Juliette Murtin, porte-parole du collectif Jamais Sans Toit, est l’invitée de 6 minutes chrono / Lyon Capitale.
Juliette Murtin, porte-parole du collectif Jamais Sans Toit, est l’invitée de 6 minutes chrono / Lyon Capitale.

314 enfants à la rue dans la métropole lyonnaise dont 20 bébés

Juliette Murtin, porte-parole du collectif Jamais Sans Toit, est l’invitée de 6 minutes chrono / Lyon Capitale.

Face à l’augmentation du nombre d’enfants sans hébergement à Lyon, Juliette Murtin alerte sur une situation qu’elle qualifie de "scandale absolu" et appelle l’État et les élus locaux à agir d’urgence.

Un collectif citoyen face à l’urgence

Créé à Lyon en 2014, le collectif Jamais Sans Toit regroupe des citoyens, principalement des parents d’élèves et des enseignants, mobilisés pour venir en aide aux enfants scolarisés sans solution d’hébergement. "On s'est fixé un double rôle : alerter les pouvoirs publics pour que la loi soit appliquée, et pallier l'urgence en mettant ces enfants en sécurité la nuit", explique Juliette Murtin. Hébergement chez des particuliers, financement de nuitées d’hôtel (102 000 euros dépensés l’an dernier à Lyon) ou occupations nocturnes d’écoles, le collectif agit sans subventions publiques, uniquement grâce aux dons et à la mobilisation citoyenne.

Aujourd’hui, la situation reste alarmante : 314 enfants sans toit sont recensés dans la métropole lyonnaise, dont 20 bébés de moins de trois ans, soit une hausse de +40 % en quatre ans. "Il y a actuellement 23 établissements scolaires occupés, c’est énorme en termes de temps, d’énergie et d’argent dépensé pour ces enfants", souligne-t-elle, tout en notant une légère amélioration temporaire grâce à certaines mobilisations exceptionnelles.

L’État interpellé, les municipales en ligne de mire

Pour la porte-parole, la responsabilité est claire : "C'est la responsabilité de l'État en premier lieu". Elle dénonce un sous-financement chronique de l’hébergement d’urgence et rappelle que les acteurs de terrain estiment nécessaires la création de 10 000 places supplémentaires. "C'est absolument insuffisant au vu de l'explosion du sans-abrisme, notamment des enfants, qui ne doit pas être toléré dans une ville aussi riche que la nôtre", insiste-t-elle.

À l’approche des élections municipales et métropolitaines de 2026, Jamais Sans Toit entend peser dans le débat public. "Nous allons tout faire pour que la question du sans-abrisme infantile soit au cœur des municipales", affirme Juliette Murtin, évoquant l’organisation de rencontres avec les candidats et la présentation d’une charte d’engagement. Un rappel glaçant conclut son intervention : "L'année dernière, sur les 912 personnes mortes dans la rue, il y en avait une trentaine qui avaient moins de 15 ans. Il faut agir maintenant."

Plus de détails dans la vidéo :

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Bonjour à tous, bienvenue dans l'émission 6 minutes chrono, le rendez-vous quotidien de la rédaction de Lyon Capitale. Aujourd'hui, nous recevons Juliette Murtin qui est porte-parole du collectif Jamais Sans Toit. Bonjour Juliette Murtin. Merci d'être venue sur notre plateau. On va rentrer dans le vif du sujet. Est-ce que vous pouvez nous expliquer ce qu'est votre collectif Jamais Sans Toit, qui est aussi derrière le collectif ?

Jamais Sans Toit c'est un collectif qui est né à Lyon en 2014, qui est composé de citoyennes et de citoyens, principalement des parents d'élèves et des enseignants, qui essaient de venir en aide aux enfants qui sont scolarisés et qui sont sans solution d'hébergement. Donc on s'est fixé un double rôle qui est à la fois d'alerter les pouvoirs publics pour qu'ils fassent leur travail et pour que la loi soit appliquée, et d'autre part de pallier l'urgence en mettant ces enfants en sécurité la nuit. Ça va passer par de l'hébergement citoyen, c'est-à-dire prendre les enfants chez soi à la maison, ça va passer par le financement de nuitées d'hôtels. Sur la seule ville de Lyon, l'année dernière, on a dépensé 102 000 euros en nuitées d'hôtels.

Vous, Jamais Sans Toit, ce n'est pas de l'argent public, c'est de l'État ?

Non, c'est le collectif qui n'est même pas une association, donc qui se débrouille avec des petits goûters solidaires et des petits dons des particuliers. Et puis ça va passer également par des occupations d'établissements scolaires, c'est-à-dire qu'il y a un membre de la communauté éducative ou un voisin du quartier qui, le soir, au moment où par exemple l'école va fermer ou les derniers élèves s'en vont, va entrer dans l'école avec les familles sans toit et va passer la nuit avec eux pour les mettre à l'abri.

Dans des classes chauffées qui permettent aux enfants de tout âge, et leur famille tout de même, ce n'est pas que les enfants ?

