© Cordon Tourisme

Escapades en Haute-Savoie : Cordon, fenêtre ouverte sur le Mont-Blanc

Voici revenu le joli mois de mai, avec ses jours fériés et ses ponts tant appréciés, propices à d’impromptues escapades nature. Et quoi de plus ressourçant que de profiter des floraisons printanières face au plus majestueux sommet de l’Europe ? Filons à Cordon, paisible village haut-savoyard, aux vues imprenables sur le Mont-Blanc. Offrant balades, visites de fermes… Cordon est également le point de départ du sentier du Baroque, valorisant les nombreuses églises baroques du pays du Mont-Blanc.

Un peu à l’écart des routes touristiques de la région, Cordon puise aujourd’hui son attrait dans son caractère authentique et tranquille. Ce petit village étagé, dont le cœur affiche 850 mètres d’altitude, offre en prime une des plus belles vues sur la chaîne du Mont-Blanc. Son surnom de “balcon du Mont-Blanc” n’est pas galvaudé. Du village et ses environs, le plus haut sommet d’Europe, juste en face, semble tout proche, sa chaîne montagneuse se découpant sur le ciel bleu.

Le village de Cordon © Xavier et Caroline

Balades familiales ou sportives panoramiques

Les plus nonchalants pourront profiter de la vue depuis l’une des terrasses de bars ou hébergements, où chaises et transats invitent à la contemplation. De nombreuses promenades familiales, de niveau facile, sont également balisées autour du village ou en forêt. Mais pour savourer au mieux ce panorama d’exception, préparez un pique-nique et attaquez la bonne grimpette sur le chemin de Tête-Noire.

Le village de Cordon © Xavier et Caroline

Au départ du parking du Péray, une montée ardue en zigzag dans la forêt, sur un peu plus de 400 mètres de dénivelé, mène au sommet de Tête-Noire. Au pied de la croix, vos efforts seront récompensés. Le paysage s’ouvre d’un côté sur la chaîne du Mont-Blanc, de l’autre sur la chaîne des Aravis.

Le chemin, assez plat malgré quelques montées, se poursuit sur la crête jusqu’au plateau des Bénés, d’où vous pourrez pousser jusqu’à la cabane du Petit Pâtre.

Des tables de pique-nique invitent à une pause bien méritée, dans un décor digne d’un quatre-étoiles. Le retour, en boucle, s’effectue par les chalets des Bénés, puis Les Sions. N’oubliez pas les jumelles pour tenter d’apercevoir chamois et bouquetins !

S’initier à la fabrique de fromage à la ferme de l’Abérieux

Ferme de l’Abérieux © CD

Au pays du fromage et de la fameuse tomme de Savoie, il est possible à Cordon de s’approvisionner directement à la ferme, d’assister le soir à la traite ou à la fabrication du fromage (le matin sur réservation).

Nichée au départ d’un chemin de randonnée, la ferme de l’Abérieux est dirigée par Albert, à la tête d’une exploitation agricole d’environ vingt-cinq vaches laitières de race tarine. Ces dernières se caractérisent par leur robe rousse et leurs yeux, entourés de lunettes sombres, qui semblent maquillés de noir. Le lait récolté est ici entièrement transformé sur l’exploitation.

Au laboratoire, devant une grande cuve en cuivre, grâce aux généreuses explications d’Albert, vous pourrez suivre en direct la fabrication de fromages, une fois le lait caillé, jusqu’au moulage et salage. Vous pourrez également vous approvisionner en tommes et raclettes de Savoie, bleus mais aussi fromages frais et faisselles.


© Xavier et Caroline

Le saviez-vous ?

La tomme de Savoie est recouverte d’une flore grise, appelée mucor ou encore poil de chat. Il s’agit d’un champignon dont les filaments duveteux se disséminent sur l’ensemble du fromage et sont couchés à la main, permettant à la croûte de prendre sa forme et à la pâte d’obtenir sa texture et son goût caractéristiques.


Le baroque pour les nuls

Immanquable au centre du village, l’église de Cordon, très sobre de l’extérieur, dresse son clocher à bulbe, si typique de la région. “Symbole des pays froids, le bulbe est aussi symbole de la renaissance”, explique Claire Tronchet, guide du patrimoine Savoie Mont Blanc.

