Au Tambour, le premier lieu non mixte dédié aux femmes en situation de précarité @ Cheyenne Gabrelle

A Lyon, la première maison non-mixte vient en aide aux "dames" de la rue

Au Tambour est le premier lieu unique non-mixte dédié exclusivement aux femmes en situation de précarité, victimes d'isolement et de violences à Lyon.

La maison Au Tambour est le premier lieu de vie de non-mixité à Lyon. Ouvert en 2020, le site est réservé exclusivement aux femmes en situation de précarité, d'isolement ou victimes de violence. Comme un lieu de répit, ces dernières peuvent s'y réfugier la journée uniquement, les lundi, mardi et mercredi. "On est un lieu d'accueil 100 % féminin et sans enfant, même si la grande majorité des femmes sont mères voire grand-mères", explique Morgane Macé, coordinatrice générale de l'association Au Tambour. En France, elles sont cinq millions à vivre sous le seuil de pauvreté.

"Les femmes sont ici pour chercher du repos"

Chaque jour, plus d'une vingtaine de femmes vient profiter du cadre de vie pour se reposer. "Nous leur proposons des buffets, elles ont accès à la douche et peuvent profiter de serviettes propres, chose qui n'est pas forcément le cas suivant le problème des femmes, se démaquiller, se faire des soins de beauté". Située au bas-côté d'une église orthodoxe dans le 6e arrondissement de Lyon, la maison Au Tambour, fondée par Anne Kahlhoven, dispose d'un grand espace de vie, des toilettes, un jardin, deux douches, une salle de "cinéma", ainsi qu'une salle de repos pour que les femmes accueillies puissent avoir leur moment d'intimité.

Ces "dames", comme les bénévoles et salariés d'Au Tambour aiment les appeler, se réfugient pour échapper à leur quotidien. "L'idée, c'est que les personnes qui viennent chez nous, ne nous doivent rien. Au final, le répit fait partie d'un parcours quel qu'il soit. Si elles arrivent ici pour respirer et prendre du temps sur soi, c'est qu'on a réussi notre défi", révèle Morgane.

Du vernis, des kits d'hygiène..

Dans la salle lumineuse, mardi 21 mars, une dizaine de dames est présente sur place. Certaines se font chouchouter par des jeunes intervenantes et se font mettre du vernis, d'autres font des coloriages et parlent entre elles. "Il est beau mon vernis, t'as vu ?" fait remarquer une femme à son amie. "Je suis très contente d'être ici, on a le café, les gâteaux, l'internet gratuit en plus des kits d'hygiène. Les filles sont très aimables. Elles sont des amours" confie-t-elle. Il arrive parfois que le groupe fasse une sortie, comme à Calicéo, un espace de bien-être aquatique près de Lyon.

La non mixité respectée "jusqu'au-boutiste"

La non-mixité va encore bien au-delà du public féminin accueilli. Toutes les intervenants, bénévoles et salariés sont des femmes : "on est jusqu'au-boutiste en mettant en avant l'entrepreneuriat féminin. On a même une dératiseuse et une maquilleuse, on travaille 100 % entre femmes". A cela s'ajoute l'intervention de nombreuses associations, comme Aides dans la lutte contre le Sida, durant les permanences, quand le local est détenu par Au Tambour, du lundi au mercredi.

Les dames peuvent bénéficier des cours d'étirement par des intervenantes professionnelles. Les membres de l'association sont également formées à l'écoute "parce que les dames qui viennent ici ont besoin de déposer et on réoriente énormément vers des structures sociales, vers des psychologues", poursuit Morgane.

"Il y a un lien de confiance entre nous et les dames"

Morgane Macé, coordinatrice générale d'Au Tambour

En tant qu'endroit sécure, l'association ne peut pas se permettre de faire une réorientation "rapide et automatique". "Quand j'oriente, ce sont des personnes que j'ai rencontrées, je sais vers qui je renvoie, voire même à quoi elles ressemblent et je vais jusqu'au-boutiste, c'est-à-dire jusqu'à savoir s'il y a des escaliers à l'entrée", souligne la coordinatrice.

L'hébergement, une situation "compliquée"

Sur la question de l'hébergement, les femmes, âgées en moyenne d'une quarantaine d'années, dorment chez des tiers, voire parfois, dans des logements insalubres. "C'est toute la problématique de la Métropole de Lyon, l'hébergement c'est une catastrophe à Lyon. On a beaucoup de femmes victimes de sans-abrisme", appuie Morgane. En dehors des journées de permanence, bon nombre d'entre elles se retrouve isolée.

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