Le Flocon vert distingue des destinations montagnardes engagées dans une démarche de transition écologique sérieuse. En 2025, trente territoires ont décroché ce précieux label, au terme d’une procédure exigeante. Explications.
Depuis 2001, Mountain Riders s’est donné pour mission d’éduquer et d’accompagner les pratiquants et acteurs de la montagne sur les enjeux de transition écologique. L’association, qui compte aujourd’hui une vingtaine de salariés, a édité dès 2006 un éco-guide des bonnes pratiques à destination des stations de montagne. Le “Flocon vert” est né cinq ans plus tard. Ce label unique distingue certains territoires montagnards pour leur engagement en faveur de la transition écologique, suivant un cahier des charges précis établi par soixante-dix experts, scientifiques et professionnels de la montagne. “Le cahier des charges s’est vraiment élargi au fil des années, constate Jérémy Le Moing, chef du projet “Flocon vert”. Il ne se limite pas à la question de la gestion des ressources. Il englobe aussi la gouvernance entre les acteurs du territoire, sa résilience pour l’avenir, l’économie et l’emploi local…”

Concrètement, ce cahier des charges repose sur quatre piliers : la gouvernance et la résilience (comprenant l’aménagement du territoire, la mise en place de mobilités durables ou encore la participation citoyenne) ; l’économie durable (diversification, achats responsables, emploi et économie locale, suivi et stratégie économique) ; les dynamiques sociales et culturelles (l’accessibilité, l’offre culturelle, la sensibilisation, la vie locale et la place des familles) et enfin, évidemment, la gestion des ressources (eau, énergie, biodiversité, sols et déchets).

30 stations de montagne labellisées Flocon vert
Le premier territoire à avoir reçu un flocon vert est celui des Rousses, dans le massif du Jura, en 2013. Puis Chamonix, en Haute-Savoie, et La Pierre Saint-Martin, dans les Pyrénées. Depuis, les candidats se multiplient. Le nombre de stations labellisées est passé de sept en 2020 à trente en 2025. Actuellement, dix-neuf destinations de montagne françaises, majoritairement alpines, détiennent un flocon vert : Les Saisies, Saint-François-Longchamp, Tignes, Val-d’Isère, La Plagne, Crest-Voland Cohennoz, Valloire, La Rosière, Les Belleville et Val-Cenis pour la Savoie ; Passy, Cordon, Morzine-Avoriaz et Le Grand-Bornand en Haute-Savoie ; Chamrousse en Isère ; Les Angles et Font-Romeu dans les Pyrénées-Orientales et enfin Valdeblore et Auron dans les Alpes-Maritimes.
Onze ont réussi à en obtenir deux : les Rousses, dans le Jura ; Chamonix, Saint-Gervais Mont-Blanc, Megève et Châtel en Haute-Savoie ; Les Arcs, Méribel et Arêches-Beaufort en Savoie ; Valberg dans les Alpes-Maritimes ; Les Cauterets dans les Hautes-Pyrénées et enfin Lans-en-Vercors en Isère. Chacune a son point fort : l’accueil des familles aux Rousses et au Grand-Bornand, la biodiversité à Chamrousse et Lans-en-Vercors, l’économie locale à Châtel…
Pour l’instant, personne n’est parvenu à décrocher trois flocons, le dernier niveau du label. Particulièrement exigeant. “Il faut être bon sur tous les critères”, confirme Jérémy Le Moing. Lui constate “une volonté générale d’agir”. “On a passé le cap du climato-scepticisme, assure-t-il. Plein de territoires ne nous ont pas attendus pour agir. Si aucun n’est exemplaire à 100 % de notre cahier des charges, aucun n’est parti de zéro.” Il note des évolutions plus ou moins rapides selon la taille des territoires – et surtout la possibilité de détacher du personnel dédié à la candidature “Flocon vert”.

“Il faut trouver le juste milieu avec des objectifs ambitieux qui restent réalistes”
Car celle-ci est loin d’être une simple formalité. Les territoires doivent présenter une candidature commune portée par la mairie, l’office de tourisme et le domaine skiable. “C’est essentiel pour que ça fonctionne”, insiste Jérémy Le Moing. À ces acteurs indispensables, peuvent s’ajouter la communauté de communes, un éventuel parc national, etc.
Après un atelier de lancement lors duquel sont présentés le cahier des charges et la stratégie de transition envisagée par le territoire pour l’avenir ainsi qu’un second atelier grand public, Mountain Riders réalise un état des lieux et propose ses préconisations.
Au bout d’une année d’accompagnement, un comité de labellisation, qui se réunit deux fois par an, décide d’octroyer (ou pas) le sésame. Le Flocon vert est valable trois ans, pendant lesquels les territoires continuent à être suivis. À l’expiration de ce délai, ils doivent renouveler la procédure, avec un nouvel accompagnement d’une année pour affiner leur stratégie.
“L’idée, c’est qu’ils s’améliorent de manière continue, précise Jérémy Le Moing. Il faut trouver le juste milieu avec des objectifs ambitieux qui restent réalistes.” L’installation de canons à neige, par exemple, n’est pas forcément rédhibitoire. “Ça va dépendre de la cohérence avec le plan de transition et de la ressource en eau disponible sur le territoire. Si c’est pour enneiger une piste exposée plein sud, ça n’a aucun intérêt.”
Pour les stations de montagne, l’enjeu est quadruple. Le fait de mettre ainsi tous les acteurs autour de la table est souligné par plusieurs territoires, ainsi que la précision du cahier des charges établi et les possibilités d’échange avec les autres destinations montagnardes, souvent confrontées aux mêmes problématiques. Et, bien sûr, afficher fièrement le logo vert. “Il y a une vraie coopération, loin de la compétition habituelle pour attirer le plus de touristes”, se réjouit Jérémy Le Moing.
Pour en savoir plus sur le label et les destinations labellisées : flocon-vert.org

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