Pour faire découvrir le décor étincelant à l’intérieur de l’église, cette passionnée a mis au point une visite un peu particulière : le baroque pour les nuls. Ne vous attendez pas à une visite classique didactique.

Lors de ce moment, particulièrement destiné au grand public et aux familles, on appréhende l’histoire du village et de l’église via une entrée en musique (baroque évidemment !), des rébus, des mots-clés tirés d’un sac, un jeu du pendu ou encore des documents secrets à dénicher dans l’église. Une façon ludique de s’initier à l’architecture et surtout de donner envie de pousser les portes de cette église dont le décor intérieur contraste si fortement avec la sobriété extérieure.

On apprend ainsi en jouant ce qu’est un tirant, système permettant de solidifier un mur, et qui ici se décline sous la forme de chiffres marquant la date de la construction de l’église, 1781, ou bien l’on devine le nom du peintre Joseph Léonard Isler, qui a peint à 32 ans les fresques de la coupole, en résolvant une charade.

L’église de Cordon © Thomas Farbos

Dernière église de décoration baroque au pays du Mont-Blanc

Érigée entre 1781 et 1787, l’église Notre-Dame-de-l’Assomption de Cordon est la dernière église de décoration baroque édifiée dans la région. Passé la porte, c’est l’opulence de son retable, œuvre d’art par excellence du baroque savoyard, qui saute aux yeux.

Il déploie un foisonnement d’ors et de polychromies sur un fond à dominance verte. “Les colonnes torses s’élèvent vers le ciel, on donne l’illusion du royaume des cieux”, commente Claire Tronchet.

Réalisé par des artistes piémontais de talent, le retable majeur comme les retables secondaires sur les côtés donnent une idée d’élévation et de mouvement, jusque dans les colonnes, parfois évidées, jouant avec les pleins et les vides. Ce sentiment est porté jusqu’aux fresques de la coupole, peintes par Isler, en trompe-l’œil.

Avec ses fenêtres hautes permettant à la lumière d’entrer et éclairer la décoration intérieure, l’église de Cordon est un exemple typique du baroque savoyard, qui a fleuri au fond des vallées de Maurienne, de Tarentaise et de la haute vallée de l’Arve.

Le retable de l’église de Cordon © J. M.  Barey

Naissance du baroque

Au milieu du XVIe siècle, pour faire face à la Réforme, initiée par Martin Luther et Jean Calvin, l’Église catholique réunit ses évêques du monde entier, à Trente, petite ville du nord de l’Italie, et élabore la Contre-Réforme. C’est dans ce contexte qu’émerge l’art baroque, art nouveau au service de la Réforme catholique. Rapidement, ce style d’abord sobre, laissant une grande place à la lumière, devient de plus en plus exubérant et grandiose et se couvre d’or. Il se retrouve dans tous les arts : architecture, sculpture, peinture mais aussi littérature, musique et même danse.


Explorer à pied ou à vélo le sentier du Baroque

Un itinéraire de 20 kilomètres au départ de Combloux (25 kilomètres au départ de Cordon) sur sentiers et petites routes permet de découvrir la richesse des édifices baroques alpins jusqu’à l’église Notre-Dame-de-la-Gorge, aux Contamines-Montjoie.

En balcon, ce circuit original met en lumière la façon dont la Savoie, alors indépendante, porte le renouveau du catholicisme. Le baroque alpin se caractérise par des extérieurs sobres et des intérieurs éclatant de couleurs et de dorure.

Vous trouverez sur le chemin l’église Saint-Nicolas-de-Véroce, avec son riche retable et ses voûtes, peintes au XIXe siècle, d’un bleu éclatant. Ces églises ont la particularité d’avoir été financées par les habitants, grâce notamment aux dons des colporteurs et de l’émigration savoyarde. Praticable à pied, ce sentier se prête particulièrement bien aux VTT musculaires ou électriques.

