La vaccination dans la Métropole de Lyon au 8 août. @Jeanne Le Bihan

Dans la Métropole de Lyon, les plus vaccinés sont aussi les plus aisés... et vice-versa, décryptage et cartes

Au 24 août, 64,7% de la population rhodanienne est complètement vaccinée contre le Covid-19. Dans les 59 communes du Grand Lyon, la couverture vaccinale suit la tendance française, avec une augmentation progressive au cours de l'été. Mais elle se conforme aussi à une autre orientation : celle du niveau de revenu. Dans la métropole de Lyon, quelles sont les inégalités face au vaccin ? Décryptage.

Depuis le début de la période estivale, le nombre de Français complètement vaccinés a presque doublé. Au 1er juillet, 23 millions de personnes l'étaient entièrement, contre 42 millions au 24 août. Ponctuée par la mise en place de nouvelles restrictions, et notamment du pass sanitaire, la campagne de vaccination s'est accélérée et une grande partie de la population est désormais inoculée. C'est notamment le cas dans le Rhône, où 64,7 % des habitants possèdent un schéma vaccinal complet.

Sous cette représentation globale de la situation se cachent toutefois des disparités. Ainsi, au 8 août, dans les communes du Grand Lyon les moins vaccinées, la couverture vaccinale de la population ne dépassait pas les 35%. À l'inverse, dans des municipalités comme Montanay, Saint-Didier-au-Mont-d'Or ou encore Charbonnières-les-Bains, plus de 65% des habitants étaient déjà vaccinés à cette date, soit près de 30 points de pourcentage d'écart. Derrière les disparités qui marquent les 59 communes de la métropole se dessine une autre réalité : les villes les moins vaccinées sont celles où le taux de pauvreté est le plus élevé, où le taux de chômage est de plus en plus haut et où le revenu moyen ou médian est le plus faible.

Pour rendre compte de ce constat, les deux cartes ci-dessous présentent à la même échelle la métropole lyonnaise, en fonction d'indicateurs différents. La première met en lumière l'évolution du taux de vaccination par commune, pour l'ensemble des habitants tous âges confondus. Tous les dimanches, ces données sont actualisées par l'Assurance maladie. Il ne s'agit ici que de la vaccination complète : une ou deux doses, en fonction du type de vaccin et des antécédents de contamination.

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La deuxième carte, elle, porte uniquement sur le revenu médian par unité de consommation des communes, afin de mettre en évidence le niveau de vie des Grands Lyonnais. Le premier adulte du ménage représente une unité de consommation (UC), tandis que les autres adultes ou adolescents de plus de 14 ans équivalent à une demi-unité, et les plus petits à 0,3 UC. Ce système de pondération permet ainsi de comparer des ménages et foyers différents selon leur niveau de vie. Lorsqu'on compare les deux cartes, on s'aperçoit qu'une forte corrélation existe entre le taux de vaccination et le niveau de vie des habitants.

Un accès inégalitaire à la vaccination

C'est à Vaulx-en-Velin, dans l'Est lyonnais, que le revenu médian est le plus bas. En 2018, la moitié des habitants de la commune gagnaient moins de 15 930 euros par an. Avec quelques centaines d'euros de différence, Saint-Fons et Vénissieux présentent les mêmes caractéristiques. La précarité y est beaucoup plus importante que dans d'autres villes de la métropole. À Saint-Fons, par exemple, le taux de chômage dépassait alors les 15%, et le pourcentage de personnes vivant sous le seuil de pauvreté était de 32%, selon l'Insee. À titre de comparaison, le taux de chômage au premier trimestre 2021 est de 7,8% en Auvergne-Rhône-Alpes. Lorsque l'on met en parallèle les deux cartes ci-dessus, on se rend compte que commune de la Vallée de la chimie, Saint-Fons, est aussi la moins vaccinée, moins de 35% des habitants de la commune possédant un schéma vaccinal complet, selon les chiffres de Santé publique France arrêtés au 8 août.

À l'inverse, les habitants de Saint-Didier-au-Mont-d'Or, au nord de Lyon, sont les plus aisés et les plus vaccinés de la Métropole. En comparaison à Saint-Fons le taux de chômage parmi les Désidériens et seulement de 5%, tout comme le taux de pauvreté. Non loin derrière on retrouve Charbonnières-les-bains, qui héberge depuis peu le campus du numérique, et la ville de Montanay, où plus de 65% des 7 000 habitants sont vaccinés.  De manière générale, la corrélation entre le niveau de vie des Grands Lyonnais et leur vaccination contre le Covid-19 est valable dans la plupart des 59 communes.

Un autre élément de compréhension est apporté par les données elles-mêmes, au niveau démographique. À Saint-Didier-au-Mont-d'Or, la population est vieillissante. En 2018, plus de 35% des Désidériens étaient âgés d'au moins soixante ans. La campagne de vaccination, qui a débuté le 27 décembre 2020 en France, a privilégié d'abord la protection des seniors. Ce n'est que le 10 mai, soit cinq mois après l'arrivée des premières doses, que les moins de 50 ans ont eu accès à cet outil de protection contre le Covid-19. La veille, 1/5e des habitants de Saint-Didier-au-Mont-d'Or était déjà entièrement vaccinée, contre à peine 6% à Saint-Fons. Dans la commune industrielle du sud de Lyon, à peine 18% des habitants ont plus de 60 ans, contre près de 45% de moins de 30 ans.

À l'échelle lyonnaise, un constat similaire

Dans les neuf arrondissements de Lyon, la comparaison est similaire à celle identifiée au niveau de la métropole.  Les deux représentations ci-dessous s'intéressent au découpage lyonnais, avec les indicateurs utilisés précédemment.

Made with Flourish

Si l'on classe les arrondissements lyonnais du plus vacciné au moins vacciné, ou de celui ayant le niveau de vie le plus élevé au plus bas, on retrouve le même ordre. Le 6e, au nord-est de la ville, est en tête et se détache singulièrement des autres, avec plus de 63% d'habitants entièrement vaccinés et un revenu médian de 31 210 €. Le 2e et le 4e suivent la marche, avec un revenu médian toujours bien supérieur à la France, 21 250€ en 2018. Le 5e, le 1er et le 3e peuvent être regroupés dans un même ensemble, avec 56% environ de leur population qui est vaccinée et un revenu médian compris entre 24 000 et 25 000 €. Le 7e arrondissement arrive ensuite, suivi des 8e et 9e, où la précarité est la plus grande. Dans ces deux arrondissements, qui se disputent la dernière place, moins de la moitié de la population est entièrement vaccinée, et ce sont les seuls secteurs de Lyon à se situer en dessous du revenu médian français, avec environ 20 000 € par unité de consommation par an.

Dans ce cas, l'argument démographique ne suffit pas à expliquer la différence mise en évidence. Dans le 9e arrondissement de Lyon, on compte environ 19% de plus de 60 ans en 2018, contre 22% dans le 6e arrondissement. En revanche, il existe un écart important au niveau du taux de pauvreté, qui est de 21% dans le 9e, pour 9% seulement dans le 6e. À Lyon comme dans la métropole, les inégalités d'accès à la vaccination, pourtant gratuite, suivent les inégalités économiques.

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