Bouquet Final : Six pieds sous terre

Une fonction qui l'oblige à passer trois mois sur le terrain aux côtés de Gervais Bron, un vieux de la vieille qui convoitait le poste du jeune éphèbe.

Critique : Quand on évoque le sujet de la mort dans une comédie, on s'attend aux rires gênés et à grincer un minimum des dents. Une recette qui a déjà fait ses preuves, savant mélange entre cynisme de rigueur et situations cocasses. Malheureusement, en voulant conquérir le plus grand nombre, la comédie franchouillarde prend le pas sur un certain humour noir anglo-saxon qui eut été ici du plus bel effet.Michel Delgado, pour son premier long derrière une caméra, donne l'impression de vouloir s'attaquer à un tabou sans heurter les sensibilités. Railler la mort avec un film familial, le défit était difficile à relever. Le filon de la comédie morbide pour adulte aillant été, depuis fort longtemps, exploité dans des séries américaines comme Six Feet Under, véritable référence dans les funérariums.

Modéré, Michel Delgado se fixe des limites et respecte les bonnes mœurs. Il préfère alors s'insurger contre le business de la mort et s'intéresser aux rapports sociaux qui lient ses personnages. L'intérêt étant, au final, de savoir qui du bourgeois ou de l'artiste serait le plus intolérant. Bref, entre un cadavre qui pète et un cercueil qui tombe d'un corbillard, Didier Bourdon, dans le rôle du fossoyeur, ne parvient guère à amuser un public qui aurait plutôt tendance à vouloir en finir, qu'à se retaper un second visionnage. Une comédie au milieu des mises en bière qui laisse définitivement de marbre.

Bouquet final, de Michel Delgado
Avec Didier Bourdon, Bérénice Bejo, Marc-André Grondin...
Dans les salles le 5 Novembre 2008
Film français. Genre : Comédie Durée : 1h 41min

Interview : Cinq questions à Michel Delgado et Didier Bourdon

Lyon Capitale : Qu'est ce qui a été le plus difficile sur ce long métrage ?
Michel Delgado : Le pari était de prendre un sujet qui n'est pas d'une gaité absolue - les coulisses des pompes funèbres - et d'en faire une comédie. J'ai été faire un véritable travail de journaliste, d'investigation dans ce milieu. J'ai découvert que c'était un secteur économique avec des marges, des rentabilités, des objectifs, des techniques de vente. De rendre cette activité similaire à une activité commerciale, c'était rentrer dans le quotidien d'un personnage qui a un métier comme les autres, dans un secteur un petit peu particulier.
LC : Quand on touche aux pompes funèbres, on pense immédiatement à la série américaine d'Alan Ball, Six Feet Under...
MD : On n'est pas dans la même logique. Moi j'ai écrit un film, pas une série. Eux sont dans une logique qui les pousse à aller beaucoup plus loin. Je trouve ça très drôle d'ailleurs. C'est beaucoup plus trash, avec un humour anglo-saxon. Moi, j'ai fait une comédie à la française. Le premier objectif était de faire rire et de toucher les gens.
LC : N'avez-vous pas sacrifié le trash et le grinçant pour obtenir une comédie plus... familiale ?
MD : Pourquoi opposer l'humour noir grinçant à la comédie familiale ? Ce n'est pas en opposition. On essaie de raconter une histoire pour en faire une comédie sur un sujet qui ne l'est pas. Avoir un cinéma familial, c'est un atout formidable. Une comédie peut-être orientée, il peut y avoir des publics, mais si en plus elle n'est pas segmentante, pour utiliser une terminologie de marketing, alors là c'est formidable.
LC : Didier Bourdon, êtes-vous déjà sorti de la première d'un film dans lequel vous avez joué et trouvé cela extrêmement mauvais ?
DB : Quand on est acteur et même quand on est réalisateur d'ailleurs, on n'a pas toujours toutes les cartes en main. Parfois, la mayonnaise ne prend pas. Par rapport à Bouquet final, j'ai été plutôt agréablement surpris. Je pensais qu'on rirait bien entendu, mais on ne sort pas indifférent de ce film là. Ca reste beaucoup plus dans la tête qu'une comédie au deuxième degré. On se dit que la farce est bien jolie mais quand à la fin le rideau tombe, ben c'est comme l'horloge qui dit oui qui dit non mais qui nous attend...
LC : Et jouer avec des morts, ce fut un plaisir particulier ?
DB : Il y a moins de dispute, il y a moins d'égo...

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