©Anne Laure Étienne

La nouvelle installation d’Odalie aux SUBS : “Être artiste, c'est soigner la société”

De son vrai nom Sophie Griffon, Odalie est compositrice et productrice de musique électronique depuis maintenant 10 ans. Son nouveau projet est à découvrir aux Subs du 11 au 14 septembre dans le cadre du festival Optimisme Ambient.

Sophie Griffon ©Anne Laure Étienne

Sophie Griffon, alias Odalie, nous donne rendez-vous dans un café-librairie, en face du TNP à Villeurbanne. Quand elle arrive, elle explique d’abord la vision qui accompagne sa musique : elle met beaucoup d’elle même, de ses expériences et de ses émotions dans ses compositions. Cela explique, pour elle, le fait qu’elle n’ait pas choisi d’utiliser son vrai nom : “j’avais envie de séparer qui je suis en tant que personne et qui je suis sur scène. Sinon c’est un peu difficile : quand on critique ta musique, on te critique toi. [...] Ça m’aidait de vraiment séparer les deux : Odalie, qui est l’artiste, et moi, Sophie Griffon”. 

“J'ai envie de recréer du lien”

Après 10 ans d’aventure musicale, deux albums et un EP, elle a décidé de se lancer dans un nouveau projet, Puissante Vulnérabilité, une installation sonore immersive accessible du 11 au 14 septembre aux Subsistances. Cette installation résolument contemporaine mêle musique instrumentale, co-composée avec le violoncelliste Paolo Rezze et interviews menées auprès d'une dizaine de personnalités (biologiste, journaliste, chercheuse, économiste, travailleuse du sexe, sociologue, poétesse ou neuroscientifique). Le spectateur, plongé dans le noir et entouré d'enceintes, pourra découvrir cette création articulée autour de la vulnérabilité.

Sophie Griffon explique que ce projet est l’aboutissement, la continuité aussi bien de sa vie personnelle que de sa carrière musicale. Depuis ses débuts de chroniqueuse à France Bleu à la sortie de son album Puissante Vulnérabilité en 2021, en passant par ses années dans un squat “artistico-politique”, une chose l’obsède : créer du lien, de la discussion, des émotions. Quand elle évoque cette dernière période, elle raconte : “On organisait des concerts, on avait une bibliothèque, on organisait des ateliers, on avait des permanences pour les personnes qui essayaient de faire des papiers administratifs. On essayait de recruter des étudiants, de ramener des gens qui ne se connaissent pas, de créer des discussions, d’organiser des débats. On essayait de mélanger des gens : par exemple on invitait des profs de sciences politiques pour créer une discussion avec la maison de retraite d’à côté”.

Redorer l’image de la vulnérabilité pour mieux faire société

Lorsqu’elle parle de son installation Puissante Vulnérabilité, elle évoque une double dimension, un contraste entre individualité et collectif. Car, effectivement, ce projet touche à quelque chose de très intime tout en construisant - du moins c’est l’effet recherché - une dimension collective. Intime, il l’est d’abord par le sujet au centre de l’installation : la vulnérabilité, qu’elle ne peut pas (ou ne souhaite pas) définir, tant elle est à la fois large et propre à chacun. Ensuite par la configuration qu’elle a choisie : les spectateurs-auditeurs seront dans le noir, entourés par 35 enceintes, permettant au son “d’aller de haut en bas, de s'éloigner très très loin, puis de revenir un peu en te coulant dessus, comme de la pluie”. Pour autant, Odalie veut par-dessus tout que cette installation rassemble et connecte les gens : “J'ai l'impression qu'il y a un truc à construire. Je me dis que si on vit une expérience collective, on traverse quelque chose ensemble [...] donc j'adorerais que les gens qui ne se connaissent pas se parlent après, même s'ils ne sont pas d'accord avec moi”. Avant même de présenter son projet, elle a le sentiment d’avoir “déjà gagné” son pari : car les personnes ayant participé à l’installation “veulent se rencontrer [...] leur réaction immédiate c’est de coopérer, de créer des choses ensembles”. Car, sur cette installation, Odalie n’est pas seule avec sa musique : elle a interviewé 10 personnalités (Sylvain Charlat, Olivier Hamant, Samah Karaki, Dgin, Timothée Parrique, Cindy Pooch, Haude Rivoal, Eva Sadoun, Pablo Servigne et Camille Teste) sur leur vision de la vulnérabilité.

Passeuse de messages”

A ce moment de notre rendez-vous, elle parle de son rôle de “passeuse” d’idées : “ces gens ont des choses vraiment intéressantes à dire, que j’ai mis en musique pour pouvoir faire passer des émotions au-delà des seules idées”. En tant que narratrice silencieuse, Odalie ne parle à aucun moment dans son installation. Et pourtant, tout au long de celle-ci, Sophie Griffon s’exprime et se raconte : “je voulais quand même garder mon message [...] que je transmets à travers ces personnes qui parlent”. Après avoir récolté plus de 14 heures d'interview, elle a ensuite procédé à découper et à recouper toutes les paroles de ses interviewés : “je triais, j'essayais de trouver les liens entre ce que les personnes se racontaient”. Finalement, si elle ne parle pas, elle veut tout de même transmettre un message fort - pour elle, notre société repose sur la vulnérabilité, sur l’empathie, sur l’écoute : “je pense profondément que si on était plus capable de montrer notre vulnérabilité, on arriverait mieux à faire groupe”. 

Elle n’est pas tout à fait seule sur ce projet, puisque les musiques qui accompagnent les interviews sont issues de sa discographie et co-composées avec Paolo Rezze. Le violoncelliste travaille avec Odalie depuis le début, apportant une dimension "très intime, très humaine” aux sons électroniques : “dès que le violoncelle rentre, ça fait vraiment une présence”. 

Si vous voulez découvrir cette installation sonore immersive - et pourquoi pas rester pour débattre de ce qui a été dit à la fin, ça se passe aux Subs, du 11 au 14 septembre.

INFOS PRATIQUES
40 minutes de spectacle, toutes les heures
À partir de 16 ans
5€
11 & 12 septembre entre 19h et 21h ; 13 septembre entre 16h et 19h ; 14 septembre entre 17h et 19h

Laisser un commentaire

réseaux sociaux
X Facebook youtube Linkedin Instagram Tiktok
d'heure en heure
d'heure en heure
Faire défiler vers le haut