La Région Auvergne-Rhône-Alpes a détaillé sa volonté de mettre en place "le plus vite possible" des brigades cynophiles dans les lycées, afin de lutter contre "un dangereux emballement du narcotrafic" dans la Région.
Vous avez aimé les scanners électromagnétiques ? Vous allez adorer les brigades cynophiles que la Région Auvergne-Rhône-Alpes entend déployer "le plus vite possible" au sein des lycées de la région. En marge de l'assemblée plénière de ce jeudi 16 octobre, Fabrice Pannekoucke et son exécutif ont détaillé ce projet évoqué début septembre par le président de Région.
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Une décision qui s'inscrit dans une série de mesures prises par la Région depuis 2016 pour sécuriser les établissements scolaires, et qui ont mobilisé 102 millions d'euros ces neuf dernières années. "Cette proposition s'inscrit dans un chemin qu'on a débuté il y a des années" rappelle ainsi Fabrice Pannekoucke. "Depuis 2016 nous avons la volonté de protéger nos lycées. On a d'abord mis en place les portiques, puis ce chemin nous a menés vers les scanners et je l'espère bientôt vers la vidéo surveillance algorithmique" poursuit le président LR de Région.
"Dangereux emballement du narcotrafic"
Prenant l'exemple d'une convention signée il y a quelques mois entre la Région et les sociétés en charge des transports scolaires qui a permis la mise en place de contrôles des chauffeurs sur cette question des stupéfiants, l'exécutif régional espère pouvoir, "aux côtés de tous les acteurs mobilisés sur ce sujet (police nationale, gendarmerie, préfecture, justice, éducation nationale)", déployer rapidement ces brigades cynophiles dans les lycées.
"On constate une augmentation des trafics et de la consommation de stupéfiants à la fois dans la société mais également dans nos lycées" explique Renaud Pfeffer vice-président délégué à la sécurité, parlant même d'un "tsunami" et d'un "dangereux emballement du narcotrafic à Lyon, Grenoble et Clermont-Ferrand."
"En complément des dispositifs qui existent déjà pour sécuriser nos lycées, on veut mettre en place ces brigades cynophiles qui pourraient être amenées à faire des passages inopinés dans les lycées pour dissuader, détecter et sécuriser" poursuit l'élu. Catherine Staron, vice-présidente déléguée aux lycées, abonde : "Les établissements scolaires doivent rester des sanctuaires. Il faut absolument intervenir sur l’angle de la sécurité, c’est un enjeu de santé publique et de tranquillité pour les élèves comme pour le personnel."
Une liste d'établissements à définir
Pour mettre en place un tel dispositif, la Région entend s'appuyer sur ce qui se fait déjà du côté de la gendarmerie et la police nationale – "nous n'aurons pas une force propre à la Région qui interviendra" précise Fabrice Pannekoucke – et espère "être le liant" entre tous les acteurs locaux sur ce sujet. Cependant, l'exécutif ne repousse pas l'idée de financer en fonds propres une partie des opérations de contrôle. "L'idée est qu'avec les forces de l'ordre qui savent faire ce genre de contrôle, nous parvenons à identifier certains établissements sensibles pour y effectuer des contrôles et frapper fort contre ce narcotrafic" complète le président de Région. Une liste qui devrait être établie en concertation notamment avec l'éducation nationale.
"Aujourd'hui, rien n'empêche la gendarmerie ou la police d'effectuer une opération dans un établissement mais elle ne peut se faire que de manière spontanée. Nous voulons, avec cette convention, que tout cela soit organisé dans un cadre clair et partagé" affirme le successeur de Laurent Wauquiez.
Une mesure qui n'a pas manqué de faire réagir l'opposition régionale qui dénonçait déjà début septembre une "surenchère sécuritaire" après l’expérimentation de scanners électromagnétiques à l’entrée du lycée Charles-Mérieux à Lyon, le groupe Socialiste, Ecologiste et Démocrate qualifiant ce rapport sur les brigades cynophiles de "simple vœu d'intention, sans portée réelle, au regard du fait que cela dépasse le cadre légal et les compétences régionales".
"La posture de l’opposition sera de crier au loup d’une forme de liberté qui serait bafouée" anticipe d'ailleurs Fabrice Pannekoucke, avant de conclure : "Si nous ne faisons rien, on devient complice de ces trafics. Nous considérons que c’est de notre responsabilité de mettre fin à la circulation des stupéfiants dans nos établissements."