Sarkozy se fait la main à Lyon avant la campagne

Improvisant une partie de son discours, le président de la République n'a pas pu s'empêcher de laisser transparaître le candidat derrière le président ce jeudi à Lyon. Il présentait ses vœux au monde économique au palais des expositions. Récit.

3 000 acteurs économiques des régions Rhône-Alpes et Auvergne se sont déplacés, ce jeudi 19 janvier, au vœux du président de la République au monde économique. Le palais des expositions lyonnais, pris d'assaut par des milliers de voitures, a mis deux heures à se désengorger après l'intervention présidentielle, en plein pic de pollution et chantier du tramway. Après une heure dans les embouteillages et un passage obligé par les portiques de sécurité alignés à l'entrée du palais, les invités, Jean-Michel Aulas (OL Groupe), Alain Mérieux (BioMérieux), Jean-Christophe Larose (Cardinal), Pierre Martinet (id.), Michel Noir, Dominique Perben, Gérard Collomb, Jean-Jack Queyranne pour ne citer qu'eux, ainsi qu'une foule d'anonymes ont écouté le "super-président" présenter son remède à la crise "qui frappe notre pays depuis trois ans".

Le vernis se craquelle

La mine grave, les cheveux grisonnants, gigotant à peine la jambe droite, basculant légèrement le bassin d'avant en arrière, Nicolas Sarkozy s'est vite assombri derrière son estrade. Il a remarquablement adapté son attitude au sens de son discours. A n'en pas douter, il habitait encore la fonction ce jeudi. Mais après avoir flatté l'ego de son auditoire : "dans une région qui incarne depuis des siècles l'excellence de la tradition commerciale française", "le deuxième bassin économique de notre économie", et après avoir dressé un constat pour le moins convainquant de la situation économique mondiale et européenne, le président a laissé craqueler le vernis pour laisser apparaître le candidat.

Se détachant du texte de son discours, Nicolas Sarkozy a improvisé en revenant sur son bilan depuis 5 ans à la tête de l'Etat. Applaudi pour la première fois par la salle qui n'attendait que cela, il a évoqué la réforme des universités avec des accents de campagne : "On m'avait dit, ne la fait pas, ça ne va pas marcher. Il suffisait de tenir, de résister. Évidemment si l'on recule chaque fois que trois personnes descendent dans la rue, on ne fait rien". "Encore ici, récemment, j'ai dû affirmer haut et fort qu'il n'était pas question que l'on prenne les vacances des Français en otage", le président faisait référence à la grève des agents de sureté, ce Noël, à l'aéroport Lyon-Saint-Exupéry.

Il oublie les émeutes d'octobre 2010

Le président a ensuite abordé le sujet de la réforme des retraites. Il a rappelé qu'avant celle-ci "on empruntait aux banques pour payer les retraites" en France. Il s'est félicité que "neuf manifestations , mais pas de violences" se soient déroulées en France à cette occasion, oubliant un peu vite les dégâts considérables enregistrés au centre-ville de Lyon en marge de la réforme des retraites, à l'automne 2010. Le président a préféré agiter le chiffon rouge en faisant référence "au Portugal et à la Grèce" où "ils ont dû affronter des manifestations avec violence parce qu'au moment où il fallait prendre des décisions difficiles, ils ne l'ont pas fait".

Revenant sur la dégradation du triple A français par Standard and Poor's vendredi dernier, Nicolas Sarkozy a relativisé cette perte, précisant qu'une autre agence "plus importante" n'avait pas jugé bon de dégrader la note française ce lundi. Il a affirmé qu'en pareille situation, c'était "le sang froid" qui comptait, se donnant une posture d'homme providentiel, seul capable de guider la France sur le chemin "du désendettement et de la baisse des dépenses publiques". Il a rappelé à ce titre qu'il avait su, "dès 2007, réduire le nombre de fonctionnaires, de 160 000 en 5 ans", par opposition aux menteurs "qui disent que l'on peut embaucher toujours plus de fonctionnaires et les payer plus", sous-entendu flagrant aux propositions du PS.

"Je travaillerai jusqu'à la dernière minute de mon mandat"

Après cette dérive partisane, Nicolas Sarkozy a terminé son intervention en reprenant sereinement ses habits de président, précisant qu'il proposerait, avec le Premier ministre, "des mesures d'urgence dans une dizaine de jours". "Je travaillerai jusqu'à la dernière minute de mon mandat" a-t-il promis sans toutefois convaincre les socialistes présents dans la salle. Gérard Collomb, le maire de Lyon, interrogé sur la question a estimé pour finir : "On peut trouver cela choquant que l'on puisse mener campagne avec les moyens mis à disposition par la République". Jacky Darne, le patron de la fédération socialiste du Rhône a lâché : "C'était un meeting de campagne !".

Lire aussi : Reportage Lyon Capitale TV

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