-être un peu naïve : est-ce qu'on peut venir visiter même si l'on n'est pas croyant, même si l'on a peu de culture religieuse ?
Oui, bien sûr. Parce que, d'abord, nous expliquons les choses. Un musée est fait pour instruire, pour donner des éléments : on les prend ou on ne les prend pas. Toutes les photos sont expliquées : le lieu où la photo a été prise, la manière dont les croyants de ces religions prient, si vous voulez. On peut aller plus loin dans la connaissance, bien entendu. Mais il y a aussi la vision de l'homme et de la femme qui est présente, d'autres mentalités que la nôtre, d'autres religions évidemment. Il y a même des animistes qui sont montrés en photographie. Cela donne à voir que, partout dans le monde, parmi ces 7 milliards d'habitants de notre planète, il existe un dénominateur commun : la spiritualité.
C'est ça le fil rouge, en fait ?
C'est ça le fil rouge, absolument. Montrer que, partout dans le monde, des hommes et des femmes croient, chacun à leur manière, en quelque chose de supérieur à l'humain, et cherchent une spiritualité qui les aide à vivre, bien évidemment.
L'exposition a été lancée il y a déjà quelques mois. Quelles ont été les réactions des visiteurs ? Quels retours avez-vous eu ? Comment cela a-t-il été perçu à Lyon ?
Bien entendu. Depuis Pâques surtout, il y a beaucoup d'étrangers qui viennent, surtout des Européens d'ailleurs, qui viennent à Fourvière. Les gens sont d'abord frappés par la beauté des images, parce qu'elles sont vraiment magnifiques. Ferrante est architecte de formation, donc il sait « bâtir » une photographie, si vous voulez. Il est patient, il attend. Rien n'est modifié dans ses photographies : c'est vraiment de la photographie pure, il n'y a pas d'intelligence artificielle. Tout cela fait que l'on est devant des images qui vous captivent. C'est le premier niveau. Ensuite, les gens aiment savoir où les photos ont été prises. Certaines personnes sont déjà allées dans ces lieux mythiques. Voilà, ça se construit comme ça, mais nous avons eu d'excellents retours.
Une dernière question, car nous arrivons à la fin de l'émission : avez-vous un coup de cœur, en toute subjectivité ? Une photo qui, selon vous, est incontournable ou qui vous touche particulièrement ?
Oui. Alors, pour moi, le coup de cœur est une photo prise au Mont Athos. J'aime beaucoup le Mont Athos, cette spiritualité byzantine. Là, il y a un vieux moine qui est dans un déambulatoire, à côté d'une des grandes églises du Mont Athos, et qui médite, entouré de ces peintures d'icônes. Pour moi, cela me touche énormément. Esthétiquement, les photos prises en Orient, en Extrême-Orient, sont également très fortes, puisque vous me demandez un choix.
On assume le côté subjectif, c'est toujours intéressant. Merci beaucoup Bernard Berthod d'être venu dans notre émission pour nous présenter votre exposition. Je le rappelle : Prières, voyage chez les croyants du monde, jusqu'au 1er juin au musée de Fourvière, en haut de la colline. N'hésitez pas à aller la visiter. Merci d'avoir suivi cette émission. Vous pouvez aussi aller sur le site lyoncapitale.fr pour plus d'actualités culturelles dans la ville de Lyon. À très bientôt. Merci à tous.
Bientôt une exposition sur l'athéisme quelque part ?
😀