46e édition déjà pour le festival d’Ambronay qui, depuis près d’un demi-siècle, célèbre les musiques baroques et anciennes avec toujours la même acuité. Une formule qui s’inscrit dans le temps et se renouvelle chaque année via l’incursion de spectacles s’éloignant en douceur du seul baroque et élargissant la mission du Centre culturel de rencontre d’Ambronay.
Il était un fois dans l’Ain – au pied du contrefort le plus occidental du Bugey – un village du nom d’Ambronay abritant une abbaye datant du XIe siècle. En 1980 s’y tient la première édition d’un petit festival familial consacré à la musique baroque.
Le monde du baroque n’est pas à l’époque ce qu’il est aujourd’hui et tout est encore à faire pour populariser ces musiques anciennes et un nouveau type de pratique basé sur l’“interprétation historique”, notamment sur instruments d’époque.
Boudés des grands auditoriums, ceux qu’on appelle les “baroqueux” font alors figure de gentils hippies défrichant sans relâche tant de pages oubliées et dissertant sur la manière la plus avisée d’interpréter des œuvres composées pour des instruments différents de ceux de l’orchestre symphonique qui abordait l’interprétation d’une tout autre manière.
Dans ce petit monde du baroque émergent, les relations de solidarité se tissent et la famille Ambronay s’élargit de toute une galaxie d’interprètes et de musiciens pionniers qui deviendront bientôt légendes (Jordi Savall, La Petite Bande, William Christie et Les Arts florissants parmi tant d’autres…).
Et voilà que des années plus tard, le baroque devient “mainstream”, son potentiel commercial s’impose. Le petit festival devient une “institution” et un grand plan de rénovation de l’abbaye est mis en marche. Accédant au titre de Centre culturel de rencontre, le site et son projet adossé multiplient depuis lors les initiatives culturelles et patrimoniales à l’année.

Trois week-ends sinon rien
Pour sa 46e édition, le festival d’Ambronay ne déroge pas à la recette en vigueur depuis plusieurs années : une programmation étalée sur les week-ends de septembre, savant mélange de références incontournables, ensembles émergents, activités familiales ou patrimoniales et concerts “périphériques” ouverts vers des musiques actuelles ou world.
Côté points d’orgue, on retrouvera le premier week-end le Te Deum d’Alessandro Scarlatti interprété par le Coro e Orchestra Ghislieri ainsi que son Stabat Mater par l’ensemble La Palatine, la fabuleuse Messe en Si de J.-S. Bach par Vox Luminis ou ce concert audacieux associant musique chorale du romantisme allemand (Brahms, Mahler, Wolf, Reger) et de Bach sous la houlette du chœur Les Cris de Paris de Geoffroy Jourdain.
Le deuxième week-end verra le retour de l’ensemble Correspondances dans un florilège de Cantates de jeunesse de J.-S. Bach ainsi que la présence de la Cappella Mediterranea de Leonardo García-Alarcón dans Acis & Galatée de Haendel ou encore dans un programme hommage aux grandes compositrices du baroque italien en compagnie de la soprano Mariana Flores.
Le troisième et dernier week-end sera marqué quant à lui par la présence des Musiciens de Saint-Julien ou de l’ensemble Pygmalion de Raphaël Pichon associant Bach à ses aînés et contemporains de compatriotes (Buxtehude, Bruhns, Schütz, Erlebach…).
Côté jeunes talents, il n’y a ici que l’embarras du choix puisque le CCR d’Ambronay s’est depuis longtemps donné pour mission l’accompagnement des ensembles émergents.
Côté “périphériques”, la world music aura son mot à dire avec le duo Ballaké Sissoko/Piers Faccini pour un dialogue entre traditions mandingues et folk méditerranéenne.
Entre féminisme revendicatif et burlesque assumé, le spectacle musical Diva Syndicat célébrera quant à lui mille ans de musique au féminin.
Toujours sur le thème de l’engagement féministe, le programme Venus Rising du trio de percussionnistes SR9 autour de la vocaliste Kyrie Kristmanson nous emmènera encore davantage en terres crossover : de Hildegarde de Bingen à Kate Bush ou Barbara en passant par Lili Boulanger ou la diva baroque Barbara Strozzi. Des rendez-vous familiaux (spectacles, concerts) à gogo, des visites de l’abbaye et activités (dans le cadre des Journées européennes du patrimoine), des ateliers, bords de scène ou clés d’écoute : le festival d’Ambronay s’affiche une fois de plus comme le rendez-vous culturel de la rentrée en Auvergne-Rhône-Alpes.
Festival d’Ambronay – Du 12 au 28 septembre dans divers lieux à Ambronay