L’opposition municipale accuse la majorité d’avoir bradé un bien communal au profit d’une association soupçonnée de vouloir ouvrir une école musulmane. La mairie dément toute dérive confessionnelle.
À Givors, le projet d’une future école privée hors contrat est au cœur des débats politiques ces derniers jours. Tout est parti du vote, en conseil municipal, le 25 septembre dernier, d'une délibération approuvant la vente d'une ancienne école de la commune située au 73 rue Liauthaud, à l'association 1000 & 1 Chemins. L'objectif affiché est la création d'une école à double pédagogie Montessori et scoute. Mais pour l’opposition, ce vernis pédagogique cacherait tout autre chose.
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Dans un communiqué publié le 24 octobre, le groupe Givors Fière, conduit par Fabrice Riva (divers droite, ex-RN), accuse la mairie d’avoir bradé un bien communal à "une association porteuse d’un projet à caractère manifestement islamique".
Des liens avec la mosquée Al-Nour ?
L’association, fondée en 2020 et dirigée par Ali Bensouna, fils de l’imam de la mosquée chiite Al-Nour, est pointée du doigt pour son manque de transparence. Selon l’opposition, son site internet — très peu fourni et "en construction" depuis quatre ans — et ses visuels (où apparaît sur l'un d'eux une jeune fille voilée) témoigneraient d’"indices manifestes d’activité confessionnelle".
Le 22 octobre, nos confrères du Figaro ont publié une enquête sur cette future école dans laquelle sont évoqué les liens entre l'association 1000 & 1 Chemins et la communauté chiite locale, soulignant également que l'association porteuse du projet "propose une éducation scoute incluant la dimension spirituelle".
Un recours bientôt déposé en justice
Pour Fabrice Riva, qui s'appuie également sur un article datant de 2019 d'un journaliste de Causeur, média à la ligne éditoriale très droitière, sur le projet d'ouverture d'une école islamique déguisée dans le Loiret, l'association givordine voudrait, en faisant une "taquiya" - du nom de la stratégie de dissimulation d'appartenance à un Islam radical- ouvrir en réalité une école religieuse. Le leader de l’opposition annonce même vouloir saisir le préfet du Rhône pour un déféré préfectoral et déposer un recours devant le tribunal administratif afin d’annuler la délibération du 25 septembre.
"Notre projet n’a rien d’islamique"
Face à ces accusations, la mairie dénonce chez nos confrères du Figaro "une attaque raciste et diffamatoire de Fabrice Riva". La Ville assure également au Progrès que la vente a été réalisée "au prix des Domaines" et pour un projet "d'école non confessionnelle". Également interrogé, le président de l’association mis en cause, Ali Bensouna, réfute toute visée religieuse et "se réserve le droit de saisir le juge compétent". "Notre projet n’a rien d’islamique. La fillette voilée sur le visuel illustre simplement la diversité de Givors" explique-t-il.
Répondant également à l'accusation selon laquelle la représentation des personnes sur ce visuel, sans visage, serait la preuve d'une visée islamique du projet, Ali Bensouna indique ne pas être "du tout sunnite mais d'obédience chiite, loin des Frères musulmans". Dans les textes islamiques, ce sont les théologiens de l’Islam sunnite rigoriste qui interdisent toute représentation humaine.
Enfin, comme pour se justifier, Ali Bensouna avoue avoir voulu créer cette école Montessori car son fils est scolarisé dans un établissement de ce type. Pour cela il s'est formé à la création d'une école hors contrat auprès de l'association "Créer son école". Association qui confirme au Figaro avoir reçu le Givordin en formation en 2021 sans avoir eu depuis de nouvelles de son projet.
Entre accusations d’opacité et riposte sur le terrain judiciaire, le dossier illustre également une fracture politique et identitaire profonde dans cette ville populaire du sud lyonnais. Malgré ces accusations, l'association prévoit une ouverture pour la rentrée 2027, sous réserve d’autorisation du rectorat — si la tempête politique d’ici là ne balaie pas le projet.
