En partenariat avec la Métropole, les Hospices civils de Lyon développent actuellement le cogitoscope, une intelligence artificielle conçue pour aider les patients en cancérologie atteints de troubles cognitifs.
Près de trois-quart des patients traités pour un cancer sont concernés par des troubles cognitifs. Problématiques méconnues, liées aux traitements et à la maladie, ces troubles touchent aussi bien les personnes traitées que les personnes en rémission : "Quand nous demandons à ces patients comment ils vont cinq ans après leur cancer, nous observons que la majorité d'entre eux restent gênés par une limitation fonctionnelle, type fatigue, douleurs, mais aussi une gêne cognitive, et cela est très gênant dans leur reprise du quotidien", explique Sophie Courtois, cheffe de service adjointe aux HCL.
Afin d'aider les patients et soignants dans leur parcours de soin et de rémission, les HCL (Hospices Civils de Lyon), en lien avec la Métropole de Lyon ont lancé le "cogitoscope" : une IA alimentée par des chercheurs, médecins et soignants, permettant de répondre aux interrogations des patients quant à leurs troubles cognitifs.
Un sujet encore méconnu
L'idée : sensibiliser patients et soignants à ces troubles encore méconnus : "Le sujet a assez longtemps été incompris (...) Les soignants avaient tendance à dire que ces troubles étaient liés à la fatigue ou à la perte de moral", explique Sophie Courtois. Elle poursuit : "Mais depuis quinze ans, nous avons réussi à identifier que ces troubles étaient vraiment liés au traitement et au cancer et que c'était une entité particulière." Vient alors un questionnement, concernant le suivi de cette problématique dans un parcours d'après cancer global.
Le chatbot se positionne ainsi comme un interlocuteur, permettant d'obtenir des premiers éléments de réponse sur la légitimité de ces troubles souvent remis en question : "Je peux par exemple lui demander pourquoi ai-je du mal à lire un livre en fin de journée depuis mon cancer, où pourquoi suis-je plus fatigué, et le chatbot va répondre grâce à sa base de données uniquement alimentée par des professionnels", précise la professeure. Elle ajoute : "Ce n'est pas un outil ni d'évaluation plus approfondie, ni de consultation à distance, c'est vraiment le chatbot dans sa simplicité."

"C'est rassurant quand on est patient"
Ce dispositif permet ainsi d'aider les patients et anciens patients, à l'image de Laurie Panse, ancienne patiente ayant aidé à façonner le projet d'après son expérience : "Les troubles cognitif c'est quelque chose que j'ai connu et que je connais encore, même dix ans après mon cancer je bute encore sur des mots, j'ai parfois encore du mal à m'exprimer", témoigne Laurie.
Avec ce projet, la jeune femme espère pouvoir aider les patients dans son cas, à l'heure où le sujet reste encore tabou : "C'est un sujet qui est encore très peu abordé pas les professionnels de santé car il ne comporte pas d'urgence vitale, mais pourtant il altère bien la santé des patients", souligne la jeune femme. Elle ajoute : "J'espère que grâce à ce projet chaque patient pourra se renseigner de façon a être sensibilisé sur le sujet."
Et si la question de se confier à une intelligence artificielle, pourrait en effrayer certains, Laurie, elle, la voit comme une opportunité : "Au final, cet outil a plus d'informations et de temps à donner qu'un professionnel", affirme Laurie, avant de poursuivre : "C'est rassurant quand on est patient car ces troubles provoquent de l'angoisse, on se sent débordé et ça fait peur"
Le cogitoscope est d'ores et déjà accessible librement et gratuitement en ligne. Patient des HCL ou non, toute personne peut poser des questions à l'intelligence artificielle sur le site IA médical.
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