Devant plus de 2 000 spectateurs, Manu Payet s'est produit à la Halle Tony Garnier pour Emmanuel 2, un one-man-show intime où l’humoriste se livre sur l’âge, la parentalité et ses souvenirs réunionnais, entre rires et confidences.
Après plusieurs dates à la Bourse du travail, Manu Payet s'attaquait à la Halle Tony Garnier ce mercredi 17 décembre. L'humoriste présentait "Emmanuel 2", son troisième One-Man Show. La mythique salle lyonnaise s'annonçait comme un véritable défi, puisque 2 200 spectateurs l'attendaient. Mais d'abord, place à la première partie. Nous découvrons Thomas GT, jeune humoriste toulousain qui se produira notamment à l'espace Gerson le 4 mars prochain. Une fine mise en bouche. Thomas GT raconte lui aussi sa vie sans artifice, avec sa dyslexie comme colonne vertébrale, allant jusqu'à comparer sa place dans le classement à l'école à celle de la France à l'Eurovision.
Puis, vient l'heure du show, du plat principal. A l'image d'un boomerang, Manu Payet navigue entre son enfance à la Réunion, et ses problèmes de père. Dans ce spectacle, il se confie sans artifices sur ses difficultés, ses joies, mais aussi ses faiblesses. Cela ne l'empêche pas de raconter sa vie avec toute l'auto-dérision qu'on lui connait. Imitations, gestuelle bien à lui, la mécanique humoristique ne disparaît pas, même dans des moments de confession. Pas question de se censurer, il est même plus compliqué de faire des choix comme il le disait il y a quelques mois dans une interview accordée à Lyon Capitale : "Oui, c'est difficile de faire des choix de dire ça, j'en parle, ça j'en parle pas parce que je suis paradoxalement quelqu'un d'assez pudique."
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Vieillir pour le meilleur et pour le rire
20 h 40. Comme un ange descendu du ciel, Manu Payet apparaît dans une lumière blanche quasi aveuglante. Un entrée rock'n'rollesque, qui semble déjà annoncer la suite. Jean bleu, chemise bleue, l'humoriste a choisi la sobriété, comme un contraste avec les 1 h 40 qui vont suivre. Un script bien ficelé, avec des transitions soignées dont lui seul a le secret. Et Lyon en fait partie : "les travaux c'est pour bien m'accueillir ?" ironise-t-il avant de s'attaquer à un plus gros chapitre : sa vie. Et l'humoriste n'y va pas de main morte. Pour en parler il compare toutes les périodes de son existence, de son enfance à son adolescence jusqu'à sa vie de père.
Première cible, son âge. Parce que Manu Payet a 49 ans, "j'ai 7 fois 7 ans, je suis en quelque sorte un chat en fin de vie". Et à 49 ans, il faut baisser la musique quand il se gare, il reprend les enfants de ses amis sur leur langage, et surtout un péché mignon, la glace rhum raisin. "J'en mange toujours après mes spectacles. Je fais attention à ne réveiller personne, pas pour ne pas les embêter, mais pour pas qu'on vienne me faire chier", explique l'artiste. Autre exemple, son rapport à la cigarette, addiction dont il a réussi à se passer. Une consommation qui le ramène à son premier baiser, "Laure Masson, colo d'Air France" se rappelle l'humoriste. Une nostalgie qui le ramène à sa jeunesse réunionnaise entre Manu Chao et Elmer Food Beat dont il fait chanter les paroles au public, et la fameuse "clope de voeu".
Ses parents comme re(pères) de sa vie parentale
S'il y a une autre thématique prééminente dans Emmanuel 2, c'est celle de la parentalité. En effet, Manu Payet est devenu père il y a quelque temps, l'occasion pour lui d'établir un constat : "Je suis devenu comme mes parents". Lucide sur ses faiblesses, l'humoriste se livre sur ses difficultés en tant que père, de son stress à l'accouchement qui fait ressurgir d'enfance, "je n'avais pas pleuré comme ça depuis que j'ai 6 ans", exprime-t-il non sans une petite touche d'humour. Manu Payet revient aussi sur son début de parentalité, non sans obstacles : "j'ai fait que des conneries", s'exclame l'humoriste. Allant jusqu'à caricaturer sa compagne en Charles de Gaulle : "Elle a le képi et la moustache. Elle fait un défilé, c’est pareil". En rappelant quand même que "c'est la patronne".
Plus on se rapproche de la fin du spectacle, plus on se rapproche du présent. Toujours dans la lignée intimiste du show, Manu Payet n'hésite pas à comparer sa méthode pédagogique à celle de ses parents. "Je m’étais juré de pas gueuler, je suis devenu comme mes parents. Je sors des phrases comme "moi je suis pas ton copain"", ironise-t-il une dernière fois. Parce qu'après, la lumière blanche de son entrée, Manu Payet rentre une dernière fois dans la chambre de sa fille, avant que la lumière ne s'éteigne pour de bon, au grand désarroi du public.