Oui, bien sûr, les enfants avec leurs parents. Et puis au petit matin on fait disparaître toute trace de notre présence et on s'évapore dans la nature avant que l'école ne recommence.

On va parler un petit peu de l'ampleur de l'hébergement d'urgence ou du moins des familles avec enfants, parfois de moins de 3 ans, on en parle avant l'émission dans la rue. À Lyon, ils sont combien aujourd'hui ces enfants dans les rues lyonnaises la nuit ?

Alors aujourd'hui on recense 314 enfants qui n'ont pas de toit sur la métropole de Lyon. Parmi eux, il y a 20 bébés, c'est-à-dire des enfants de moins de 3 ans, donc c'est un chiffre qui est en augmentation de 40% par rapport à il y a 4 ans à la même date. Et ce qu'on peut constater, c'est que la mobilisation du collectif n'a jamais faibli malgré la difficulté qui va croissant. Il y a actuellement 23 établissements scolaires qui sont occupés, c'est énorme, je pense que vous pouvez imaginer ce que ça représente en termes d'investissement de la part des citoyens, en termes de temps, d'énergie, d'argent dépensé pour s'occuper de ces enfants.

Et vous me dites que c'est 40% de plus qu'il y a 4 ans. Moi, j'ai aussi regardé par rapport à il y a un an, le chiffre est un petit peu plus faible d'enfants, moi j'avais noté 400 enfants fin 2024. Il y a eu une amélioration ?

Il y a effectivement une légère amélioration par rapport à l'année dernière en raison de mobilisations massives avec des stratégies d'occupation hors-école qui ont lieu via le collectif, notamment l'école Gilibert par exemple qui était une école désaffectée et pour laquelle on a obtenu le relogement de toutes les personnes. Donc ça fait un petit peu baisser les chiffres heureusement cette année, mais là la courbe est en train de remonter.

On peut parler un petit peu des solutions ou des réformes que vous appelez, parce que vous l'avez dit, vous interpellez aussi les pouvoirs publics. Peut-être le rappeler sur le plan strictement légal : l'hébergement d'urgence est une responsabilité de l'État, bien que les collectivités locales, mairies, métropoles s'engagent dessus puisque nos élus, la majorité écologiste, ont aussi eu des propositions sur ce plan-là. Il y a même je crois une adjointe à la ville de Lyon qui est chargée de l'hébergement d'urgence, si je ne dis pas de bêtises. Vous quelle solution, quel prioritaire préconisez-vous ?

Effectivement c'est la responsabilité de l'État en premier lieu et l'instabilité gouvernementale a eu un impact très fort sur la situation de ces élèves, puisque du fait des 49-3, ces deux dernières années, le budget n'a jamais été à la hauteur des besoins. Les associations et les acteurs de terrain estiment que pour parer à l'urgence uniquement, il faudrait créer 10 000 places d'hébergement. Donc on espère vraiment que ces places pourront être créées et qu'elles figureront sur la copie finale de la loi de finances qui doit arriver dans les jours qui viennent.

D'ici la fin de l'année normalement. Simplement la préfecture communique tout de même sur la construction de nouveaux logements d'urgence, ce n'est pas suffisant c'est ça que vous dites ?

C'est absolument insuffisant au vu de l'explosion du sans-abrisme, notamment des enfants qui ne doit pas être toléré dans une ville aussi riche que la nôtre.

On est en pleine campagne pour les élections municipales et métropolitaines lyonnaises qui vont se dérouler en mars 2026. On est quand même à quelques mois mais ça approche. Est-ce que vous rencontrez les candidats sur vos sujets ? Les candidats qui sont déjà déclarés, d'abord les écologistes, il y a aussi Jean-Michel Aulas à la ville mais aussi LFI qui a trouvé sa candidate pour la ville de Lyon, vous les rencontrez pour discuter, pour faire vos propositions ?

Alors on va le faire. Effectivement la commune c'est le premier échelon de solidarité, elle a un rôle essentiel pour ce qui est de garantir la sécurité et le bien-être des enfants, et donc nous on va tout faire pour que la question du sans-abrisme infantile soit au cœur du débat des municipales. Donc nous allons comme nous l'avons fait en 2020 réunir toutes les candidates et les candidats autour d'une table pour qu'ils puissent présenter leurs idées et leurs propositions sur la question, en espérant que ce soit au cœur de leur programme. Et puis nous avons conçu une charte que nous leur soumettrons et qui nous permettra d'évaluer le degré d'engagement des candidats sur cette question qui est un scandale absolu, qui est celle des enfants sans toit. 314 actuellement à Lyon, et je tiens à rappeler que l'année dernière, sur les 912 personnes qui sont mortes dans la rue, il y en avait une trentaine qui avait moins de 15 ans. Donc c'est un chiffre qui est en augmentation, c'est un chiffre qui est un scandale total et il faut agir maintenant.

Très bien, ce sera le mot de la fin. Merci d'être venue sur notre plateau pour nous alerter aussi sur ce thème dramatique en effet. Quant à vous, je vous remercie d'avoir suivi cette émission. Vous pouvez retrouver plus de détails sur le site lyoncapitale.fr. À très bientôt.

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