Olivier Balas, président d’Unitex Aura
Olivier Balas, président d’Unitex Aura

Filière textile : "Notre seul moyen de nous en sortir, c’est l’excellence"

Olivier Balas, président d’Unitex Aura, est l’invité de 6 minutes chrono / Lyon Capitale.

À la tête du plus grand syndicat textile régional de France, il dresse le panorama d’une filière essentielle pour l’économie d’Auvergne-Rhône-Alpes, alors que se tient à Villeurbanne l’événement Demain le textile, du 13 au 17 octobre, consacré à l’économie circulaire. Pour Olivier Balas, la région dispose d’un écosystème textile unique : "On a vraiment toutes les composantes du textile en France, de l’habillement au médical, en passant par les composites et l’ameublement." Si la diversité des entreprises est une force, les défis sont nombreux. "Nos faiblesses sont liées à la politique internationale et à la réglementation européenne", souligne-t-il, appelant à "se faire entendre" pour défendre la compétitivité des acteurs régionaux.

Relocaliser et innover

La question de la relocalisation reste centrale. "Relocaliser en France, ce n’est pas simple, mais l’enjeu est apparu avec le Covid", rappelle le président d’Unitex Aura. Face à la concurrence mondiale, il mise sur la montée en gamme : "Notre seul moyen de nous en sortir, c’est l’excellence. Il faut travailler sur les marchés de niche et sur l’innovation." Conscient des enjeux environnementaux, Olivier Balas insiste aussi sur l’effort engagé pour une production plus durable : "Nous travaillons sur la sobriété hydrique des entreprises, car l’eau est un enjeu capital."

Plus de détails dans la vidéo :

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Bonjour à tous, bienvenue dans l'émission 6 minutes chrono, le rendez-vous quotidien de la rédaction de Lyon Capitale. Aujourd'hui, on va parler de la filière textile d'Auvergne-Rhône-Alpes puisque nous recevons Olivier Balas, président d'Unitex Aura, le plus important syndicat textile régional de France. Bonjour Olivier Balas. Alors nous vous recevons parce que, du 13 au 17 octobre, à Villeurbanne, se tient l'événement Demain le textile, semaine de l'économie circulaire. Un grand rendez-vous pour la filière avec différentes activités à Villeurbanne. On le rappelle, la filière textile d'Auvergne-Rhône-Alpes, c’est tout de même 6 000 entreprises, 17 000 emplois directs, 30 % du chiffre d’affaires national. C’est donc une filière conséquente. On va rentrer un peu dans le vif du sujet : est-ce que vous pouvez nous dessiner un panorama de cette filière ? Quelles sont ses forces et ses faiblesses ?

Les forces de notre filière, c’est d’avoir toutes les composantes de notre activité dans notre périmètre. On a aussi bien la partie habillement, qui représente encore 40 à 45 % des activités, que la filière technique avec tout ce qui est assemblage composite, ainsi que le secteur médical, un vrai sujet aujourd’hui, sans oublier la défense ou encore un peu d’ameublement. On a donc vraiment tout le panorama de ce qui peut se passer dans le textile en France.
Nous sommes aussi la deuxième filière européenne, juste derrière l’Allemagne, avec des forces industrielles importantes : des ETI, quelques grosses ETI et surtout des TPE-PME, ce qui fait l’agilité de notre activité.
Nos faiblesses, elles, sont essentiellement liées à la politique internationale, à tout ce qui se passe dans le monde : notre capacité à réagir correctement face aux réglementations européennes et à notre environnement global.

Les taxes douanières, par exemple, ça vous concerne ?

Les taxes, oui, on est concerné. Ce n’est pas forcément un enjeu numéro un partout ; on l’est davantage sur les taxes d’entrée, qui nous inquiètent. Sur les taxes de sortie, on est à peu près comme les autres pays, donc on s’en sort. Mais notre faiblesse, c’est d’être une filière beaucoup moins importante qu’elle ne l’a été. Il faut réussir à se faire entendre, et j’en profite avec ce plateau pour le dire.

Vous faites une transition idéale. C’est une question qui revient souvent : celle de la relocalisation industrielle. Comment revitaliser une filière ancienne ? On parle quand même d’Auvergne-Rhône-Alpes, de Lyon… C’est une réalité aujourd’hui, la relocalisation en France ou en région, ou est-ce encore un vœu pieux, un horizon lointain ?

On représente très peu, en France, par rapport à l’économie mondiale du textile. Relocaliser en France, ce n’est pas énormément de points de pourcentage à récupérer pour peser à nouveau sur le marché.
L’enjeu est apparu au moment du Covid, évidemment : on a essayé de produire en France un certain nombre de choses après avoir constaté notre dépendance extrême, dans la chimie, le médical, les médicaments…
Mais comment implanter une industrie dans les territoires ? Comment implanter des usines avec des procédés de transformation parfois contraignants, notamment en matière de gestion de l’eau ou de chimie...

La marge est énorme. En France, sur le vestimentaire, 90 à 97 % des produits textiles sont importés…

Oui, si on reprenait ne serait-ce que 2 ou 3 %, ce serait déjà parfait à l’échelle mondiale. Mais il nous faut les savoir-faire, il faut tout reconstruire : restructurer une industrie en France, ce n’est pas simple.
Les politiques s’emparent régulièrement du sujet, mais il faut accompagner ces efforts. Et notre difficulté, ce sont les moyens nécessaires pour réindustrialiser.
Un reportage hier évoquait les coûts de main-d’œuvre : entre un produit fabriqué en France et à l’étranger, le rapport peut aller à fois 4, 6 ou 8. Nos vraies difficultés viennent donc souvent des charges et de la réglementation.

C’est un vrai sujet. Comment la filière régionale — ou française — se situe-t-elle par rapport à l’international sur les prix, les innovations, ou encore l’écologie ? On est toujours très chers, non ?

Notre seul moyen de nous en sortir, c’est l’excellence. Il faut miser sur les marchés de niche, sur les segments les plus rémunérateurs. La difficulté, c’est qu’il faut tout de même alimenter les usines : il faut du volume d’activité pour que le modèle économique tienne. Il faut donc combiner ces deux impératifs : un volume suffisant et une montée en gamme forte, très liée à l’innovation.

Et sur l’écologie ? C’est un sujet souvent pointé du doigt, peut-être pas pour la filière française mais pour le textile en général.

Nous sommes très présents sur les ruptures technologiques pour améliorer la gestion de l’eau. Nous avons mené, avec la préfecture, un programme sur la sobriété hydrique des entreprises, car l’eau est un enjeu capital.
Nous travaillons sur ces sujets, qui demandent beaucoup d’investissements. C’est toujours le même problème : comment générer les investissements nécessaires ?
L’innovation, c’est aussi la transition écologique : la transformation de nos outils, les comportements, toute la chaîne du producteur au consommateur. Il faut que ce sujet soit perçu par tous.

Très bien, ce sera le mot de la fin. C’est toujours trop court, 6 minutes chrono. Merci d’être venu sur notre plateau. Quant à vous, merci d’avoir suivi cette émission. On le rappelle : du 13 au 17 octobre à Villeurbanne, Demain le textile, semaine de l’économie circulaire, pour découvrir les enjeux d’avenir de la filière textile. Merci et à très bientôt.

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