Entropic Now à Fort-de-France © Nicolas Derné

Biennale de la danse : la jeunesse danse et invente un nouveau monde

Pour la Biennale de la danse, qui démarre ce 8 juin, le chorégraphe Christophe Haleb investit les anciennes usines Fagor de Gerland avec 150 jeunes Lyonnais, leur offrant à travers une performance dansée et cinématographique une prise de parole salvatrice !

Chorégraphe, cinéaste, Christophe Haleb dirige sa compagnie La ZOUZE, basée à Marseille depuis 1993, qu’il a conçue comme un laboratoire de recherche artistique lui permettant, au travers de la scène et du cinéma, de questionner l’état du monde et ses impacts sur le corps, la réalité et le rêve des êtres.

Depuis une dizaine d’années, il s’intéresse à la jeunesse en développant en tous lieux à la surface du globe des projets qui lui donnent la parole sur sa vision du monde, sa place dans la ville et la société.

Créé à Paris, Marseille, Amiens et Valence, mais aussi à Fort-de-France et La Havane, Entropic Now sera l’un des projets phares présentés aux anciennes usines Fagor dans le 7e arrondissement de Lyon, un espace entièrement dédié à la jeunesse durant la Biennale de la danse.

Construit avec des jeunes provenant de différents milieux et évoluant dans une pluralité de physicalités et de modes de rassemblement, ce projet intègre depuis un an des jeunes issus de la section danse du lycée Juliette-Récamier à Lyon, de la section cirque du lycée Robert-Doisneau de Vaulx-en-Velin et de nombreux jeunes venant des multiples sites de pratiques urbaines disséminés un peu partout dans la ville.


"Un récit visuel avec une jeunesse en France qui a des choses à nous dire, de la vie, de la politique"


Entropic Now se déploie sous une forme performative à travers des films que le chorégraphe a réalisés auprès des jeunes et qui seront projetés sur écrans géants, la matière chorégraphique travaillée en ateliers et un concert live. Structurée en fonction des séquences des films, la mise en scène instaure un flux et un reflux continu entre l’image et l’incarnation du mouvement. Le public est invité à s’immerger dans cette scénographie pour être au plus près de leurs paroles et de leurs corps.

Répétition à l'usine Fagor @ Romain Tissot

“On a fabriqué un récit visuel avec une jeunesse en France qui a des choses à nous dire, de la vie, de la politique, des choses importantes à entendre, dit Christophe Haleb. L’immersion du public est également importante car je travaille plutôt sur du documentaire et j’aime bien jouer sur le décalage, les différents points de vue entre le récit visuel et le récit physique, l’incarnation. Cela trouble notre rapport de ‘regardeur’ avec un temps ancien qui a été filmé et le fait de capter un temps actuel avec l’énergie du moment. Le spectateur est en interface avec le médium corps, le médium cinéma, il va vivre une expérience sensible.”


"Ce projet est aussi pour moi un moyen de fabriquer d’autres représentations que l’on a de la jeunesse, de la manière dont les jeunes sont souvent catalogués"


La jeunesse est porteuse d’une pensée bien avancée sur l’état du monde

Pour Christophe Haleb, la jeunesse est en soi un émerveillement, elle est porteuse d’un réel état de conscience et d’une pensée bien avancée sur de nombreuses questions de société.

“L’intérêt qu’ils ont pour leur travail physique, leur énergie, le désir de voir un monde avec plus de justice, la question du genre, l’égalité hommes-femmes, les catastrophes écologiques, leur rejet de la société de consommation. Tout le démontre. Je ressens aussi comme une mise à niveau de tout ce qui créerait problème pour une société d’adultes alors qu’ils considèrent que beaucoup de choses ne sont pas un problème. Par exemple, ils sont métissés et ils ne comprennent pas qu’on en soit encore à défendre les droits pour l’égalité alors que, pour eux, c’est la base. Ils ont à peine 20 ans et sont déjà branchés sur toutes ces vibrations et cela me rassure. C’est une génération avancée qui va nous permettre d’aller plus loin sur comment on habite ensemble aujourd’hui sur ce bout de planète. Du coup, cela se ressent dans leurs choix et leurs prises de parole sur la vie, le politique. Entropic Now c’est tout ça, dans un esprit positif et joyeux.”

La détresse, la mélancolie, la peur, l’inquiétude, l’incertitude, la frustration sociale, ils en parlent aussi. Mais Christophe Haleb voit plus loin. En citant par exemple ces jeunes qui, après avoir décidé de faire un apprentissage dans le cirque, se retrouvent à défier la pesanteur, l’équilibre, à pouvoir s’envoler. Cela signifie qu’ils cherchent déjà une façon de se positionner dans la vie autrement, qu’ils vont vers leur autonomie.

La question du collectif est importante aussi parce qu’ils ne se connaissent pas, ils apprennent à travailler et à écrire ensemble leur histoire, ils parlent de solidarité, d’esprit collectif et de complémentarité. Et racontent avec fierté ce qu’ils sont. “J’ai l’impression qu’au-delà de l’objet plastique, chorégraphique et cinématographique qu’est Entropic Now, on va vers quelque chose qui amène les jeunes à se doter d’outils pour avancer dans leur vie, leur chemin, avec une conscience plus élargie. Ce projet est aussi pour moi un moyen de fabriquer d’autres représentations que l’on a de la jeunesse, de la manière dont les jeunes sont souvent catalogués. Je reste confiant sur cette capacité qu’ils ont de s’émerveiller, de réinventer le monde, la jeunesse est porteuse de son avenir et c’est à nous de laisser la place.”


Entropic Now – Lyon de Christophe Haleb, usines Fagor du 8 au 16 juin dans le cadre de la Biennale de la danse de Lyon. www.labiennaledelyon.com
Découvrir les vidéos de tous les projets Entropic Now : lazouzetv.com


 

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