Quelques jours après le meurtre d'une surveillante d'un collège à Nogent, le débat autour de la sécurisation des collèges et des lycées a refait surface. Si le Premier ministre François Bayrou s'est dit favorable à l'expérimentation des détecteurs de métaux à l'entrée des établissements scolaires, cette proposition est loin de faire l'unanimité, notamment du côté des écologistes de la Métropole de Lyon.
C'est un débat qui revient à chaque fait divers tragique en France : comment sécuriser les établissements scolaires, collèges et lycées en premier lieu ? Et quelques heures après le meurtre d'une surveillante d'un collège à Nogent, en Haute-Marne, cette question s'est, sans surprise, invitée sur le terrain politique, chacun y allant de sa proposition. Si le Premier ministre François Bayrou avait avoué, au soir du drame être favorable "à ce qu'on expérimente les portiques comme ceux qu'on a dans les aéroports, en tout cas dans les établissements dans lesquels il y a du désordre", son ministre de l'Intérieur, Bruno Retailleau avait, quelques heures plus tard, rétropédalé sur la question, expliquant même que le "tout-sécuritaire n’est pas la solution".
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"Je pense que ces réactions épidermiques à des événements tragiques ne sont pas adaptés aux circonstances" débute Véronique Moreira, vice-présidente de la Métropole de Lyon chargée des questions d'éducation et des collèges. "Ce n'est pas suffisant car nous sommes face à une crise importante" estime l'élue écologiste. Avant de compléter : "Les jeunes vivent des malaises majeurs et aujourd'hui pour régler ces problèmes de violences, c'est de l'humain dont on a besoin. Il faut travailler sur le fond du problème qui est la santé mentale des élèves."
"La sécurité, c'est une volonté politique"
"Aujourd'hui, ça n'a pas de sens de réagir à chaud à un faits divers dramatique et de raconter n'importe quoi" pense lui aussi Renaud Pfeffer, vice-président à la région Auvergne-Rhône-Alpes en charge des questions de sécurité. "La sécurité, ça ne peut pas être du one shot, la sécurité c'est une volonté politique" poursuit l'élu LR, également maire de Mornant, tout en expliquant que la Région Auvergne-Rhône-Alpes "a été la première à sécuriser les lycées en France en 2016".
Dès 2015 lors de sa première campagne pour les élections régionales Laurent Wauquiez avait promis de doter les lycées de la région de portiques de détection et d'un système de vidéosurveillance, en réponse aux attentats du Bataclan. Mais quelques mois plus tard, l'exécutif régional avait expliqué, et alors que les portiques permettant de détecter des armes avaient laissé place à de simple portique type tourniquet, qu'il n'avait jamais été question de portiques détecteurs de métaux.
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"A l'époque, la technologie ne permettait pas de différencier dans un sac un couteau d'un ciseau ou d'un compas" révèle Renaud Pfeffer, pour expliquer l'installation de portiques plus simples permettant avant tout d'éviter les intrusions à l'intérieur des établissements. La grogne du corps enseignant et de certains directeurs d'établissements avait également poussé la Région à revoir son dispositif à la baisse.
102 millions investis par la Région sur cette question
Si le vice-président délégué à la sécurité se dit aujourd'hui "très favorable" à la mise en place de détecteurs de métaux, il concède que "ça ne suffira pas". "Depuis 10 ans, on travaille sur ce sujet et on demande sans cesse plus de moyens techniques, notamment concernant l'utilisation de la vidéosurveillance algorithmique" ajoute Renaud Pfeffer. Une vidéo surveillance qui serait capable de détecter un mouvement de foule, un départ de feu ou un attroupement. "On ne va pas se battre uniquement contre le cas d'un élève qui pète un plomb et qui poignarde un enseignant. La violence est dans les lycées tous les jours et pas seulement sous cette forme là" concède-t-il.
Avec déjà 102 millions investis dans la sécurisation des lycées privés et publics, la Région Auvergne-Rhône-Alpes estime que le coût financier que pourrait représenter l'installation de détecteurs de métaux devant certains établissements ne sera pas un frein. "On a toujours mis les moyens financiers sur la sécurité et on est prêt à continuer sur cette voix" annonce Renaud Pfeffer. Avec notamment la mise en place depuis septembre 2023 d'équipes mobiles d'accueils renforcés, agents de la région déployés dans plusieurs lycées pour faciliter l'accueil des élèves et du personnel, la Région Aura souhaite "sanctuariser les lycées" grâce à ces nombreux dispositifs déjà sur pied.
"Ces questions de sécurité relèvent surtout de l'humain"
Des dispositifs "efficaces" selon la Région mais qui ne sont pas prêts de s'étendre dans les collèges, compétence de la Métropole de Lyon. "Tous les dispositifs comme les portiques qui sont susceptibles de générer des files d'attente importantes et de retarder l'entrée dans les établissements, ce n'est pas bon. Ça crée des attroupements et du désordre" reprend Véronique Moreira. Depuis le début du mandat, la Métropole a équipé 69 de ses 78 collèges en vidéosurveillance, "à la demande des établissements", et met à disposition des directeurs d'établissements des personnels de loge chargés de "filtrer les entrées".
"Je reste persuadé que ces questions de violences ne peuvent pas être gérées par de la technologie" affirme la vice-présidente à la Métropole de Lyon, dans un discours totalement opposée à celui de l'exécutif régional. Avant de conclure : "Quand des adultes sont là, ça génère de l'apaisement. Ces questions de sécurité relèvent surtout de l'humain."