Li Yi-Fan, Boring Gray, 2021-2025 © Thomas Lannes

Art, technologies, science… et poésie à l’institut d’Art contemporain

L’institut d’Art contemporain de Villeurbanne accueille deux artistes phares de la scène taïwanaise avec des installations immersives qui questionnent la manipulation des nouvelles technologies et démontrent leur puissance créative.

Li Yi-Fan (sélectionné pour représenter Taiwan à la Biennale de Venise 2026) et Chang Yung-Ta exposent leur travail pour la première fois en Europe et c’est à l’IAC que cela se passe, celui-ci ayant conçu deux circuits indépendants au cours desquels on découvre deux univers différents.

Celui du premier nous embarque dans des espaces où le jeu et l’humour noir ont toute leur place tandis que le second, fasciné par les particules qui nous entourent, nous plonge dans une atmosphère véritablement poétique.

Avec Dernier Avertissement, titre qui résonne comme une alerte, Li Yi-Fan interroge au travers d’installations vidéo notre rapport au virtuel, entre fascination, saturation et perte de repères.

On citera notamment important_message.mp4 où, par le biais de son avatar et d’escargots zombies, il crée une narration grotesque qui mêle réalité, fake news et théories complotistes, évoquant la manipulation de l’information et le lavage de cerveau que nous subissons au quotidien ou encore What is Your Favorite Primitive,une parodie de conférence technologique qui met en scène un protagoniste confronté aux dilemmes éthiques et sociaux liés aux technologies de production d’image.

Ici, l’artiste questionne également sa pratique de vidéaste, la façon dont il manipule, au travers d’un jeu vidéo et d’un casque de réalité virtuelle, les intentions des personnages qu’il met en scène et comment leur utilisation façonne nos manières de communiquer.

La poésie des particules

Avec Les Échos du silence, Chang Yung-Ta nous emmène dans un univers radicalement différent qui nous apaise. Depuis sa résidence effectuée au Japon au moment de l’accident nucléaire de Fukushima, l’artiste est fasciné par les particules qui nous entourent, celles du cosmos et de la terre, invisibles et instables, aux parcours aléatoires, le plus souvent inoffensives et omniprésentes.

Chang Yung-Ta, Without Composing_n°5, 2023. Seen/Unseen-Entropy n°2, 2018 © Thomas Lannes

Avec des installations qui font appel à des bases de données et algorithmes, des techniques et outils scientifiques, il capte les ondes radioactives et les transforme en œuvres d’art poétiques, les traduit en paysages sonores et visuels, rendant visible l’invisible.

Le parcours proposé est d’une grande délicatesse qui appelle au silence et à la méditation. Avec Without Composing_N°1(ver.2), on est plongé dans la radioactivité ambiante d’un espace doux et circulaire d’où émergent les sons des particules semblables à ceux des cigales.

Avant cela, il nous a impressionné avec une installation vidéo où l’on voit sur grand écran la projection des phénomènes provoqués dans une chambre à brouillard qu’il a reconstituée. Un dispositif fermé contenant une vapeur d’alcool sursaturé et où le passage des rayons cosmiques dessine une fine traînée de gouttelettes qui serait invisible à l’œil nu.

Le point d’orgue de cette exposition est sans nul doute Seen/Unseen-Entropy n°1 où des morceaux de granite de différentes tailles sont balayés constamment par les rayons lumineux d’un scanner, transformant la radioactivité de la matière en vibrations qui créent des ondulations à la surface de l’eau d’un bassin. L’effet visuel est magique, les formes sont différentes à chaque passage du scanner. Imprévisibles, les rythmes des particules sont source infinie de mouvements hypnotiques et fascinants.

Dernier Avertissement de Li Yi-Fan et Les Échos du silence de Chang Yung-Ta – Jusqu’au 27 juillet à l’IAC de Villeurbanne – www.i-ac.eu

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