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Charles Pasi, l'inclassable

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Tour à tour jazzman, artiste de variété ou rocker, il va charmer Fourvière ce mercredi. Ce Parisien, bercé aux sons de Miles Davis, d'Otis Redding, de Ray Charles ou de Bob Dylan, va vous réconcilier avec l'harmonica. Un instrument qu'il a adopté à 17 ans par provocation.

Charles Pasi, chanteur et harmoniciste de talent, est reconnu par la profession depuis plusieurs années. Son premier album, Mainly Blues, l'a emmené en finale de l'International Blues Challenge de Memphis en 2007. Unanimement ovationné, sa réputation lui permet alors de jouer aux quatre coins du monde.Le premier concert lyonnais de l'artiste parisien, dans le cadre intimiste de la péniche Le Sirius le 11 mai 2011, a été un régal pour tous les mélomanes venus l'applaudir. Son jeu d'harmonica bluffant et sa voix éraillée ont retenti pendant près d'une heure et demie pour notre plus grand plaisir. Quelques heures avant le concert, nous nous installons en bord de quai avec Charles Pasi le temps de quelques confidences.

Un harmoniciste polymorphe

Son deuxième album Uncaged sorti le 27 mars exprime littéralement, comme il nous l'explique, une musique située "en dehors de la cage". "Il s'agit d'une métaphore par rapport aux labels, par rapport aux étiquettes que je refuse un peu. Cela correspond à ma volonté de ne pas être rangé dans une boîte", justifie-t-il.

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Au-delà de cette volonté personnelle, il y a le mélange des styles. Son premier album, Mainly Blues, a une identité blues très marquée. A l'inverse, à chaque titre,Uncaged nous fait voyager d'une ambiance à une autre sans aucun mal des transports. Pour preuve, les disquaires peinent à le classer dans une catégorie. Tantôt jazzman, tantôt artiste de variété internationale ou française, Charles Pasi foule une multitude styles musicaux. Soul, blues, jazz, rock se retrouvent dans ses titres. Inutile de chercher à le cataloguer.

A 17 ans, Charles commence l'harmonica. C'est le "mauvais a priori dont jouit l'instrument" qui oriente son choix. Pour lui, à l'époque, c'est comme un jeu. Un jour, il rencontre un harmoniciste et se rend compte qu'il s'agit d'un instrument à part entière, "avec ses complexités". L'envie de reproduire les mêmes sons l'a poussé à s'entraîner pendant des heures. Aujourd'hui, Charles a l'harmonica greffé à la main et en joue de manière époustouflante.

La musique afro-américaine dans l'âme

Quand on lui demande quels sont ceux qui l'inspirent, Charles pourrait, comme il le dit, "y passer la nuit". Preuve de sa richesse musicale. Chet Baker, Stevie Wonder, Nina Simone, Billy Holiday, Hugo Diaz... Charles Pasi écrit sans avoir à coeur de thème récurrent. Le Parisien chante exclusivement en anglais. "Ma culture musicale est surtout américaine. Et je suis plus tourné vers la musique italienne que française."

S'il a grandi à Paris, nombreux sont les étés qu'il a passés outre-Atlantique au son de Miles Davis, Otis Redding, Ray Charles ou Bob Dylan. "J'ai essayé d'écrire en français, j'essaie tout de suite d'édulcorer alors qu'en anglais, c'est plus sincère finalement parce que je n'ai pas à chercher mes mots ou de beaux synonymes. Je dis les choses comme elles viennent et finalement les mots sonnent plus justes", confie Charles Pasi. Avec son premier single, Better with butter, il utilise des détours culinaires explicites qui amuseront les enfants et éveilleront la curiosité des gens d'expérience. Un brin aguicheur, le titre "est parti d'un jeu de mot que j'ai trouvé sympa", explique-t-il.

Dans le clip réalisé par Louis Garrel* apparaît Archie Shepp, saxophoniste de jazz américain de renom, que l'on retrouve sur deux titres de l'album. Charles Pasi l'écoutait déjà petit. "Je l'adore depuis gamin, je me suis remis à l'écouter il y a deux trois ans avec une oreille d'adulte. Je l'ai redécouvert." Charles a appris qu'Archie Shepp habitait à Paris. Sans vraiment y croire, il l'a appelé et lui a envoyé des maquettes de l'album Uncaged, à l'époque encore "en chantier". Le musicien est séduit. Charles Pasi souhaitait une collaboration sur le titre Farewell my love.

Le pionnier du free jazz accepte et demande aussi à jouer sur Better with butter, "ça le faisait marrer", explique Charles un sourire en coin.Au Sirius, l'artiste a su charmer le public. Les tabourets sur lesquels beaucoup étaient perchés au début ont vite été mis de côté au profit de pas de danses inspirés. Le passage de Charles Pasi aux Nuits de Fourvière en première partie de Jack Johnson ce 13 juillet s'annonce prometteur. Au même titre que la carrière de cet artiste aux sonorités multiples.

*Acteur français et compagnon de l'actrice Valeria Bruni-Tedeschi.

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