La construction du Tramway express de l'ouest lyonnais pourrait relever du défi technique, alors que Sytral souhaite creuser le tunnel dans le sens de la montée.
Le projet de Tramway express de l'ouest lyonnais (TEOL) avance, pas à pas. Le conseil d'administration de Sytral mobilités a voté jeudi 18 décembre la déclaration de projet de cette nouvelle ligne forte du réseau TCL qui doit voir le jour d'ici 2032. L'intérêt général du projet a ainsi été confirmé avec l'avis favorable rendu par le commissaire enquêteur dans le cadre de l'enquête publique.
Éviter jusqu'à 200 camions par jour à Ménival
"Si on ne l'arrête pas, le projet est lancé", se félicite ainsi le président écologiste de la Métropole de Lyon et de Sytral mobilités, Bruno Bernard. La création de TEOL, enterré sur la quasi-totalité du tracé, impliquera de creuser un tunnel de près de trois kilomètres sous la colline de Fourvière, avec une portion en pente de plus de 8 %. Il faudra compter environ trois ans pour mener à terme un tel chantier.
Le projet TEOL
Estimé à 800 millions d'euros, le tramway express de l'ouest lyonnais reliera le secteur d'Alaï à Tassin-la-Demi-Lune à Confluence en moins de 15 minutes. Il passera par Sainte-Foy-lès-Lyon (arrêt que ne prévoyait pas le métro E que la maire de la commune regrette pourtant) et le Point du Jour. S'il a été favorisé au métro, c'est notamment en raison de la faible densité de l'ouest lyonnais, et de sa topographie qui ne favorise pas son développement à long terme. "Le projet TEOL nous coûte le double d'un projet de tramway classique à cause des collines", a rappelé Bruno Bernard. Le TEOL devrait accueillir un peu plus de 50 000 passagers par jour à horizon 2032, avec un tramway toutes les cinq minutes en heure de pointe.
Mais Sytral mobilités imagine en faire une véritable prouesse technique. L'autorité organisatrice des transports en commun privilégierait en effet un creusement du tunnel du bas vers le haut, alors que la norme est plutôt de creuser dans le sens de la descente. "Le sens descendant impliquerait une importante base chantier à Ménival dans une zone très habitée", explique Jean-Charles Kohlhaas, vice-président de la Métropole de Lyon et de Sytral mobilités.
Peu d'impact sur l'équilibre budgétaire du projet
Une telle base chantier pourrait occuper jusqu'à 1,5 hectare de surface, et verrai défiler jusqu'à 200 camions par jour dans le 5e arrondissement de Lyon. "Nous privilégions donc le sens montant, qui serait aussi plus vertueux avec une logistique tournée vers le transport fluvial plutôt que le transport routier", précise Jean-Charles Kohlhaas. Une telle logistique permettrait selon Sytral de doubler "le volume de matériaux transporté par bateau chaque année pendant deux ans", et d'ainsi améliorer "l'attractivité du port".
"Il y a un vrai intérêt pour ce scénario à la fois du côté des services de l'État, mais aussi des entreprises des travaux publics et du secteur du fluvial. Beaucoup de gens ont envie de voir cette solution aboutir", assure Jean-Charles Kohlhaas. Un tel scénario permettrait par ailleurs de réemployer directement les matériaux excavés. Ce serait aussi selon Bruno Bernard "l'épaisseur du trait d'un point de vue budgétaire". Pour l'heure, cette solution n'a pas encore été définitivement adoptée, et le projet TEOL doit encore obtenir l'autorisation environnementale avant que les marchés de travaux ne soient attribués.
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Le commissaire enquêteur appelle à "favoriser l'acceptabilité" du projet
Dans son rapport, le commissaire enquêteur, s'il donne un avis favorable au projet, émet quelques réserves. Il invite notamment le Sytral à "favoriser l'acceptabilité" du projet en poursuivant "la concertation avec le public et les élus". Sytral indique de son côté qu'une trentaine d'évènements ont été organisés depuis novembre 2023 en concertation préalable et continue. "Des actions de communication seront organisées comme des stands de proximité, des rencontres avec les acteurs économiques d’un secteur ou encore des porte-à-porte auprès des commerçants", assure l'autorité organisatrice des transports en commun.
Sytral "réaffirme" par ailleurs son souhait "d'engager de nouveaux échanges avec les communes partenaires", notamment sur la limitation des impacts et les opportunités générées par le projet. À noter que le commissaire enquêteur appelle Sytral à n'engager les travaux de la section Ménival-Alaï "qu'après avoir obtenu l'acceptation du projet par les communes traversées".
Mission qui semble pour l'heure compliquée puisque le maire LR de Tassin-la-Demi-Lune est vivement opposé au projet, tout comme la candidate Grand Coeur Lyonnais aux élections métropolitaines, Véronique Sarselli.
