"Touche pas à ma poste", c'est le nom de l'action menée par la députée du Rhône, Sandrine Runel, pour redynamiser le service postal en France.
2 589 bureaux de postes ont fermé en France en dix ans, entraînant la suppression de 70 000 emplois. 30 000 emplois sont menacés de disparaître d'ici 2030. Face à ce constat, la députée Socialiste de la 4e circonscription du Rhône Sandrine Runel, a décidé de déposer une proposition de loi, visant à garantir l’accès universel au service postal et à améliorer sa présence sur le territoire français.
L'idée : assurer l'égalité républicaine en matière de service postal, préserver un service de proximité face à la concurrence, et protéger l'emploi en garantissant la pérennité de milliers de postes de travail menacés.
"Un rempart contre l'isolement"
Mais pourquoi la question de la poste est-elle au coeur des préoccupations ? Selon la députée, le sujet de la poste dépasse les frontières du "simple courrier à envoyer", de par sa dimension sociale : "Les bureaux de la poste ne servent pas seulement à envoyer des colis, ils servent à créer du lien social, aider, conseiller, c'est un lieu d'écoute, d'aide et d'accompagnement, notamment pour les populations les plus fragiles et les plus déconnectés au sens numérique", affirme la députée. Elle poursuit : "C'est un rempart contre l'isolement des personnes les plus démunies et des personnes âgées, ça permet aussi de détecter des situations d'isolement, de précarité et cela joue un rôle dans les quartiers."
Une dimension sociale, doublée d'une mission de service public. En effet, la poste dispose d'un service bancaire : la banque postale. "C'est important que les personnes affiliées à cette banque puissent rencontrer des personnes physiquement, d'autant plus que la banque postale est un service utilisé par des populations en situation précaire, souvent bénéficiaires du RSA", indique la Socialiste.
Un bureau tous les kilomètres ?
Pour préserver cette dimension sociale, et tenter de stopper ces fermetures des bureaux de poste, Sandrine Runel propose de modifier la loi de 1990. L'idée : faire évoluer cette loi basée sur une vision de la France plutôt rurale, en l'adaptant aux modes de vies actuels et aux zones urbaines très denses : "La loi indique que tout usager doit avoir accès à un bureau de poste à moins de 5 km, mais 5 km à Lyon maintenant c'est énorme", explique la députée. Elle poursuit : "L'idée c'est d'adapter les contraintes du service postale, pour que tout usager, puisse avoir un bureau de poste accessible à 20 minutes de marche de chez lui, ce qui veut dire à peu près à 1 km."
Les horaires des bureaux devraient quant à eux être élargis, afin d'accueillir tous les publics : "L'idée c'est aussi d'adapter les horaires aux personnes qui travaillent, aux personnes âgées, ce qui n'est pas forcément le cas aujourd'hui puisque certains bureaux sont ouverts à temps partiel", souligne la députée. Un frein à l'attractivité du service, fortement concurrencé par la présence de plus en plus forte de Mondial Relay et des lockers : "Aujourd'hui, il est plus simple d'aller chercher son colis dans un casier où il suffit de taper un code, ou, dans des commerces ouverts jusqu'à 22 h, donc oui, il y a des choses à revoir dans le service postal", affirme la députée.
Répondre aux modes de consommation actuels
Pour lutter face à ces modes de consommations modernes, la poste va en effet devoir s'adapter : "Nous n'allons pas lutter contre la mondialisation des échanges, par contre nous pouvons essayer de faire en sorte que la poste récupère une part de marché", indique la Socialiste. Alors que certains sites ne proposent même plus la livraison postale, cette dernière pourrait être remise au goût du jour : "Il faudrait obliger les plateformes, type Vinted ou autre, à proposer la livraison en bureau de poste."
Et si la poste n'est plus aussi ancrée dans les habitudes qu'autrefois, la députée espère son retour : "Je pense qu'on peut se réapproprier ce modèle là, qu'on soit jeune, âgé, il suffit juste de trouver un mode de fonctionnement qui réponde aux modes de vie actuel", termine Sandrine Runel.
Pour faire connaître sa cause et informer les publics sur le service postal français, la députée lance également une campagne de communication nommée "Touche pas à ma poste."
En chiffres :
- 2 589 bureaux ont fermés en 10 ans, faisant passer le nombre de bureaux de poste de 6 985 en 2024 à 9 574 en 2014.
- 70 000 emplois ont été supprimés depuis 2014 et 30 000 emplois sont menacés d’ici 2030
- 3 320 relais postaux ont ouverts entre 2014 et 2024
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