Les boucles du baroque

Le patrimoine baroque du territoire est également mis à l’honneur via “Les petites boucles baroques” offrant des parcours enfants (45 minutes) ainsi que familiaux (de 1 heure 30 à 2 heures). Sept circuits sont ainsi proposés pour découvrir le patrimoine baroque des villages Les Contamines-Montjoie, Combloux, Cordon, Megève, Passy, Praz-sur-Arly et Saint-Gervais. À chaque étape, qui explore une thématique différente (architecture, astronomie, peinture, musique, etc.), les familles les plus passionnées pourront collecter une pièce d’un jeu de société, et ainsi, après avoir couvert tous les parcours, le reconstituer en totalité.


Entretien

Place à la musique baroque cet été !

L’ensemble du Concert de l’Hostel Dieu lors du festival baroque au pays du Mont-Blanc © Pierre Duclos

Du 12 au 20 juillet 2025, pour sa 27e édition, le Festival baroque au pays du Mont-Blanc fera vibrer en musique dix églises baroques. Rencontre avec Franck-Emmanuel Comte, son directeur artistique, également à la tête, à Lyon, du Concert de l’Hostel Dieu et de la Trinité, nouvelle scène de musiques baroques et irrégulières.

Franck-Emmanuel Comte © Julie Cherki

Lyon Capitale : Qu’est-ce que la musique baroque ?

Franck-Emmanuel Comte : La musique baroque correspond au XVIIe siècle et à la première partie du XVIIIe. Elle s’apparente à un style jaillissant, dynamique, marqué de beaucoup d’ornements et est très liée à la danse. Elle s’inscrit après le style Renaissance et précède le style classique. Bach et Vivaldi sont les compositeurs baroques les plus connus.

Quelles sont les spécificités du Festival baroque au pays du Mont-Blanc ?

Le festival réunit le patrimoine architectural baroque et la musique, patrimoine immatériel, et contribue à animer le territoire au début de la saison touristique. Né à Cordon, il s’est rapidement ouvert aux communes environnantes et permet de faire découvrir un répertoire musical dans l’une des églises baroques du pays du Mont-Blanc.

Le festival est animé par l’idée d’itinérance, que l’on retrouve dans la programmation d’une musique qui se déploie sur deux siècles mais aussi à travers une balade baroque. Cette année, aux Contamines-Montjoie, le concert est précédé d’une balade accompagnée d’un guide du patrimoine avec des haltes musicales dans la nature.

Que sont les confidences du baroque ?

Précédant chaque concert, un rendez-vous est donné deux heures avant. Les confidences du baroque sont un moment d’échange précieux entre les artistes et le public avant le concert, où souvent j’interviewe les artistes sur leur parcours, leur métier, les œuvres qu’ils interprètent… Ce moment, qui donne des clés d’écoute, est très suivi et apprécié. Entre les confidences et le concert, souvent, les gens pique-niquent, ce qui donne une ambiance festivalière.

Quel est le lien avec le Concert de l’Hostel Dieu ?

Le Concert de l’Hostel Dieu est un ensemble basé à Lyon, que j’ai créé il y a trente-trois ans et qui a actuellement sa résidence à la chapelle de la Trinité. Il se produira le 16 juillet à l’église Saint-Michel, à Chamonix et le 17 juillet à Saint-Nicolas-de-Véroce.

Pratique

Où loger ?
• Le Cordonant, hôtel familial 3* avec superbe buffet de petit-déjeuner
lecordonant.fr/

• Le Chamois d’Or, hôtel 4* dans une tradition d’hôtellerie familiale
hotel-chamoisdor.com/

• Les Roches Fleuries, hôtel 4* dans une ancienne ferme restaurée
les-roches-hotel.com/

Où se restaurer ?
• So’Chris, pizzas et spécialités savoyardes au centre du village
Tél. : 04 50 18 59 58

• Chez Mireille, restaurant d’alpage à la cuisine distinguée et colorée
ledarbelin.com/

• Le Refuge, cuisine gourmande et traditionnelle dans un cadre naturel avec vue
lerefuge-cordon.fr/

Événements

• Chez Kévin, soirée piano bar et coiffure, tous les derniers jeudis du mois. Lieu convivial, ambiance assurée et rencontres multigénérationnelles

• Festival baroque au pays du Mont-Blanc, du 12 au 20 juillet 2025
festivalmontblanc.fr

Comment s’y rendre ?

• En voiture depuis Lyon, comptez 2 heures 30

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