Une école lyonnaise ©PLUQUETPierreAntoine
En septembre 2023 31 classes ne rouvriront pas leurs portes à Lyon. ©PLUQUETPierreAntoine

"33 degrés dans nos locaux" : les crèches et écoles lyonnaises peinent à survivre à la chaleur

Alors que les températures ne cessent de grimper, les conditions de travail deviennent de plus en plus compliquées dans les crèches et écoles lyonnaises en ce mardi 1er juillet.

Depuis dimanche 29 juin, 84 départements français, dont celui du Rhône, sont placés en vigilance orange canicule. Avec 38 degrés annoncés lors de trois jours consécutifs, Lyon se place parmi les villes les plus touchées par la violente vague de chaleur.

"Des stores demandés depuis plusieurs années à la Ville de Lyon"

Si l'Académie de Lyon a exceptionnellement autorisé les parents à garder leurs enfants à la maison jusqu'à la fin de l'épisode caniculaire, les classes doivent quant à elle rester ouvertes sous des chaleurs parfois insoutenables pour accueillir les élèves présents.

Certaines crèches ont quant à elles dû fermer d'urgence, en raison de chaleurs extrêmes et du manque de moyens pour rafraîchir les salles.

"Nous ne pouvons pas garder des enfants dans ces conditions"

Installée dans un ancien studio photo appartenant désormais à la Ville de Lyon, la crèche Chardonnet (1er) enregistre 33 degrés dans ses locaux. La raison de cette chaleur : la présence de grandes fenêtres et d'une verrière ne disposant ni d'ouvertures, ni de rideaux, ni de stores thermiques : "Au même titre que les personnes âgées, les bébés sont à risques, nous ne pouvons pas garder des enfants dans ces conditions", déplore Bettina, directrice dans l'obligation de fermer sa crèche pour la santé des enfants.

Même problématique dans certaines écoles, dont les écoles maternelles et primaires Anatole France dans le 3e arrondissement ne disposant ni de climatisation, ni de rideaux. L'association de parents d'élèves alerte : "Les enseignants n’ont pas les moyens de faire diminuer la chaleur ressentie, dans le meilleur des cas, ils ont un seul ventilateur uniquement par classe." Ils poursuivent : "Certains en sont même à mettre des feuilles de papiers aux fenêtres, faute de store." "Des stores pourtant demandés depuis plusieurs années à la Ville de Lyon", précise l'association.

Des mesures "déconnectées"

Face à ces problématiques, la Ville de Lyon affirme que l'objectif est de "maintenir les établissements ouverts et de trouver les meilleures adaptations pour rendre les journées plus supportables." Elle recommande notamment l'application du protocole canicule : s'hydrater, s'installer dans des salles moins exposées, limiter les activités sportives et servir des repas froids dans les cantines.

Mais sur le terrain, la réalité est bien différente et ces consignes sont jugés "insuffisantes", voir "déconnectées" : "On nous dit d'hydrater les enfants et de les mettre à l'abris de la chaleur, c'est limite insultant, bien sûr que nous le faisons mais ça ne suffit pas", déplore une enseignante de l'école maternelle Jean-Jaurès.

"Lyon fait partie de l’une des villes françaises les plus exposées aux vagues de chaleur"
Sollicité, le météorologue fondateur de Météo-Lyon.net, Guillaume Séchet indique que "Lyon fait partie de l’une des villes françaises les plus exposées aux vagues de chaleur. De par sa position géographique, la ville réceptionne en premier plan les masses d’air chaud provenant du Sahara. Son emplacement dans la vallée du Rhône encastrée au milieu du massif central, des monts du lyonnais et des Alpes empêche la chaleur accumulée de s’échapper, rendant le climat d’autant plus étouffant".
Et la situation ne fera qu'empirer. D'ici la fin du siècle et si notre trajectoire d'émissions reste la même, les étés lyonnais devraient être ceux d'Alger aujourd'hui. Selon un décompte du Monde, le Rhône est ainsi le département ayant connu le plus de jours en vigilance canicule depuis 2004.

Quant à l'idée d'installer des systèmes de climatisation , elle est écartée par la mairie : "Lors d'une récente réunion, nous avons demandé à la mairie de nous installer des climatiseurs, mais celle-ci s'y est opposée sous prétexte de soucis écologiques", déplore Bettina. A la place, la Ville aurait alors préconisé l'installation de climatisations portatives et de nouveaux rideaux : "Le problème c'est que nous ne pouvons pas alimenter de clim' portative puisqu'aucune fenêtre ne s'ouvre", ajoute la directrice de la crèche.

La rénovation thermique comme solution ?

Et ce n'est que le début. D'ici 2050, la températures des étés lyonnais devrait égaler ceux actuellement ressentis à Madrid. Une problématique "mal gérée" selon Noémie, enseignante et syndicaliste, qui dénonce un réel soucis d'anticipation : "Cela fait dix jours que nous souffrons de la chaleur et nous avons l'impression que l'Etat s'en rend compte seulement maintenant." Elle ajoute : "La solution c'est l'anticipation à long terme, nous ne pouvons pas continuer comme ça."

Car en effet, pour certains bâtiments lyonnais vieux d'une vingtaine d'années, les ventilateurs ne suffisent plus : "Il n'y a pas d'isolation dans ces bâtiments, la seule solution c'est la rénovation thermique du bâti sur le long terme" affirme Noémie. "Alors oui c'est ambitieux, ça coûte de l'argent mais les conditions actuelles ne sont pas normales et sont réellement dangereuses pour les enfants", explique l'enseignante faisant référence à plusieurs malaises et saignements de nez survenus dans son établissement.

Autre solution envisageable pour Noémie : instaurer des horaires scolaires adaptés à la chaleur comprenant de plus long temps de pause comme dans certains pays voisins. En attendant, l'enseignante espère que le problème "ne tombera pas aux oubliettes" avec l'arrivée des vacances scolaires ce vendredi.

Lire aussi : 35°C dans les écoles à Lyon : le syndicat Sud demande des "mesures de protection"

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