Trottinette © Tim Douet

Trottinettes à Lyon : premier bilan 8 mois après leur arrivée

Interdiction, taxes, vitesse, amendes. Huit mois après l'arrivée des trottinettes électriques en libre-service à Lyon, qui ont profondément impacté le paysage du monde des transports urbains, la législation a peu à peu évolué. Petit tour d'horizon de ce qui a changé depuis l'automne 2018.

Beaucoup de temps au démarrage

Arrivées au début de l'automne 2018 à Lyon, les trottinettes électriques ont suscité un réel engouement des utilisateurs et profondément chamboulé le secteur des déplacements urbains à Lyon. Quelques centaines au lancement de Lime - le premier opérateur à Lyon -, elles seraient aujourd'hui plus de 5000 déployées entre Rhône et Saône, et le chiffre de 8000 deux-roues pourrait être atteint durant l'été. Forcément, ce déploiement massif dans un espace public déjà contraint a généré de nombreuses frustrations, voire de l’agacement face aux incivilités de certains utilisateurs : trottinettes abandonnées au milieu des trottoirs, jetées dans les cours d'eaux, circulation au milieu des piétons...

Cette arrivée en masse – Lyon compte actuellement huit opérateurs et pourrait prochainement en dénombrer dix – s'est doublée d'un véritable flou juridique sur la réglementation de ces deux-roues. Là où d'autres villes, comme Nantes, ont décidé d'interdire de manière préventive le déploiement de ce nouveau mode de transport urbain, la municipalité lyonnaise a d'abord fait le choix de laisser faire, avant de l'accompagner. Un accompagnement assez tardif, mis en place en mars dernier, à travers une charte de bonne conduite, alors que l'arrivée croissante de ces deux-roues suscitait déjà de nombreuses crispations (Lire : Lyon : les trottinettes électriques, véritable problème pour les aveugles). Une charte qui n'a qu'une valeur provisoire et qui n'engage pas légalement les plateformes de location de trottinettes.

Interdiction de circuler sur les trottoirs : le premier coup de frein

La première décision forte est finalement intervenue ce mercredi 8 mai avec la mise en place par arrêté municipal d'une interdiction de rouler en trottinette électrique sur les trottoirs de la ville de Lyon et sur les berges de Saône. Une décision qui prévoit également que le stationnement sera “autorisé sur les trottoirs, mais uniquement s’il ne constitue pas une gêne aux piétons, aux personnes à mobilité réduite, ainsi qu’à l’activité des commerces ou des marchands forains”. En cas de non-respect de ces deux interdictions, les usagers seront sanctionnés d'une amende de 38€. Pour justifier son choix, Gérard Collomb a reconnu que “ces nouvelles formes de mobilité qui représentent des alternatives intéressantes à la voiture individuelle sont pourtant la source de nombreux conflits d’usage, principalement avec les piétons”.

Prochainement, un projet de décret du ministère des Transports devrait offrir un cadre légal plus sécurisé pour les municipalités, les utilisateurs et les plateformes de location. Cette législation devrait entériner l’interdiction de rouler sur les trottoirs pour les utilisateurs de trottinettes électriques à compter de septembre. En cas d’infraction, l'amende sera de 135€. De même, les utilisateurs devront être âgés d'au moins 8 ans et n'auront pas le droit d'être deux sur le deux-roues.

Qui sera le dernier survivant ?

De leur côté, les opérateurs s’organisent. Dans un marché très concurrentiel, où l’objectif est celui du “winner takes all” (comprendre : le plus gros finira par emporter tout le marché), certaines plateformes veulent donner des gages positifs aux exécutifs locaux.

Selon nos informations, les négociations sont d’ailleurs régulières et courtoises entre les entreprises et les services municipaux de la ville de Lyon. C’est le cas de Lime, qui a organisé une opération de distribution de casques sous la bénédiction de la municipalité ou qui, selon nos confrères du Progrès, a choisi de manière proactive, dans certaines rues fréquentées, de brider ses trottinettes électriques en libre service à 8 km/h au lieu de 25 km/h et d’interdire le stationnement dans certains lieux très fréquentés.

Une taxe de 30 euros par trottinette

Pour justifier l'occupation de l'espace public, la ville de Lyon va, selon nos informations, mettre en place une taxe pour les véhicules en libre service. Les opérateurs qui proposent des trottinettes électriques devront s'acquitter de 30 euros par an et par deux-roues. Ce montant passera à 45€ si une entreprise décide de déployer plus de 2000 trottinettes. Un prix dans la fourchette basse puisqu'à Paris, la municipalité a fixé ce montant entre 50 et 65€ par trottinette. Avec l'argent récolté, la mairie de Lyon devrait mettre en place des zones de stationnement pour les différents véhicules en libre service (vélos, scooters, trottinettes), comme cela existe actuellement pour les voitures Bluely.

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