Ce matin, 17 plongeurs de Diving For Future se sont activés toute la matinée, au niveau du pont Wilson.

Dans le centre de Lyon, des plongeurs vident le Rhône de ses déchets

Ce matin, 17 plongeurs exploraient les profondeurs du Rhône pour en sortir de multiples déchets. Une mission de dépollution de l'association lyonnaise Diving for Future, active depuis trois ans.

"Bonjour, vous trouvez des trésors ?" Au bord du Rhône, sous le pont Wilson nappé de soleil, un passant s'interroge. Face à lui, samedi matin, une quarantaine de bénévoles de l'association Diving For Future s'activent. Petit-déjeuner, sortie de matériel, composition des bordées, consignes de sécurité...Le beau temps semble encourager l'équipe, installée à proximité d'un bateau de pompiers. L'embarcation affiche le pavillon Alpha, sorti pour indiquer la présence de plongeurs.

Aujourd'hui, ils sont 17 à explorer les eaux du fleuve pour dénicher, faute de trésors, d'innombrables déchets. Grâce à leurs explorations, deux à trois tonnes de débris remonteront à la surface durant la matinée : mobilier urbain, moteurs, caddies, vélos et trottinettes, câbles, barrières de chantier, ordinateurs et téléphones envasés..."On plonge deux fois par mois, indique Julien Cottart, président et cofondateur de Diving For Future. Pour que ce soit possible, il nous faut au minimum 20 bénévoles, dont dix plongeurs et dix personnes à quai". Si les plongées sont habituellement interdites dans les deux fleuves, l'association a pu obtenir une autorisation des Voies Navigables de France.

Vingt tonnes de déchets en trois ans

Voilà trois ans que l'association, lancée par Julien et cinq de ses collègues, œuvre pour la dépollution de la Saône, du Rhône et des plans d'eau en faisant remonter à la surface toutes sortes d'épaves urbaines. Depuis 2020, vingt tonnes de déchets ont été repêchées, dont une centaine de trottinettes. "On se concentre sur Lyon et son centre-ville parce qu'en périphérie, tout est clean", souligne le pompier.

Encadrés par des plongeurs professionnels, les bénévoles, qui doivent justifier de leur brevet de niveau 2, forment une équipe éclectique : capitaines, ingénieurs, salariés du BTP, policiers scientifiques, professeurs à l'INSA, etc. "En moyenne, ils peuvent rester jusqu'à une heure dans l'eau, précise Julien Cottart. Ce sont des plongées non saturantes, qui ne nécessitent pas de passer des paliers". La profondeur étant évaluée à environ huit mètres, les difficultés seraient plutôt liées au trafic fluvial, au manque de visibilité et, parfois, à la force du courant.

Sensibiliser à un problème sociétal

Dans l'eau, Sylvain Copier, autre cofondateur, annonce une matinée productive : "y a du boulot, je vais avoir besoin de parachutes", lance-t-il à la surface. Il fait référence aux coussins de relevage gonflés d'air pour soulager la levée de grosses charges dans l'eau. Damien Castaldi, son collègue resté à quai, est un autre habitué. "On trouve de plus en plus de panneaux publicitaires", constate-t-il. En pratique, chaque plongeur doit être relié à un accompagnant via une corde afin de rester visible et de remonter de lourds fardeaux.

Dans Lyon, sur une distance de cinq kilomètres, le niveau de pollution est effarant. "Le plastique est partout", souligne Julien Cottart. En plus de ces plongées civiles, Diving For Future intervient certains samedis à l’aquarium de Lyon pour sensibiliser les plus jeunes à la pollution de l'eau et aux bons gestes à adopter pour respecter son environnement. "C'est un véritable problème sociétal, assure le cofondateur. Partout où il y a du monde, les plans d'eau sont souillés. Le fer, ça met 500 ans à se dégrader".

150 véhicules dans le canal de Jonage

En plus de ces actions mensuelles, Diving For Future vise une opération de plus grande envergure. "On a un gros projet avec nos partenaires EDF et l'entreprise Derichebourg : enlever les 150 véhicules dans le canal de Jonage. On attend les autorisations préfectorales et celle de la gendarmerie pour pouvoir démarrer". Pour retirer les épaves, l'opération nécessitera, en plus de plongeurs, une grue et plusieurs camions.

Zéro soutien des pouvoirs publics

Pour le moment, Diving for Future compte essentiellement sur des entreprises privées pour financer ses actions. À ce sujet, Julien Cottart regrette l'absence de subventions des pouvoirs publics. "Seule la mairie de Feyzin nous aide. Nous avons sollicité toutes les strates, en rendez-vous et via des dossiers de demande : la Ville de Lyon, chaque mairie d'arrondissement, le Grand Lyon, la Région, la Métropole et le ministère de l'Environnement". Une raison à cette absence de réponse ? La mairie de Lyon n'est pas responsable de la gestion des déchets du fleuve. "Nous ne rentrons dans aucune case. Il n'y a pas d'enveloppe pour ce genre d'actions parce que le retirement de déchets n'est pas considéré comme de l'écologie, complète le président de l'association. Les fleuves appartiennent aux Voies navigables de France. Lorsque nous récupérons les déchets, ils nous appartiennent. Nous sommes pénalement responsables si nous les laissons sur place".

Une fois ces tonnes de déchets récoltées, une question clé subsiste : comment s'en débarrasser de la meilleure façon ? "Pour les trottinettes, nous avons un partenariat avec Dott qui les récupère pour du recyclage", souligne Julien Cottart. Les déchetteries publiques n'étant pas gratuitement accessibles à Diving For Future, l'association compte sur l'opérateur de services Derichebourg pour la mise à disposition d'une benne, où déposer ses innombrables trouvailles.

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